Gagner la guerre, Ciudalia, T1

Drôle, irrévérencieux, jubilatoire
De
Frédéric Genêt
Editions Le Lombard - 63 pages
Notre recommandation
4/5

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Thème

Kaellsbruck, capitale du Duché de Ganelon, assiégée par les Ouromands. Benvenuto Gesufal, membre des phalanges, armée sénatoriale de Ciudalia, s’apprête à assassiner d’un coup d’arbalète le voïvode Bela, venu négocier la reddition de la ville. En tuant le chef des assiégeants, il ruine toute possibilité de négociation et laisse le bailli de la ville dans un face-à-face unilatéral et sans issue avec le Podestat Ducatore. Celui-ci, obsédé par sa mission – recouvrer les cinq cent mille ducats que le duché doit à Ciudalia – s’est laissé enfermer dans Kaellsbruck avec le détachement militaire qu’il commande.

Ciudalia, « capitale du vieux royaume », 3 ans plus tard. Devenu tueur à gages pour la Guilde des Chuchoteurs, Benvenuto Gesufal retrouve son ami Welf, de retour de six mois de navigation aux limites du monde connu. Il lui apprend qu’un incident diplomatique menace la préservation des intérêts commerciaux entre la « république maritime » et son ennemi héréditaire, le royaume de Ressine. En outre, l’équilibre des pouvoirs au sein du système politique ciudalien s’étant rompu, tout semble précipiter vers une guerre inéluctable une cité sur laquelle plane l’ombre du Sénateur Ducatore, tout juste rentré d’exil.

Quelques heures plus tard, Benvenuto échappe d’un rien à traquenard mortel et se retrouve au cœur d’une intrigue où se joue l’avenir de Ciudalia. Seul, blessé, menacé de toutes parts, pourra-t-il sauver sa vie et empêcher la ville de plonger dans le chaos ?

Points forts

Ciudalia, c’est Benvenuto Gesufal. Dangereux, imprévisible, incontrôlable, bagarreur, coureur, escroc, menteur, voleur, cynique, gredin, malfrat, teigneux, assassin, roublard, tueur à gages, ruffian, « Don » Benvenuto Gesufal est tout cela. Un personnage ni recommandable ni encore moins fréquentable. Mais également malin,  séducteur, beau parleur, drôle, maladroit, charmeur. Impossible de résister à son charme de mauvais garçon. Benvenuto Gesufal est de la même espèce que les Han Solo, les Simon Ovronnaz, ces mauvais garçons sympathiques que l’on a envie d’avoir comme copains. Flirtant en permanence avec, voire empiétant avec allégresse sur, la ligne jaune, ils donnent à l’aventure le piquant de l’interdit et de la transgression.

Capitale d’un monde immémorial et fantastique, Ciudalia est un concentré de renaissance italienne mâtinée d’une pincée de politique vaticane. Ciudalia, c’est la Venise des Doges, la Florence de Medicis, le Milan des Sforza. On y intrigue, on y complote, on y trahit, on y ment, on y assassine. On y est aussi dénué de tout scrupule car seuls comptent l’argent et le pouvoir, leur conquête et leur préservation.

Ciudalia est bâtie sur le scenario de Jean-Philippe Jaworski et le dessin de Frederic Genêt. Que dire de plus du scenario qui n’a déjà été évoqué ? Que l’intrigue est superbement construite et les personnages immédiatement attachants ? Quant au dessin, sa clarté et son énergie servent magnifiquement le dynamisme de l’intrigue, tout en donnant identité et épaisseur à une superbe galerie de personnages.

Quelques réserves

Je n’en vois qu’un seul : ça passe trop vite. A peine l’album refermé, on a envie de connaître la suite et de retrouver tous les acteurs de l’histoire.

Encore un mot...

Ciudalia est une lecture jubilatoire truffée de mauvais esprit et d’immoralité assumés. Il n’y est question que des « grenouillages criminels » et des « affaires sordides de la République ». On n’y trouve que des « méchants » et des « mauvais » qui s’affrontent en toute impunité. C’est drôle, irrévérencieux, et, encore une fois, totalement jubilatoire.

Une illustration

L'auteur

- Bac Arts Plastiques, diplôme d’infographie enseignement du dessin, travaux d’illustration, mise en couleur occasionnelle pour le magazine Spirou puis pour les éditions Glénat… tout le parcours de Frederic Genêt semble le conduire inéluctablement vers une carrière dans la BD qu’il entame en 2003 avec la création de la série Mygala, éd. Nucléa en 2003, en partenariat avec Hean-François Di Giorgio, son ancien prof’ de BD. En 2005, ils créent également la série Samurai, éd. Soleil. Caressant le désir d’écrire de la fantasy réaliste, sa découverte de Gagner la guerre l’amène à contacter Jean-Philippe Jaworski pour l’adapter en BD.

- Professeur agrégé de lettres modernes, Jean-Philippe Jaworski est également auteur de jeux de rôles. En 2007, il publie un premier recueil de nouvelles de fantasy salué par la critique, Janua Vera, éd. Les Moutons électriques. En 2009, il publie chez le même éditeur son premier roman, Gagner la guerre. Là aussi, le succès est au rendez-vous. D’autres romans et nouvelles suivent – notamment Même pas mort, 2013, éd. Les Moutons électriques, premier tome de la trilogie Rois du monde.

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Scénario et dessins de Manu Larcenet