Héritages

Une oeuvre, profonde, de mémoire familiale.
Avec
Luc Aractingi, Mathieu Aractingi, Ève Aractingi, Diane Aractingi, Philippe Aractingi, Mario Bassil
Notre recommandation
3/5

Infos & réservation

Thème

Lors de la dernière guerre du Liban, en juillet 2006, le réalisateur Philippe Aractingi a embarqué avec son épouse et ses enfants sur un bateau de guerre français pour se réfugier dans la grande maison de sa sœur dans la région parisienne. Il a tout filmé de cet exil forcé puis il est retourné seul à Beyrouth pour photographier les ruines, conséquences de la dernière guerre. C’est alors qu’il a pris conscience que ses ancêtres fuyaient comme lui depuis cinq générations les guerres et les massacres. Il a commencé sa réflexion, comme il le fait depuis toujours, avec sa caméra.

Points forts

- Le cinéaste fait revivre le Beyrouth chrétien d’autrefois qui n’existe presque plus. Il fait comprendre comment cette ville s’est transformée à certains moments en camp retranché quartier par quartier. Il dessine des cartes du Liban et permet de comprendre son histoire au XXe siècle.

- Il fait revivre son père, son grand-père, qui, comme lui ont fui la guerre. Sa mère fataliste lui dit : « j’aimerais vous avoir près de moi mais je pense à mes petits enfants qui sont mieux en France ».

- Il fait parler ses enfants au moment du départ en exil, en 2006. La petite, qui est adorable, comprend qu’« on meurt à cause de la guerre ». A son père : « Tu as fait la guerre ? ». Lui : « Non, je l’ai toujours évitée », car, pour le père, ce n’est pas le premier exil.

- Il a rencontré le psychiatre Boris Cyrulnik qui lui a expliqué qu’il y a deux erreurs à ne pas commettre : ne pas parler du passé et trop en parler. « J’ai compris, confie le cinéaste, que si je ne parlais pas de notre départ, si je ne racontais pas mon passé à mes enfants, je ne pourrais tout simplement pas avancer et encore moins permettre à mes enfants d’évoluer ».

Quelques réserves

Le cinéaste passe d’une époque à l’autre une peu trop rapidement, par moments. Il faut être très attentif pour ne pas perdre le fil. Lui connaît ça par cœur, c’est son pays, qui est si beau, mais ce n'est pas le nôtre…

Encore un mot...

Dans les écoles au Liban, les manuels d’histoire s’arrêtent en 1943, lorsque le pays accède à l’indépendance. Au-delà de cette date, aucune version officielle de l’histoire contemporaine n’a été validée. C’est pourquoi « Héritages » est projeté dans plus de soixante-dix lycées. Lorsque le film est sorti au Liban, des parents l’ont utilisé pour raconter leur propre passé à leurs enfants. Aractingi, très proche des ses enfants, leur fait comprendre le passé, les conflits de leur ville natale prise tour à tour sous l’influence des Palestiniens, des Israéliens, des Syriens…

Une phrase

« Ce film est le travail collectif de toute une famille, dit le réalisateur, une œuvre qui s’apparente au spectacle des troupes de cirque familial ».

L'auteur

Philippe Aractingi a toujours tenu une caméra ou  un appareil photo à la main pour filmer tout ce qui bouge autour de lui, la rue, la ville, la campagne, son entourage familial, ses enfants, ses parents, ses grands-parents, les événements de sa vie et de celle des autres. Né au Liban en 1964, il a réalisé plus de quarante documentaires dont, en 2007, « Sous les bombes », distingué par une bonne vingtaine de prix dans les festivals de Venise, Dubaï, Luchon… et, en 2005, « Bosta », prix du meilleur scénario au festival de Carthage et prix du jeune public au festival de Bastia. Ces deux films ont tous deux représenté le Liban aux oscars. « Héritages » rassemble et amplifie son œuvre documentaire par l’utilisation de ses archives personnelles.

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