Le Fantôme de l’Opéra
Composition : Marc Demais
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Thème
Un souffle rauque, des murmures inquiétants, une ombre furtive, des messages menaçants circulent de la scène aux coulisses de l’Opéra, inquiétant les artistes qui se préparent à la première de l’œuvre du directeur, M Firmin, Le Don Juan triomphant.
Dans sa loge, Christine Daaé, une jeune ingénue peu sûre d’elle et de sa voix, reçoit secrètement les conseils d’un « ange » masqué, chanteur virtuose et prétendant passionné. Le vicomte Raoul de Chagny vient assister à la représentation, afin d’entendre la voix d’ange de Christine, son amie d’enfance, dont il est amoureux.
Malgré les mises en garde de l’ouvreuse, madame Giry, Firmin ne croit pas à la menace et décide de lancer le spectacle. Dès lors, victime des sombres farces de l’irascible fantôme, la représentation va se transformer en cauchemar et le drame s’abattre sur le théâtre.
Points forts
De jolies voix, un dispositif scénique astucieux composé de blocs mobiles figurant tour à tour les loges, la scène et même l’arrière de la scène vu depuis les coulisses. La sobriété de ces éléments du décor en n’ajoutant pas une couche de kitsch à celui du lieu (le palais Garnier) et de l’époque (la Belle Epoque) est une véritable qualité du spectacle.
La mise en scène, vive et enlevée, ménage ce qu’il faut de frissons et de mystère, ajoutant aux sentiments amoureux une pincée de rire et des flots de lumière et de musique.
Quelques réserves
Las ! Hormis deux ou trois morceaux plus jazzy et rythmés, la musique est toute de sucre dégoulinant et de rose bonbon, semblant surgir de comédies musicales des années 70 inspirées par les images de la télé privée, faiblesse encore aggravée par la platitude presque grotesque de paroles dignes des pires incarnations de la “variétoche“ française dans les émissions de Guy Lux…
La danse qui, pour l’ouverture, met en appétit le spectateur, s’avère hélas bien trop rare.
Encore un mot...
Un fantôme de l’Opéra de plus ? Des films (ceux de Rupert Julian en 1925, d’Arthur Lubin en 1943, de Terence Fischer en 1962, de Brian de Palma en 1974 qui avec le très rock Phantom of the paradise, offre sans doute la meilleure adaptation cinématographique à ce jour, et enfin de Joel Schumacher en 2004), jusqu’à la célèbre comédie musicale londonienne d’Andrew Lloyd Webber qui, depuis1986, a attiré plus de 160 millions de spectateurs, le succès de cette œuvre ne se dément pas.
Un artiste défiguré et tourmenté, un directeur de théâtre peu scrupuleux, une jeune chanteuse ambitieuse et ingénue, des amoureux transis, des rivalités artistiques, un lustre tueur, un lac secret sous l’Opéra, tels sont les ingrédients qui assurent la longévité de ce joyau de la littérature populaire française.
Car Gaston Leroux est un illusionniste, réussissant à faire de ce roman de la mutilation, de l’amour déchiré, de l’échec et du doute, un voyage vibrant, mystérieux et atemporel entre deux mondes. Autant dire que cette comédie musicale ne tient pas les promesses d’une oeuvre qui vaut bien mieux que cela.
Une phrase
Erik : « Il faut m’aimer Christine, il faut m’aimer pour que ta voix s’élève, ne faire confiance à personne, je ne demande rien en retour que ton amour. »
Duo : « J’aime courir avec toi sur les toits, j’aime quand tu me confies ton émoi, j’aime ce ciel qui nous tutoie, j’aime tout ce qui rime avec toi. »
L'auteur
Avocat, Gaston Leroux fait ses premières armes de journaliste comme chroniqueur judiciaire au Matin, pour lequel il couvre les procès du terrorisme anarchiste et le procès Dreyfus de Rennes. Mais également “grand reporter“ au Matin et dans d’autres titres, il est un observateur avisé de l’Empire russe à la veille et pendant la révolution de 1905.
Cette expérience journalistique lui sert dès ses premiers romans (La Double Vie de Théophraste Longuet, 1903), même si c’est avec le Mystère de la chambre jaune (1907, signant la première apparition de Rouletabille) qu’il connait son premier grand succès, succès qui ne se démentira guère par la suite.
Attentif à la qualité littéraire de ses textes, doté d’une imagination et d’un goût pour l’onirisme, fasciné par les univers cryptiques, Leroux tient l’équilibre comme peu d’autres entre le roman à énigme et le romantisme noir, le policier et le fantastique.
- Cet équilibre délicat, le Fantôme de l’Opéra, paru en feuilleton dans Le Gaulois du 23 septembre 1909 au 8 janvier 1910, en est sans doute la plus pure illustration.
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