Eddie the Eagle

L'art de se mettre le spectateur dans la poche
De
Dexter Fletcher
Avec
Taron Egerton, Hugh Jackman, Christopher Walken, Keith Allen
Notre recommandation
4/5

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Thème

Aussi gauche que doué d’une farouche volonté, Eddie Edwards rêve de jeux olympiques depuis son enfance. Il se met en tête de réussir dans le saut à ski, où plus aucun Anglais n’a concouru depuis les années 1930, et de participer  aux JO de Calgary en 1988. Avec la complicité bienveillante de sa mère et malgré la désapprobation de son père, qui voudrait qu’il devienne plâtrier comme lui, il part s’entraîner à Garmish, en RFA. Il y rencontre Bronson Peary, ex-champion de la discipline que son caractère indiscipliné et jouisseur a conduit à devenir dameur de pistes. Peu à peu, Bronson se laisse emporter par l’optimisme inconscient d’Eddie et devient son coach contre vents, marées et ironie générale, du Comité olympique britannique à celle de l’équipe de Norvège.

Points forts

- Tiré d’un fait réel, un vrai feel good movie(comédie euphorisante) sur la force de la volonté pour réaliser son rêve par delà le résultat final, doublé d’une belle histoire d’amour entre une mère et son fils.

- La simplicité de son récit, la finesse de ses archétypes (tant pis pour l’oxymore), ses choix musicaux toniques et son côté attendu rendant le spectateur complice de l’intrigue au point qu’il serait déçu si ce qu’il espère n’arrivait pas. Un art pas si facile que ça à mener à bien.

- Peu importe ce qu’il reste d’authentique de la véritable histoire d’Eddie Edwardsqu’on aperçoit dans les tribunes lors de la cérémonie de clôture des Jeux. C’est la façon dont le héros incarne les phrases de Coubertin (“Le plus important n'est pas de gagner mais de participer” et “ce n'estpoint le triomphe qui compte mais lecombat”) qui fait sens, nous emporte et nous fait du bien, à savoir : qu’importe le résultat si tu t’accomplis.

- Si Taron Eggerton est épatant et attire l’empathie du spectateur, on retrouve avec plaisir Hugh Jackman, mondialement connu pour son incarnation de Wolverine dans la saga à succès X-Men.

Quelques réserves

D’aucun pourront légitimement trouver les portraits, notamment secondaires, tracés à gros traits. C’est le lot de ce genre de film dont la priorité est de coller au personnage principal, d’en permettre la compréhension et de nous amener à l’aimer. Sachant que comparaison n’est pas raison, l’auteur de ces lignes n’hésite pas à rappeler que Franck Capra ne procédait pas autrement dans ses films devenus mythiques ainsi qu’il l’explique dans sa superbe autobiographie Hollywood Story (CfL’extravagant M. Deeds).

Encore un mot...

Si la forme évoque Rasta Rockett et le récent Good Luck Algeria, c’est à Billy Elliot de Stephen Daldry (1999) qu’il emprunte le mieux son message comme son humeur : l’histoire d’un petit garçon différent, entouré de parents aimants, ici mère complice et père dépassé, qui, par sa volonté et en faisant fi du qu’en dira-t-on, va accomplir son rêve et s’épanouir. Rappelons que Billy triomphe en s’envolant dans “le Lac des Cygnes” tout comme ici Eddie en s’élançant du haut du tremplin de 90 mètres. Il faut donc regarder ce film pour ce qu’il est et se laisser imprégner par le plaisir et l’émotion qu’il propose. Une bulle d’air bienfaisante en ces temps où la performance “comptable” prédomine.

Une phrase

- “Ce monde n’est pas fait pour toi !”. Le père à Eddie

- “J’en ai l’habitude”. Eddie à son père.

- “Pas la peine de concourir si on se dévalorise”. Bronson Peary à Eddie.

 

L'auteur

Acteur et réalisateur britannique, né le 31 janvier 1966 dans le quartier londonien d’Enfield, Dexter Fletcher étudie l'art dramatique à la Anna Scher Theatre School et fait ses débuts d’acteur au cinéma à dix ans aux côtés de la toute jeune Jody Foster dans la délicieuse comédie musicale d’Alan Parker, Bugsy Malone (1976). 

En 1980, il apparaît, adolescent, dans Du sang sur la Tamise de John Mackenzie (1980) et le cultissime Elephant Man de David Lynch (1980); avant d’interprèter le fils d’Al Pacino dans le Revolution deHugh Hudson (1985). 

Il enchaîne avec des séries télé, connaît des problèmes d’alcool et de drogue l’obligeant à dormir dans sa voiture et à se déclarer en faillite personnelle. 

Il rebondit grâce à son interprétation de Soap dans le savoureux Arnaques, crimes et Botanique de Guy Ritchie(1998) et ses rôles dans les séries TVFrères d’armes et Hôtel Babylon. 

Les années 2000 le voient revenir au grand écran, comme dans le réjouissantKick-Ass de Matthew Vaughn (2010), avec Nicolas Cage.

En 2011, il passe de l'autre côté de la caméra et réalise Wild Bill, succès critique. S’ensuit Sunshine on Leith en 2013, une comédie musicale sur les aléas amoureux de deux soldats écossais rentrant d’Afghanistan; succès critique et public, notamment grâce à la musique desProclaimers. 

Sur le plan privé, Dexter Fletcher est marié depuis 1997 à Dalia Ibelhauptaitė, une metteur en scène de théâtre et d'opéras; il a deux frères, Steve Fletcher et Graham Fletcher Cook, également acteurs.

Eddie the Eagle est son 3ème long-métrage.

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