Diane a les épaules

Le premier film sur la GPA, un pari culotté et gagné !
De
Fabien Gorgeart
Avec
Hesme, Fabrizio Rongione, Thomas Suire, Grégory Montel
Notre recommandation
4/5

Infos & réservation

Thème

Diane (Clotilde Hesme) est une femme libre, impulsive, heureuse et généreuse. Par amitié pour Thomas (Thomas Suire) et Jacques (Gregory Montel), ses meilleurs amis, elle a accepté de porter leur enfant.

Bien sûr, cette grossesse ne se passera pas avec l’insouciance et le détachement qu’elle avait prévus. D’abord elle rencontrera un homme, Fabrizio (Fabrizio Rongione), dont elle tombera amoureuse, (et allez donc avouer à votre nouveau chéri que vous avez prêté votre utérus pour que vos deux meilleurs copains réalisent leur rêve de paternité !). Ensuite, elle même, ne pourra rester insensible à ce ventre, qui s’arrondit et qui, un jour, se met à bouger… 

Les mois de la grossesse de cette mère par intérim vont se dérouler entre interrogations, folle gaité et émotion à peine contenue…

Points forts

- D’abord, saluons le culot de Fabien Gorgeart qui a décidé de mettre au cœur de son premier film un sujet ultra-sensible, jamais encore abordé frontalement dans le cinéma français, celui des mères porteuses.

- Le traitement cinématographique d’un sujet fort « accouche » parfois d’ une œuvre caricaturale. Il a donné naissance ici à un petit bijou de subtilité. 

Dans Diane a les épaules, tout est traité avec autant de légèreté  (dans le ton) que de profondeur (dans les sentiments et les questionnements). Une femme est là, qui s’interroge  sur les traces émotionnelles que laissera en elle l’arrachement de l’enfant qu’elle aura porté, en essayant de nier, jusqu’au bout, ce sentiment qui s’appelle l’instinct maternel… Un homme est là, qui assume d’accompagner une femme jusqu’à son accouchement, comme s’il allait être père, alors qu’il n’est pas concerné… Deux hommes sont là, aussi, qui vont essayer d’apprendre à se glisser dans la peau des parents d’un bébé qu’ils n’auront pas pu faire… Il y a donc ces quatre là, qui vont se croiser, se heurter, rire, s’embrasser, pleurer et se parler, en explorant, sur le fil de leurs vies, des problèmes aussi délicats que la parentalité, la maternité, la paternité, l’amitié etc..

- Le film s’intitule Diane a les épaules; on aurait difficilement trouvé plus judicieux tant, il repose sur le personnage de son titre. Diane, une femme solaire, rigolote, fine mouche, sensuelle, un peu garçonne aussi (parce qu’il faut bien se défendre !), et aussi follement compassionnelle. Cette Diane là, pour peu qu’on aime les beaux portraits de femme vaudrait à elle seule le déplacement! D’autant qu’elle est ici magnifiquement interprétée par une Clotilde Hesme à mille lieues de ses personnages habituels.

- Il serait injuste de ne pas citer, pour leur grande justesse, les comédiens qui l’entourent, Fabrizio Rongione, Thomas Suire et Grégory Montel.

Quelques réserves

Il est difficile de trouver des défauts à ce film subtil en plein dans le mille de l’actualité. Le seul point qui pourrait le desservir est son sujet même. Il n’intéressera évidemment pas les opposants à la GPA !

Encore un mot...

Un film qui traite de la GPA, qui va explorer les problèmes collatéraux que celle-ci soulève (notamment la naissance d’états émotionnels incontrôlables et inédits) et qui réussit à aborder tout cela sur le ton de la comédie, avec finesse,  sans jamais porter de jugement moral… Diane a les épaules mérite tous les éloges. 

Pour son coup d’essai dans le long métrage, Fabien Gorgeart réussit un coup de maitre. Et il nous fait la surprise d’une Clotilde Hesme drôle, piquante, attachante, craquante.

Une phrase

« (Dans ce film), Clotilde Hesme est à mi-chemin entre une héroïne rohmérienne et le Lieutenant Ripley (Alien). C’est notre Sigourney Weaver ! Elle est extrêmement belle, et en même temps, cela n’a aucune importance. Clotilde est une actrice à la fois très technique, précise et capable d’un grand lâcher prise. Dans une même séquence, elle peut être à la limite de l’expressionnisme, pour revenir à plus de naturel ». (Fabien Gorgeart, réalisateur)

L'auteur

Elevé par une mère assistante maternelle pour la DDASS et un père routier avec lequel il sillonna l’Europe, Fabien Gorgeart  a grandi en Bretagne.

C’est après le bac qu’apparaît son désir de cinéma. Il fait d’abord une escale au théâtre en mettant en scène et en jouant City Silence, un hommage au cinéma burlesque, sa première passion. Parallèlement, il suit à Paris 3 des cours d’analyses filmiques. En 2007, il se lance, et réalise son premier court métrage, Comme un chien dans une  église, avec, déjà, Fabrizio Rongione. Quatre autres suivront dont, en 2012, Le Sens de l’Orientation, qui obtient le prix du jury au festival de Clermont-Ferrand; et en 2013,  Un Chien de ma chienne, pour lequel il rencontre  et engage Clotilde Hesme, l’actrice fétiche de Christophe Honoré. C’est pour elle qu’il décide de se lancer dans l’écriture d’un long métrage.

Ce sera ce Diane a les épaules. Jusqu’à présent, dans tous les festivals où il a été projeté en avant première, ce film  a reçu un accueil chaleureux.

Et aussi

1 Maryline de Guillaume Gallienne, avec Vanessa Paradis et Adeline d’Hermy

 Qu’est-ce qu’une actrice, une véritable actrice, une de celles qui déclenchent des frissons au moindre battement de cils, qui bouleversent et chamboulent à la première réplique?

Pour son deuxième film,  après Les Garçons et Guillaume, à table !, le  Sociétaire de la Comédie Française Guillaume Gallienne essaie de répondre à cette question, à travers ce Maryline, le portrait très sensible d’une comédienne à fleur de peau, à la fois incapable d’exercer un autre métier que celui d’interprète, et en même temps dévorée, brûlée par lui. 

La caméra suit Maryline depuis son enfance malheureuse dans une campagne française  jusque dans ses  douloureuses années d’apprentissage à Paris, ses castings humiliants et ses premiers pas sur les planches, si stressants pour elle. 

C’est beau, poignant, édifiant, théâtral aussi par moments (mais tant mieux !), et c’est joué formidablement par des interprètes hors pair, dont Vanessa Paradis et  de nombreux acteurs Français.  

C’est surtout porté par une actrice vertigineuse, comédienne Française elle aussi, Adeline d’Hermy. Adeline d’Hermy dont on se dit qu’il n’y avait qu’elle pour tenir ce rôle là. Une révélation !

                     RECOMMANDATION : EXCELLENT

 

 2 « M » de et avec Sara Forestier et avec Redouane Harjane et Jean-Pierre Léaud

 On connaissait le tempérament d’actrice bouillonnant de Sara Forestier, découverte, en 2004, dans L‘Esquive (César du meilleur espoir féminin), et sacrée, en 2010 , César de la meilleure actrice pour Le Nom des gens. Devenir réalisatrice n’a pas assagi cette explosive interprète. Pour son premier film, dont le titre, M, claque comme un cri, elle nous livre une histoire d’amour sauvage, sensuelle, déjantée entre une jeune bègue mutique et Mo, un voyou ténébreux, qui cache son analphabétisme sous une brutalité qui n’est pas que de façade. 

Son film, traité comme un conte cruel  et romantique sur les exclus de notre société, n’est pas sans défauts. Mais ces défauts sont aussi ceux de ses qualités. S’il déborde, c’est par rage de convaincre. Sara Forestier est toute entière dans ce M qui chamboule et laisse pantois !

                    RECOMMANDATION : EXCELLENT

 

 3  Le Semeur de Marine Francen, avec Pauline Burlet, Alban Lenoir, Geraldine Pailhas...

 Des hommes enlevés de force par des soldats de l’armée Bonapartiste...Nous sommes en 1852, dans un village de la montagne française. Pour survivre, les femmes, restées seules, vont devoir s’organiser. Moissons, travaux de la ferme… C’est dur. 

Un jour, elles se font une promesse.  Pour repeupler le village et, aussi, combler leurs manques et leurs frustrations, elles se partageront le premier homme qui  reviendra… Mais le sexe n’est pas qu’une question d’hygiène…

Pour son premier film, adapté de la nouvelle L’Homme et la semence, de Violette Ailhaud, Marine Francen a choisi de privilégier l’esthétisme à la psychologie. Son film, dont chaque image semble sortir d’un tableau peint à l’huile, en à-plat, est splendide, mais il pêche  par son manque de profondeur et de sensualité. Reste son sujet qui passionne, et son interprétation, emmenée par deux  excellents comédiens Pauline Burlet et Alban Lenoir.

                       RECOMMANDATION : BON

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