The Brutalist

En racontant dans une fresque de 3h 20 la vie aux Etats-Unis d’un architecte rescapé de la Shoah, Brady Corbet a mis le monde du cinéma à ses pieds. Il y a de quoi !
De
Brady Corbet
Avec
Adrien Brody, Felicity Jones, Guy Pearce, Joe Alwyn…
Notre recommandation
5/5

Infos & réservation

Thème

Rescapé des camps de concentration, un architecte visionnaire juif hongrois, Laszlo Toth (Adrien Brody) débarque aux Etats-Unis en 1947. En quête d’une nouvelle vie, il va proposer ses services à un cousin installé à Philadelphie et chez lequel il va végéter quelque temps. La chance semble enfin lui sourire lorsqu’il rencontre  Harrison Lee van Buren (Guy Pearce), un (très) riche industriel qui l’engage pour un projet architectural hors-norme.

Après un entracte  de 15 minutes, le film redémarre, qui va montrer les difficultés d’un créateur juif, aussi génial soit-il, qui vient travailler pour la haute bourgeoisie protestante américaine. Lazlo Toth va devoir avaler des couleuvres, à peine consolé par le fait que sa femme, la fragile Erzsébet (Felicity Jones) soit venue le rejoindre avec leur nièce Zsófia ( Raffey Cassidy). Pour tenir le coup, il va sombrer dans la drogue. De plus en plus critique vis à vis du capitalisme triomphant, à la fois xénophobe et antisémite, le film va devenir étouffant, de plus en plus dramatique…

Points forts

  • L’ambition du scénario. Brady Corbet a vu les choses en grand, et, pour prévenir tout compromis, solitairement : « J’écris tout seul, dit-il Au cinéma, comme en littérature, un seul auteur suffit ». Son histoire ne se limite pas aux difficultés de carrière d’un génial architecte hongrois (totalement inventé). Elle lui sert de socle pour parler du déracinement, du mépris des ultra-capitalistes pour les plus défavorisés, de la misère, de la solitude, de la toxicomanie, et au-delà, des interrogations, parfois douloureuses, que suscite la création.

  • La facture du film. Tourné dans un format rare (la Vistavision, qui date des années 50), il est d’une mise en scène sidérante de virtuosité et d’une photographie d’une beauté incroyable. Tous les plans sont d’une maîtrise éblouissante. La première séquence, qui nous fait passer de l’intérieur d’un bateau envahi d’hommes en fuite à l’apparition, dans un ciel azur, de la Statue de la Liberté, filmée, à l’envers, au large de New York relève du chef d'œuvre. Un détail qui a son importance puisque le rêve américain du héros du film, Laszlo Toth, finira en cauchemar.

  • Évidemment l’interprétation est impeccable, Adrien Brody en tête qui est fascinant dans son personnage d’architecte juif torturé et rescapé des camps. Comme il avait sidéré voilà 23 ans dans le  rôle-titre du Pianiste de Roman Polanski, qui lui avait valu un Oscar. 
    On murmure que ce rôle de Laszlo Toth pourrait d’ailleurs valoir à Adrien Brody une deuxième statuette, la chipant aux autres prétendants, dont Timothée Chalamet. Il ferait coup double, puisque le 5 janvier dernier, il a déjà raflé un Golden Globe pour ce rôle.  

Quelques réserves

Par-ci, par-là, un montage de scènes un peu obscur. Et, puis aussi, tout le long du film, un manque (volontaire) d’émotion.

Encore un mot...

On ne le savait pas encore en France puisqu’aucun de ses deux précédents films n’y avait  encore été projeté, mais par  ce monumental et vertigineux The Brutalist, Brady Corbet confirme qu’il est  actuellement, et malgré son jeune âge (36 ans), un des cinéastes les plus passionnants. Tout dans son film, tourné en pellicule, captive : fond, forme, interprétation. Ses 3h20mn d’une intelligence folle et d’une beauté ensorcelante  filent à la vitesse de l’éclair. Hollywood ne s’y est pas trompé, qui a nommé cette fresque majeure dans 10 catégories aux Oscars.

Une phrase

« Un peu comme Brecht, Brady Corbet ne vous laisse pas vous installer dans le confort d’une œuvre à la beauté prévisible. A un moment, il aime rappeler au public qu’il regarde une construction artificielle et il vous stupéfie en vous privant de la jolie conclusion que vous attendiez. Il vous force à y repenser longtemps après la projection » (Felicity Jones- Comédienne - Le Point - 6 février 2025)

L'auteur

Né le 17 août 1988 en Arizona aux Etats-Unis, Brady Corbet est acteur et réalisateur.

Il a commencé sa carrière dès l’âge de 12 ans en jouant dans des séries diffusées sur des télévisions américaines. Il s’est fait connaître ensuite au cinéma pour ses rôles dans Thirteen de Catherine Hardwicke, Mysterious Skin de Gregg Araki et de Thunderbirds de Jonathan Frakes. Mais c’est en 2008 qu’il atteint la notoriété  en interprétant un des deux  adolescents preneurs d’otage dans le remake américain de Funny Games de Michael Haneke. Il commence sa carrière de réalisateur en 2015 avec L’Enfance d’un chef (The Childhood of a leader). En 2018, c’est  Vox Lux , avec Natalie Portman et Jude Law. Dédié à  la mémoire de Jonathan Demme, ce film musical sur l’histoire d’une star de la pop est présenté en compétition à la Mostra de Venise 2018.

En 2024 , son troisième film, The Brutalist, qui sort aujourd’hui sur les écrans français, a remporté à l’unanimité le Lion d’argent du meilleur réalisateur. Il est aujourd’hui en lice pour les Oscars, nommé dans 10 catégories, dont celle du meilleur acteur pour Adrien Brody 

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