Démontagner
136 p.
28 €
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Thème
Ce roman graphique est un récit témoignage de la vie quotidienne d’un berger durant la dernière saison de transhumance. L’auteur l’a passée auprès d’un troupeau de brebis sur une estive des Pyrénées Ariègoises, nom donné aux alpages dans ce massif.
C’est la découverte de la solitude dans un univers naturel puissant, d’une relation de responsabilité constante face aux dangers, de très rares interactions marquantes avec d’autres humains, et d’un engagement concret et complet avec pour seule aide et compagnie celle du chien de berger.
Le découpage chronologique du récit montre les différentes étapes depuis la préparation de la montée en estive, l’installation et le cadre de vie spartiate, les occupations quotidiennes, entre multiples petits plaisirs et lourdes inquiétudes récurrentes au cœur d’éléments naturels parfois déchainés, jusqu’au retour au sein de la société humaine des villages du piémont puis de la plaine, retour qui donne son titre à l’album.
Points forts
L’auteur nous offre un ouvrage prenant.
Le dessin en noir et blanc est visuel, clair, efficace. Il donne une unité à l’ouvrage. Certaines vignettes relèvent de l’art des ombres chinoises ou des bois gravés.
La variété des mille expressions et postures, tant des brebis que du chien, est convaincante, et donne à l’ensemble une réelle vitalité.
Par des ruptures dosées de rythme, de cadrage, de plans et de mise en page, les déplacements des animaux, les dangers dans ces grands espaces et les caprices de la météo (soudains en montagne), ainsi que leurs conséquences, sont très bien rendus.
Les dialogues sont sobres mais précis. Les pensées du berger permettent de bien appréhender ses réelles conditions de vie et de travail.
Les moments comiques, tout comme le traitement concret des épisodes dramatiques, sont convaincants.
Le tout sonne juste parce qu’au-delà du talent du dessinateur, c’est du vécu qu’il nous dessine dans un environnement tout à la fois proche de nous et pourtant si dépaysant.
Quelques réserves
Aucune de ma part.
Une mise en animation de ces dessins et de ce récit, qui intégrerait donc les sons si spécifiques en haute montagne, serait certainement une très belle expérience.
Encore un mot...
La transhumance, qui remonte au moins à 4 000 ans, a été décrite par Fernand Braudel comme une « forme de nomadisme assagi », et se pratique dans de nombreux massifs montagneux du globe. L’UNESCO a reconnu cette pratique comme patrimoine culturel immatériel de l’humanité en décembre 2023. Quand pratiquée dans le respect des milieux naturels, ses externalités positives écosystémiques sont nombreuses et reconnues scientifiquement.
Loin des fables bucoliques, cet ouvrage montre, à petites touches, avec honnêteté et justesse, la réalité de la vie et des responsabilités d’un berger du XXIème siècle dans les montagnes d’altitude. Il nous donne l’occasion de nous interroger lucidement sur le rôle et l’avenir de cette pratique millénaire.
Une illustration
Une phrase
Maxim Cain écrit et dessine des bandes dessinées pendant l’hiver, après avoir, en été, gardé des troupeaux de brebis, puis de vaches, dans les Pyrénées Ariégeoises. Il a publié dans des fanzines et a été édité dans la revue Bento qui a reçu le Prix 2022 de la bande dessinée alternative décerné à l’occasion du festival international de la BD d’Angoulême. Avec Léo Duquesne, il a également publié La mer est calme comme un lac dans le bimensuel La Disparition. Pour la réalisation de cet ouvrage, Maxim Cain a été accueilli en résidence à la Villa Médicis à Rome, puis à la Maison des auteurs de la CIBDI à Angoulême, qui l’ont soutenu pour la qualité de son projet.
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