Bohemian Rhapsody

Freddy Mercury ressuscité
De
Bryan Singer
Avec
Rami Malek, Lucy Boynton, Aaron McCusker
Notre recommandation
4/5

Infos & réservation

Thème

C’est un film sur le destin d‘un chanteur iconique…

En 1970, dans une boite obscure de Londres, le groupe Smile perd son chanteur. Un  jeune homme, né à Zanzibar, nommé Farrokh Bulsara, vient proposer de le remplacer. Il est timide, affublé d’une dentition impressionnante,  complètement inconnu, mais… il a une voix de ténor du tonnerre, une technique de chant ahurissante et une conception du rock très personnelle qui sort de tout ce qui se fait à l’époque…Smile devient Queen; le jeune interprète, qui est aussi auteur, compositeur et pianiste, Freddy Mercury…

Bohémian Rhapsody  va  retracer  son fabuleux parcours, depuis ses débuts  jusqu’à son concert triomphal du Live Aid, le 13 juillet 1985 au Wembley Stadium. 

Très bien documenté,  il ne va faire  l’impasse sur aucun des aspects de sa vie hors norme, ni sur ses excès,  ni sur ses exigences, ni sur ses extravagances vestimentaires, ni sur sa passion pour les chats, ni sur son caractère tour à tour ombrageux, euphorique, tendre et capricieux, ni sur sa bisexualité, ni, non plus sur le Sida qu’il se découvrira dans les années 80 et contre lequel il se battra comme un lion jusqu’à sa fin, le 24 novembre 1991.

Points forts

- Il y a, d’abord, la performance de Rami Malek qui joue Freddy Mercury. La métamorphose de l’acteur laisse bouche bée. Presque au sens propre du terme. Comment l’interprète du hacker dépressif de Mr Robot a t-il pu entrer dans la peau de celui qui fut, sans aucun doute, le rocker le plus « extra-ordinaire » du XXème siècle et qui, d’ailleurs, n’a toujours pas été égalé au XXIème ?

Le comédien ne s’est pas contenté de se glisser dans les tenues folles de son personnage, ni de jouer avec un appareil qui lui en donne les mêmes dents de lapin, ni non plus d’étudier avec un coach, pendant des heures et des jours et des semaines, sa gestuelle, il s’est astreint aussi, surtout, à essayer de le comprendre del’intérieur. « J’ai mis de côté, a-t-il dévoilé, ses talents de showman, de chanteur et de pianiste, et j’ai découvert un homme très complexe, qui, sous son extravagance, dissimulait une incroyable sensibilité ». Combien de temps d’efforts et de réflexion lui a t-il fallu pour en arriver là ? Peu importe au fond, puisque le résultat est là, sidérant de vérité.

- Si Rami Malek époustoufle, le reste de la distribution, aussi. Quel casting ! Lucy Boynton incarne avec un engagement douloureux Mary Austen, le seul grand amour féminin de Freddie Mercury. Quant à Gwylim Lee, Ben Hardy et Joe Mazello, qui jouent les musiciens de Queen, ils soutiennent tous les trois la comparaison avec leurs modèles, dont deux sont encore vivants et à l’origine de ce biopic.

- Sur le plan scénaristique, le film passionne. Porté, rythmé par la musique de Queen, il dévoile des côtés inédits de la personnalité de Mercury (par exemple ses relations à la fois conflictuelles et respectueuses avec ses parents). Il montre aussi le processus  créatif du groupe, son intransigeance artistique et surtout, son souci constant du public.

- Remarquable également est  le soin apporté à la réalisation, particulièrement à la reproduction des concerts, notamment celui de 18 minutes donné au stade de Wembley pour lever des fonds contre la famine en Afrique et qui est ,ici, le bouquet final du film

Quelques réserves

Faut-il tenir compte d’une partie de la critique anglo-saxonne qui trouve ce biopic, trop lisse, trop linéaire, trop conventionnel, trop « extérieur », trop ceci et cela ? « Un juke-box musical » a même osé écrire le Irish Times.

Il faut parfois savoir ne pas écouter la critique (toujours si aisée) et aller juger par soi même, au risque de sortir… emballé.

Encore un mot...

Voir portée à l’écran la vie si tumultueuse et  si extravagante du créateur de ces tubes interplanétaires que furent et  sont encore aujourd’hui, We are the champions ou We will rock you ou encore Somebody to love… On bouillait d’impatience et de curiosité. D’autant qu’on se demandait qui serait assez gonflé pour se glisser dans la peau d’un artiste légendaire, encore idolâtré vingt-sept ans après sa mort…

N’en déplaise aux grincheux, il faut admettre que ce  Bohemian Rhapsody   (titre emprunté à l’un des plus grands succès du chanteur et de son groupe) est à la hauteur de cette attente. La forme de ce biopic est un peu  (trop) conventionnelle ? On le concède, mais ce (très) léger bémol est étouffé par la force du  scénario qui non seulement explore tous les aspects de la personnalité de son héros, mais aligne très intelligemment une multitude de tubes du plus grand groupe rock de tous les temps (à mon avis...).

Les images sont magnifiques, les reconstitutions de concerts, stupéfiantes. Et puis, surtout, il y a la formidable, l’incontestable interprétation de Rami Malek.

Une phrase

« Quand tu te prépares à jouer le rôle de Freddy Mercury, tu te dis « comment je vais faire pour entrer dans sa peau ? »… C’est une immense  responsabilité, que j’étais pourtant pressé d’assumer. Il n’était pas question d’imiter Freddie, mais plutôt d’être capable de comprendre pourquoi il faisait ce qu’il faisait » (Rami Malek, comédien).

L'auteur

Passionné de cinéma depuis sa plus tendre enfance, Bryan Singer, né le 17 septembre 1965 à New York, commence par étudier à la School of Visual Arts. Ayant achevé sa formation à l’Université de Caroline du Sud il passe professionnel en réalisant d’abord un film d’entreprise, puis, en 1988,  Lion’s Den, un court- métrage de 26 minutes sur la vie de cinq lycéens. 

Devant le succès de ce petit film en 1993, il se lance dans le long avec Public Access, qui obtient plusieurs prix notamment celui du Jury au festival de Sundance. La consécration internationale lui viendra deux ans plus tard avec Usual Suspect, un thriller déroutant qui vaudra à Kevin Spacey l’Oscar du meilleur second rôle. Dans les années qui suivent Singer qui est aussi scénariste et producteur n’arrêtera plus. En 1998, il signe Un élève doué,  encore un thriller, et deux ans plus tard, le premier film de la saga X-men.

Le second volet, qui sort en 2002, sera encore plus performant au box-office. 

Parmi les autres films de ce boulimique, qui tourne aussi beaucoup pour le petit écran: en 2013, Jack le chasseur de géants, son premier film en 3D, puis en 2014, X-Men : Days of Future Past.

La même année, une plainte est déposée contre lui par un adolescent pour abus sexuels. C’est le début de ses ennuis. Sur le plateau de ce Bohemian  Rhapsody  des tensions se font jour. Il doit abandonner le tournage (qui sera finalisé par Dexter Flecher). Le scandale Harvey Weinstein éclate. Le cinéaste, qui s’est toujours déclaré bi-sexuel, est renvoyé par la Fox.

Et aussi

En Liberté de Pierre Salvadori- Avec Adèle Haenel, Pio Marmaï, Audrey Tautou

Tous les soirs, pour l’endormir, Yvonne, inspectrice de police, raconte à son fils, les exploits  de son flic de père mort en héros au cours d’un combat très spectaculaire contre des truands. Mais un jour elle découvre que non seulement, en fait, son homme  était un ripou, mais qu’en plus il avait fait condamner un  innocent.  Quand après huit ans de taule, ce dernier, un dénommé Antoine, retrouve enfin la liberté, Yvonne va chercher à l’aider, sans se dévoiler. Entre une femme rongée par la culpabilité et un ex-taulard décidé à faire payer  la société pour ses injustes années de prison, forcément, la rencontre va être explosive. Il va s’en suivre un chassé-croisé tour à tour frénétique, amoureux, burlesque, romantique, délirant et, au final, très poétique.

 Scénar malin, résultat d’un croisement entre polar et comédie,  situations surréalistes, répliques  brillantes, et surtout duo d’acteurs irrésistible,  qui confronte  le registre  grave d’Adèle Haenel  à  celui toujours inattendu  de Pio Marmaï  (ici plus qu’excellentissime)…On comprend qu’ En Liberté ait été acclamé  en mai dernier à Cannes, à la Quinzaine des réalisateurs.

Avec ce neuvième film conçu en forme de déclaration d’amour au cinéma et qui mêle burlesque, désenchantement et ironie Pierre Salvadori confirme qu’il est -à mon avis- le meilleur réalisateur français de comédies.

Recommandation : EXCELLENT

 

Le grand bal de Laetitia Carton.

C’est l’histoire d’un bal, un bal populaire qui, chaque année depuis 30 ans,  se déroule pendant sept jours et huit nuits  à Gennetines, dans l’Allier, et qui attire plus de 2000 personnes accourues de toute l’Europe… Au début on s’interroge sur l’ intérêt d’aller regarder des gens  anonymes qui dansent et dansent encore en bravant leur fatigue jusqu’à épuisement de leur corps ?

 Mais très vite,  contre toute attente, on va prendre un plaisir fou, presque inexplicable  à regarder ces danseurs, solitaires ou accouplés ou  groupés, qui viennent là pour le plaisir d’être ensemble, de rire et de partager. De leurs échanges et de leurs déplacements sur les planchers de bois  vont  surgir une grande poésie, beaucoup de douceur et une bienveillance dont on peut prendre de la graine. La caméra glisse  avec fluidité  et sensualité entre les corps en mouvements. La beauté advient. On est  transporté dans un monde à la fois  presque idéal, et pourtant très humain, très concret aussi, comme au cœur de la vie…

Recommandation : BON

 

Touch me not d’Adina Pintilie -Avec  Laura Benson, Tomas Lemarquis, Adina Pintilie…

Entre réalité et fiction, ce premier film de la réalisatrice roumaine Adina Pintilié suit un  parcours intime. Celui d’une femme, Laura (l’actrice britannique Laura Benson, étonnante) qui, arrivée au mi-temps de sa vie, va soudain chercher à comprendre pourquoi elle a toujours refusé d’être, physiquement, touchée. Sa quête va l’amener à rencontrer des personnages de toutes sortes, et à assister à des expériences sensorielles et sexuelles  très fortes,  souvent hors des schémas traditionnels.

La caméra d’Adina Pintilie  va l’accompagner partout, jusque dans des boites échangistes et des clubs sado-maso, où tous les corps même les plus handicapés sont acceptés.

C’est à la fois sensuel, audacieux et dérangeant. Filmées de façon très clinique, certaines séquences, très crues, peuvent choquer. Ce film expérimental, formellement très beau avait provoqué un tollé en recevant, contre toute attente, l’Ours d’or au dernier festival de Berlin.

Recommandation : EXCELLENT, ou BOF, selon les sensibilités...

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