L’Ogre Acte I

La jeune fille et ses soldats seront victorieux.
De
Jean Dufaux, Juan Luis Landa
Ed. Glénat
104 p.
29 €
Notre recommandation
4/5

Infos & réservation

Thème

Pauvre pays de France… La guerre y fait rage depuis presque cent Ans. Deux rois, Henri VI et Charles VII, se disputent la couronne. L’Anglais occupe Paris. Le Français est à Chinon. Châteaux, villes et campagnes sont ravagés par les armées régulières, mercenaires, pillards, Armagnacs et Bourguignons… Pillage, vol et viols sont devenus monnaie courante.

Dans ce « pays dévasté » plane l’ombre de L’Ogre, homme et monstre à la faim insatiable. Tandis que les deux cours royales bruissent et complotent, il tue. Guillaume de Blamont est sur ses traces. Bernard de Gaulejac recherche son père. L’énigmatique Duc Noir veut briser la résistance française. 

Dans ce chaos et cette fureur apparaît Jeanne. Elle vient de Domrémy et veut bouter l’Anglais hors de France. 

Points forts

Le « grand » format de l’album est un pari gagnant. Il offre un superbe terrain de jeu au dessin de Juan Luis Landa qui livre quelques prouesses graphiques assez inédites : pages composées d’un dessin unique ; planches où, dans le dessin principal couvrant en arrière-plan l’entièreté de la page, est incrustée une vignette plus petite qui amène une cassure de perspective et un dynamisme inédit… Et que dire de la pureté et de l’élégance du trait et des couleurs, y compris pour brosser les scènes de grande violence ?

Le scénario de Jean Dufaux est à l’avenant. Il donne un sacré coup de jeune à la BD médiévale en revisitant avec brio des thèmes « classiques » : Guerre de Cent Ans, Armagnacs et Bourguignons, beauté et laideur, Jeanne d’Arc… Le plus bel exemple en est la façon dont sont entrelacées histoire et littérature au travers de l’improbable relation unissant Jaco, version revisitée du Quasimodo, et une Jeanne d’Arc furieusement modernisée aux faux airs d’Esmeralda. 

L’Ogre fourmille de références. Bien sûr, le Notre Dame de Paris, de Victor Hugo. La couverture et les scènes de batailles renvoient au Jeanne d’Arc de Luc Besson, sorti sur les écrans en 1999. L’évocation de la bataille d’Azincourt incite à (re)lire le jubilatoire Azincourt par temps de pluie, du regretté Jean Teulé, dont vous trouverez la chronique par Véronique Roland sur notre site : Critique Avis Azincourt par temps de pluie de Jean Teulé | Romans Culture-Tops. Pour en savoir plus sur la Guerre de Cent ans, procurez-vous de toute urgence l’incomparable La Guerre de Cent Ans, Jean Favier, éd. Fayard, 1980. Près de 800 pages qui allient rigueur historique et talent de plume et se lisent comme un roman policier !

Quelques réserves

Destins parallèles sans point commun apparent qui convergent vers un même lieu dont on pressent qu’il accueillera le dénouement de l’intrigue. Installation et montée en puissance progressive de cette dernière pour tenir le lecteur en haleine dans l’attente du prochain tome. Le procédé scénaristique est efficace, mais connu. 

Ce faisant, les auteurs créent malicieusement l’impatience du lecteur tout en se fixant un petit défi. Produire un second tome qui soit à la hauteur du désir qu’ils ont ainsi fait naître.

Encore un mot...

L’Ogre regorge de personnages auxquels les auteurs ajoutent une dimension humaine, sans doute un peu romancée, à une dimension historique très documentée. Je me suis régalé des « absences » de Charles VII héritées de son fou de père ; des problèmes de prostate de La Trémoille, grand capitaine et compagnon de Jeanne d’Arc ; de la paranoïa de la Reine-Mère, Isabeau de Bavière ; des pratiques satanistes de Catherine d’Alençon, sa dame de compagnie ; des tourments intérieurs du Duc Noir, version maléfique du célèbre Prince Noir… 

Une illustration

L'auteur

Une façon de se rendre compte de la place de Jean Dufaux dans le monde de la BD est de taper son nom dans le moteur de recherche de notre site www.culture-tops.fr et de voir le nombre de ses apparitions dans les notices biographiques des albums chroniqués. Afin d’être un peu plus complet, sans prétendre à l’exhaustivité, rappelons qu’après avoir démarré sa carrière dans le journalisme scénaristique, il se consacre pleinement à la BD à partir de 1983 en coscénarisant la série Brelan de dames aux éditions Le Lombard avec Renaud au dessin. Depuis… que des succès, ou peu s’en faut. Difficile de choisir parmi sa production qui aborde quasiment tous les styles et toutes les périodes. Vous pouvez néanmoins commencer par piocher parmi : Jessica BlandyGiacomo C.FoxComplainte des Landes PerduesDixie RoadDjinnMurenaNez de cuir

 Juan Luis Landa déroule un parcours original. Après des études de chimie métallurgique, il se lance dans l’illustration et les films d’animation. Il œuvre à de nombreux albums dédiés à la culture et aux personnages historiques basques. Il collabore ensuite à un journal basque, Egin, où il illustre les pages humoristiques consacrées à la politique basque. Il fait son entrée sur le marché européen de la BD avec le Cycle d’Irati, éd. Vents d’Ouest, 1996. Il partage ensuite son temps entre revues, livres pour enfants et BD : Arthus Trivium, sur un scénario de Raule, éd. Dargaud, 2016-2019 ; Chroniques de Roncevaux, en solo, éd. Glénat, 2021-2022.

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