Irréprochable

Un personnage de femme, sociopathe, comique et pathétique
De
Sébastien Marnier
Avec
Marina Foïs, Jérémie Elkaïm, Joséphine Japy, Benjamin Biolay
Notre recommandation
3/5

Infos & réservation

Thème

Passons au concret. Constance (Marina Foïs) quitte précipitamment au petit matin un splendide appartement parisien. C’est sa collègue agent immobilier qui lui a permis de passer la nuit dans l’appartement qu’elle fait visiter. Constance, qui vient de se faire virer, prend la poudre d’escampette jusqu’à sa ville natale qu’elle a quittée dans les mêmes conditions, rapidement et incognito, quinze ans plu tôt. Elle y retrouve, dans la petite entreprise immobilière où elle avait démarré, son collègue de l’époque, Philippe (Jérémie Elkaïm). Et elle voit son ancien bureau occupé par une jeune et jolie stagiaire pleine d’allant et d’avenir, Audrey (Joséphine Japy), qu’elle va s’employer à déloger pour retrouver son poste. Mais de l’eau a coulé sous les ponts et revenir sur les lieux de sa jeunesse et de ses premières amours n’est peut-être pas l’idée du siècle.

Points forts

Rien ne résiste à Constance qui ment plus vite que son ombre et tout ça finira mal. Marina Foïs est formidablement inquiétante dans ce rôle de quarantenaire qui tente de s’accrocher à tout ce qui passe, même à un amant inconnu et riche (Benjamin Biollay) qui finira lui aussi par dévoiler les feintes de la dame pressée. Le personnage de Constance est à la fois comique et pathétique, ce qui fait la force de l’intrigue.

Son double et son contraire, c’est Philippe qui n’est pas « monté » à Paris mais a choisi modestement et sagement de tracer son chemin dans sa ville natale. Quand Constance revient, il lui reproche sans rancune d’être partie autrefois sans rien lui dire, d’avoir fait un trou de silence dans sa vie d’alors. Mais aujourd’hui, il ne veut pas recoudre ce qui a été déchiré. Jérémie est joué par le beau et sensible Jérémie Elkaïm, révélé par « La guerre est déclarée » de Valérie Donzelli. 

Autant Constance est chipie avec allégresse, autant Jérémie est gentil sans calcul. C’est le feu et l’eau. Mais qui se brûlera n’est pas celui qu’on croit.

Quelques réserves

Bien architecturé, ce film est difficile à critiquer en négatif. La fiction fonctionne jusqu’à son terme logique et attendu. Où sont donc les points faibles ? Peut-être dans ce personnage de femme foldingue qui ne présente pas un intérêt majeur. Cette comédie dramatique n’est pas tout à fait comique ni tout-à-fait tragique. Nous sommes dans le tiède.

Encore un mot...

Nous avons tous rencontré ces gens qui foncent comme des bolides sans faire attention à personne. Il nous est peut-être arrivé de leur ressembler à un moment de notre vie. Quand minuit est passé, que le carrosse devient citrouille, que le passé se défile et le présent se délite, il faut rassembler ses oripeaux pour se protéger de l’hiver. Mais Constance, prénom prédestiné et paradoxal, ne veut rien entendre. Elle ne s’arrête jamais, pratique le sport, le footing en particulier, à haute dose, pour rester en forme quoiqu’il arrive, et s’oublier. Elle est épuisante, Constance. Et fascinante parce qu’elle ne se regarde jamais. Parce qu’à ses yeux, elle est "irréprochable".

Une phrase

- « Constance est une sociopathe qui ment à tout le monde, agit de manière complètement impulsive et n’éprouve aucune culpabilité ».

- « Nous avons beaucoup parlé [avec le metteur en scène] et partagé notre passion pour les gens à la marge et ceux qui dérapent ».
Marina Foïs

L'auteur

Sébastien Marnier, 33 ans, qui a grandi en banlieue et vit aujourd’hui à Paris, a écrit trois romans et réalisé trois courts métrages avant « Irréprochable », son premier long métrage. Par ailleurs, Arte a diffusé cette année la série d’animation « Salaire net et monde de brutes » dont il est le co-auteur. 

Il avoue avoir une certaine fascination pour les personnages troubles depuis qu’il est enfant. Les héros de ses romans sont des désaxés ou des sociopathes en puissance mais toujours bien ancrés dans le réel. Il aime imaginer leur psychologie et leurs failles et il essaie d’être le plus précis possible en les confrontant à la banalité du quotidien. « Je suis très touché, affirme-t-il, par ces personnages dont j’aime trouver l’humanité derrière la folie et c’est à travers eux que je me sens le plus à ma place pour parler des violences du monde ». Voilà donc le résumé abstrait de « Irréprochable ».

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