Bella e Perduta

Une forme de catharsis
De
Pietro Marcello
Avec
Elio Germano, Sergio Vitolo, Tommaso Cestrone, Gesuino Pittalis
Notre recommandation
4/5

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Vu
par Culture-Tops

Thème

Sous les auspices de Polichinelle, médiateur entre le monde des vivants et celui des morts, le taureau Schiarapone raconte,à l’instant de rejoindre l’abattoir où il va mourir, comment le berger de Campanie, Tommaso Cestrone, le sauva quand il était encore petit et se battit sans compter pour restaurer de ses deniers un palais délabré du XVIIIème siècle servant de lieu de recel à la Camorra.

Points forts

- La découverte à travers l’humble et admirable berger Tommaso Cestrone, décédé d’une crise cardiaque durant le tournage, d’un homme d’exception, protecteur entêté et néanmoins philosophe des buffles tout autant que de l’agriculture et de la Culture comme éléments d’un tout.

- Une narration envoûtante, parfois déroutante… associant la fable sur le fond et le naturalisme des images à des documents d’archives afin de nous faire redécouvrir toute la richesse des mythes gréco-latins mais aussi  de la Comedia Dell’Arte, au cœur de nos racines archétypales.

- La dénonciation judicieuse des méfaits gangréneux de la Camorra comme d’une certaine conception mortifère de l’élevage “utilitaire”.

 Le sacrifice de Tommaso Cestrone (il est sans doute mort d’épuisement) est suivi par sa victoire posthume, à travers la restauration achevée du Palais Carditelllo, le retour des visiteurs et sa mise sous tutelle par l’Etat, entraînant subséquemment l’échec de la Camorra.

- La voix chaude d’Elio Germano pour incarner le taureau Schiarapone.

Quelques réserves

Son parti pris exigeant (mais pas cérébral). Inspiré du livre de Guido Piovene, « Viaggio in Italia » (« Voyage en Italie », éditions Flammarion, 1958), Bella e perduta s’offre à deux formes de spectateurs : d’abord ceux qui possèdent un minimum de culture gréco-latine acquise au collège durant nos études d’Histoire puis éventuellement complétée au fil des appétences littéraire, cinématographique et théâtrale de chacun. Mais aussi à ceux qui adorent découvrir pour se cultiver. Pas de quoi, donc, rebuter a priori les lecteurs de ces lignes. Mais certainement à déconseiller aux tenants du divertissement pur et dur.

Encore un mot...

Il existe un cinéma italien de qualité derrière celui de Nanni Moretti et Paolo Sorrentino, à la fois social et “politique” sans être partisan, empreint de réalité documentaire sans sacrifier le spectacle. Bella e perduta de Pietro Marcello en fait partie. Si on s’abandonne à sa tonalité quasi païenne, aux musiques de Cartellieri, Respighi et Scarlatti qui lui donnent vie et rythme et à l’anthropomorphisme nourrissant le récit et rappelant au finale, combien, selon le réalisateur, l’Italie est belle de ses paysageset perdue par son Histoire, on en ressort avec la sensation d’avoir côtoyé et restauré nos profondeurs. Ce que les Grecs appelaient la catharsis. C’est aussi ça, le cinéma. Et la qualité première de Bella e perduta.

Une phrase

" L’histoire de ce berger qui s’occupait du palais et sauvait des buffles d’un destin tragique n’aurait dû être qu’un épisode du film. Mais, au milieu du tournage, Tommaso est mort et il m’a paru important de suivre son histoire dans ce film, à travers la forme d’un rêve, d’un conte contemporain."

L'auteur

Réalisateur autodidacte, né à Caserta en 1976, Pietro Marcello étudie la peinture à l’Académie des beaux-arts puis débute en 2000 comme assistant réalisateur sur le documentaireGennarino, de Leonardo Di Costanzo, par ailleurs réalisateur de l’émouvant film de fiction L’Intervallo (1012). Après avoir travaillé pour la radio et réalisé ses premiers courts métrages, Marcello tourne de nuit, en 2007, son premier documentaire, Il passagio della linea, sur les trains express italiens. S’ensuit La bocca del luppo, sorti en France en 2010, portrait d’un gangster Sicilien multirécidiviste qui trouve l’amour en prison et une forme de salut grâce à la poésie, film récompensé dans denombreux festivals internationaux. En 2011, sort sur les écransIl silenzio di Pelešjan, sur le réalisateur d’avant garde Artavazd Pelešjan.

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