Vu du Pont

Texte, mise en scène, interprétation: une très grande réussite
Notre recommandation
5/5

Infos & réservation

Théâtre de l’Odéon
1 rue André Suarès
75017
Paris
0144854040
ATTENTION: dernière représentation, le 21 novembre

Thème

Un couple d’émigrés italiens à New York, Eddie et Béatrice, sans enfants, élève leur nièce Catherine, orpheline. Elle a grandi et commence à s’émanciper. Eddie ne supporte pas l’idée de voir cette jeune fille qu’il aime et qui donne sens à sa vie évoluer dans le monde dur dans lequel ils tentent de survivre : un quartier misérable, le monde des dockers… Il en laisse périr son couple. Deux cousins d’Italie, sans papier, débarquent. Le couple accepte de les héberger. L’un, Marco, est père de famille et cherche à nourrir sa famille restée en Italie. L’autre, Rodolpho, son jeune frère, rêve d’Amérique. Il aime la danse, la musique, il est blond et efféminé …. tout ce qu’il est, heurte profondément Eddie, le « père ». Le pire est envisageable…

Points forts

1 – Les interprètes : tous remarquables. Charles Berling et Pauline Cheviller sont exceptionnels.

Charles Berling (Eddie) incarne la simplicité et le courage du docker. Son corps se voûte et s’immobilise sous le poids de la passion qu’il voue à Catherine et qu’il ne peut formuler. Son abattement, son enfermement progressif sur lui-même est poignant.

Pauline Cheviller (Catherine), au fil de la pièce, déploie une fraîcheur et un enthousiasme qui laissent croire à un monde meilleur. Elle respire la vie et l’espérance.

Caroline Proust (Béatrice) est l’épouse italienne; elle exprime, en retrait, la simplicité, le sens du devoir et  porte à sa façon,  discrète, la situation de chacun des personnages et le drame qui se noue.

Nicolas Avinée (Rodolpho) et Laurent Papot (Marco), les deux clandestins italiens, sont avec justesse les deux faces du destin, ils incarnent en miroir la soumission et le rêve.

Alain Fromager (Alfieri, l’avocat) est le narrateur. Il est «  le pont » entre la loi américaine et les codes de l’honneur italien, entre le spectacle et le spectateur, entre ce qui vient de se passer et ce qui s’annonce. Juste observateur, il l’est avec une distance qui donne toute sa crédibilité à la scène.

2 - La mise en scène : épurée et millimétrée, sans décor autre qu’un scène transformée en ring, sans artifice autre que le Requiem de Fauré,  elle exprime pleinement, par la transformation des acteurs, l’inéluctable descente aux enfers, jusqu’à une scène finale hallucinante.

Quelques réserves

Il ne vous reste que peu de temps pour y courir...

Encore un mot...

Les bas fonds des docks de Brooklyn n’ont pas disparu. Ils se sont déplacés. Ils se sont rapprochés. Pour s’intégrer il faut plier, accepter, s’effacer... avoir peur. Comment alors accepter l’insouciance, la joie, l’Amour ? La Vie ?

Une phrase

"Un million de dollars que l’on t’a volé se retrouve plus vite qu’un seul mot que tu laisses échapper".

L'auteur

Arthur Asher Miller, dramaturge, écrivain, et essayiste américain, est né à New York dans une famille d’immigrés juifs d’origine polonaise (1915-2005). Il se tourne très jeune vers l’écriture : journaliste, auteur de pièces radiophoniques et de scénarios de film. Il a écrit plus de 20 pièces de théâtre dont les plus connues sont « Mort d'un commis voyageur » (1949), « Les Sorcières de Salem » (1953), ou « Vu du pont » (1955) qui sera traduite par Marcel Aymé; et une dizaine de romans et de scénarios dont celui des « Misfits » (les « Désaxés » de John Huston, avec Clark Gable et Marylin Monroe). Homme de gauche, il sera inquiété par le Maccarthysme. Miller est aussi connu pour son court mariage avec Marilyn Monroe.

 

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