Festival de Cannes: Le jour d’après

Il n'y a pas que des pépites, à Cannes...
De
Hong Sangsoo
Notre recommandation
2/5

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Thème

Une jeune femme se présente dans une maison d’édition pour son premier jour de travail. Elle écrit mais n’a pas encore été publiée. Elle est passionnée par les livres, bien sûr, et elle est très heureuse d’être embauchée. Quelques heures avant, le patron de la maison d’édition a quitté très tôt son domicile, comme chaque jour, après une belle dispute avec son épouse qui l’accuse de la tromper. Quand il rencontre sa nouvelle employée, il est très cordial et l’invite à déjeuner.
 
L’après-midi, l’épouse débarque et fait un scandale. L’employée et le patron ont toutes les peines du monde pour lui faire comprendre qu’elle fait erreur. Car la vraie maîtresse reparaît le soir même. Elle s’était éloignée, trouvant la situation ingérable, mais elle est prête à reprendre du service, c’est-à-dire retrouver sa place d’employée qui couche avec le patron, car elle l’aime. Celui-ci demande alors à la nouvelle employée, celle qu’il a embauchée le jour même, de s’en aller. Plus goujat, tu meurs.

Points forts

Hong Sangsoo est une sorte d’Eric Rohmer sud coréen, le talent en moins, l’alcool en plus. Comme Rohmer, il aime filmer les femmes. Dans ses films, les restaurants du vieux quartier de Séoul sont ses lieux de tournage favoris avec les bons repas en prime et l’alcool coulant à flot. Dans les films d’Hong Sangsoo, on se saoule consciencieusement en discutant de l’amour et de la vie et l’on rentre chez soi complètement rond.

Quelques réserves

Dans les films d’Hong Sangsoo – il en produit un par an depuis vingt ans - les hommes passent d’une femme à une autre avec une facilité déconcertante. Il suffit juste de jouer les intellos, par exemple d’interpréter un cinéaste ou un étudiant en cinéma.
 
Dans « Le jour d’après », ce n’est pas un cinéaste qui joue le rôle du grand chasseur de femmes mais un éditeur, critique littéraire de surcroit, enfin, quelqu’un qui aime les histoires. Notre éditeur ment à sa maîtresse, à sa nouvelle employée, à son épouse et il se ment à lui-même. C’est un lâche, affirme son épouse.
 
Comme toujours chez Hong Sangsoo, l’intrigue est exsangue, elle avance à un train de sénateur dans les discussions de café où la caméra reste bloquée au même endroit. Avec quatre personnages, un homme et trois femmes, il vous fait un film d’une heure trente en noir et blanc sans que rien ne se passe.
 
Lors de la projection officielle à Cannes en présence du réalisateur dans le grand théâtre Louis Lumière, des spectateurs du balcon ont commencé à sortir en toute discrétion, hors de la vue de l’équipe du film. Beaucoup n’ont pas bougé : sans doute ceux qui avaient une critique à écrire pour leur journal.
 
« Quelle daube ! », me chuchotait une personne qui m’est chère, étrangère au monde du cinéma et à plus forte raison à l’univers du cinéaste sud coréen, une personne qui m’accompagnait exceptionnellement à cette projection de gala. Comme quoi, même au Festival de Cannes, il faut de tout pour faire une sélection.

Encore un mot...

Hong Sangsoo, 56 ans, aime les belles actrices: la plus jeune comédienne de son film, Kim Min-Hee, 35 ans, lui tenait la main en entrant dans la salle, c’était touchant. Il aime tout particulièrement Isabelle Huppert qui le lui rend bien puisqu’elle a accepté de venir tourner en Corée du Sud « In another country » projeté à Cannes en 2012. Et cette année encore, elle apparaît dans un autre film de Hong Sangsoo, « La caméra de Claire », présenté en séance spéciale. Quel homme !

L'auteur

S’il est peu connu du grand public, Hong Sangsoo, est curieusement prisé dans les festivals. Ses films ont été présentés dans les festivals de San Sebastien, de Locarno, de Venise, de Berlin, de New York, de Rotterdam. N’en jetez plus… Il semble admiré par des jeunes cinéphiles qui n’ont pas ménagé leurs applaudissements lors de la présentation du « Jour d’après » concourant pour la palme d’or. Participation toute symbolique.
 
Au Festival de Cannes le cinéaste a présenté en 1998 « Le pouvoir de la province de Kangwon », en 2000 « La vierge mise à nue par ses prétendants », en 2004 « La femme est l’avenir de l’homme », en 2005 « Conte de cinéma , en 2010 « Hahaha », en 2011 « Matins calmes à Séoul »… 

Ajoutons, pour clore le chapitre Hong Sangsoo, que la Corée du Sud s’est dotée, au temps où un ministre de la culture était cinéaste, d’un mécanisme culturel très performant en ce qui concerne l’aide au cinéma. Heureux pays, heureux cinéastes – heureux spectateurs ?

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