Jackie

Authentique, vécu, intimiste et grandiose
De
Pablo Larrain
Avec
Natalie Portman, Peter Sarsgaard, Greta Grewing
Notre recommandation
5/5

Infos & réservation

Thème

23 novembre 1963, John F Kennedy est assassiné  à Dallas de deux balles en pleine tête. A ses côtés, dans la voiture décapotable qui le transporte au moment de son assassinat, Jackie, son épouse de 34 ans, qui est aussi la mère de ses deux enfants…

Le film va raconter comment la femme du Président américain, à l’époque l’une des femmes les plus photographiées du monde, l’une des plus sophistiquées, mais l’une des plus secrètes aussi, va vivre les quatre jours qui ont suivi cet assassinat. 

Ce « biopic », qui se concentre sur ces jours si douloureux et si particuliers, va nous montrer comment, malgré son chagrin et sa peur, cette très jeune veuve va orchestrer les funérailles (grandioses) de son mari, en réussissant à garder le contrôle absolu de son image, une image à la fois glacée et conventionnelle, qu’elle avait patiemment construite du vivant de John F Kennedy.

Points forts

- Le scénario, très documenté,  qui « zoome » sur les quatre jours ayant suivi le brutal veuvage de Jackie Kennedy, mais qui ,en même temps, revient très habilement, au moyen de séquences réinventées à partir d’images d’archives, sur des épisodes de la vie de cette dernière à la Maison Blanche, avec ses enfants et son époux . 

Ce scénario concourt à faire un portrait sensible de cette première dame, qui, grâce à l’épais vernis de son éducation, sut préserver son mystère, tout en affichant ostensiblement son admiration pour son charismatique époux, son amour très protecteur pour ses enfants et son penchant irrépressible pour le… chic .

- La maitrise formelle du film, qui est impressionnante.

- L’interprétation de Natalie Portman. La star américaine dit qu’elle a tout lu, tout vu, sur celle qu’elle devait ressusciter à l’écran. Le résultat de son travail est saisissant. Port, maintien, diction, douceur, discrétion, mais aussi détermination et entêtement… la comédienne « est » la Jackie Kennedy , telle que son image fut  médiatisée à l’infini.

Quelques réserves

Sauf à détester les biopics, ou à n’aimer que ceux qui relèvent du grand déballage (biographique, intime et émotionnel),  ce « Jackie », ne déçoit en rien. Cela dit, comme il n’évoque ni l’enfance, ni l’ascension de son « sujet », Il nécessite  de savoir, avant le regarder,  qui était Jackie Kennedy 

Encore un mot...

Il est très décidément très doué, ce Pablo Larraín. Non seulement il n’avait jamais tourné à Hollywood (et n’en connaissait donc aucun des codes), mais, en plus, initialement, ce « Jackie » ne devait pas être réalisé par lui. Le cinéaste est donc arrivé totalement « vierge » sur le projet. La façon dont il  l’ a « empoigné »  laisse pantois. Le chilien s’est fait américain, et en un temps record! Rien n’est plaqué dans son film, tout semble authentique et vécu. Au milieu de cadres grandioses (Washington, Dallas, la Maison Blanche), il réussit à faire un portrait intimiste. Celui d’une femme qui aurait pu être anéantie par le malheur, mais qui resta debout, par amour de ses enfants. Une femme qui vaut, aujourd’hui ,son plus grand rôle à celle qui la fait revivre.

Une phrase

« J’aime à penser qu’elle (Jackie Kennedy) laissera toujours une part d’ombre. On ne connaitra jamais son parfum, ni l’étincelle qui éclairait ses yeux quand on était près d’elle. Nous ne pouvons que chercher. Et réaliser un film fait de fragments, de bouts de souvenirs de lieux, d’idées, d’images, de gens ». Pablo Larraín.

L'auteur

Né le 19 août 1976 à Santiago du Chili, d’un père sénateur et d’une mère future ministre , Pablo Larrain, bien qu’élevé dans une famille entièrement tournée vers la politique, manifeste très tôt un intérêt pour l’image et la communication. Après des études dans ce domaine à l’université de sa ville natale, il co-fonde avec son frère Juan de Dios une société de production , Fabula. Deux ans plus tard, à 29 ans, le jeune homme passe derrière la caméra avec « Fuga », qui retrace l’histoire d’un musicien médiocre. En 2008, il met en scène « Tony Mareno », qui est sélectionné à La Quinzaine des réalisateurs de Cannes. En 2010, son troisième film « Santiago 73, post mortem » est présenté au festival de Venise. En 2014, son « No », inspiré de faits réels, et qui montre clairement l’engagement à gauche du cinéaste (en totale  opposition avec celui de ses parents, soutiens de Pinochet), est nommé aux Oscars dans la catégorie « meilleur film en langue étrangère ». « El Club », son cinquième opus, un huis clos crépusculaire, remporte l’Ours d’argent à Berlin.

En ce début d’année, le réalisateur sort, en France, à moins d’un mois d’intervalle, deux films sur deux personnalités iconiques du XX°  siècle, « Neruda », un hommage au poète chilien avec, dans le rôle titre, Gaël Garcia Bernal et ce « Jackie », dans lequel Natalie Portman, incarne la Jackie (Kennedy) du titre,  ce qui lui vaut d’être nommée dans la catégorie « meilleure actrice » aux Oscars 2017.

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