CAPITAINE THOMAS SANKARA

Afrique: lumières et ombres
De
Christophe Cupelin
Notre recommandation
3/5

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par Culture-Tops

Thème

Alternant interventions publiques, interviews et images d’archives souvent inédites, le portrait et la carrière du capitaine Thomas Sankara, Président de l’ex Haute-Volta qu’il rendit indépendante sous le nom de Burkina Faso (littéralement “Pays des hommes intègres”), après son coup d’Etat de 1983.Il fut assassiné  au cours du coup d'Etat  dirigé par Blaise Compaore en 1987.

Points forts

- Dramaturgiquement, un récit historique aussi tragique que parfait avec un leader charismatique soutenu par son peuple, des alliés qu’il indispose par sa liberté de penser et un traître qui était son meilleur ami.

- Les extraits de l’émission que lui consacrèrent le 23 février 2002 Patrick Pénost et Monsieur X sur France Inter, accusant ouvertement François Mitterrand d’avoir conçu l’assassinat de Sankara. Qu’on approuve ou pas la thèse, elle rend savoureuse les images d’actualité montrant le visage fermé du Président français à chacune de leurs rencontres.

- La capacité qu’eut cet homme d’Etat à s’agréger les peuples opprimés autant qu’à irriter les dirigeants de tout poil.

-  La découverte d’un leader visionnaire (appels contre la désertification et la déforestation), proche de son peuple, honnête (il gagnait 230 euros par mois), moderne (il prônait l’égalité hommes/femmes, l’arrêt de l’excision, la lutte contre l’analphabétisme, l’autosuffisance alimentaire…).

Quelques réserves

Un récit hagiographique nécessitant du recul. Certaines décisions furent ambivalentes. Exemples: quand Sankara abolit le scrutin secret au profit de celui à bras levé, “car un bulletin écrit ça n’a aucun sens pour un peuple à 90% analphabète”; ou quand il côtoyait Khadafi, car il se sentait suffisamment raisonnable pour ne rien avoir à en craindre; voire quand il lui “vola” un Boeing 727 alors que le Burkina Faso n’avait ni pilotes ni infrastructures... 

On peut néanmoins penser qu’après seulement 4 ans d’exercice du pouvoir, le bilan de Thomas Sankara devait être proche de celui présenté ici.

Encore un mot...

Un rappel passionnant à l’histoire de ce pays. 

Blaise Compaoré, l’assassin de Sankara, à démissionné en 2014, après 27 ans de pouvoir, à la suite d' une émeute populaire sans effusion de sang. Le soutien de François Hollande que reçut ce dernier pour gagner la Côte d’Ivoire résonne cruellement des avatars de la Françafrique, prégnante dans ce documentaire. Dernier rebondissement : l’actuel Président de la Chambre des Députés, Claude Bartolone, a rejeté la proposition d’ouvrir une enquête parlementaire sur le rôle de notre pays dans la mort de Sankara.

Une phrase

“Je veux parler au nom de tous les laissés-pour-compte, parce que je suis homme, et que rien de ce qui est humain ne m’est étranger”. Thomas Sankara (Discours à l’ONU le 04/10/1984).

L'auteur

Christophe Cupelin est né à Genève en 1966. En 1985, il découvre la révolution burkinabe lors d’un voyage sur place. C’est un choc. Il tourne ses premières images, étudie le cinéma à l’école supérieure d’art visuel à Genève puis co-fonde le Laïka Films tout en étant directeur du Cinéma Spoutnik, à Genève, de 1991 à 1994. Suite à l’émergence d’archives secrètes, en 2007, il réalise  Capitaine Thomas Sankara en 2012, son 1er long-métrage. Récompensé par le Prix du Public au Black movie Film Festival en 2013.

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