Jeunes mères

Présenté en compétition au Festival de Cannes, Jeunes mères est l’un des plus grands films des frères Dardenne. Un film choc dont le spectateur ne sort pas indemne
De
Jean-Pierre et Luc Dardenne
Avec
Elsa Houben, Babette Verbeek, Janaïna Halloy Fokan…
Notre recommandation
5/5

Infos & réservation

Thème

Jessica (Babette Verbeek), Julie (Elsa Houben), Ariane (Janaina Halloy Fokan), Perla (Lucie Laruelle) et Naïma (Samia Hilmi) sont adolescentes et mères. Hébergées dans une maison maternelle, ces jeunes filles tentent tant bien que mal de construire une vie meilleure. Pour elles-mêmes comme pour leur enfant.

Points forts

  • Sa rigueur. Venus du documentaire, les Frères Dardenne signent de nouveau une œuvre qui impressionne par sa maîtrise formelle. Débarrassé des fioritures, le film se révèle brut, implacable. Les deux cinéastes continuent d’impressionner, pour le plus grand bonheur des cinéphiles.

  • Son émotion. Difficile de ne pas être touchés devant les histoires de ces jeunes filles malmenées par la vie et qui tentent malgré tout d’aller de l’avant malgré des parcours difficiles. Ode à la résilience, Jeunes mères est un film à l’émotion discrète, qui affleure par petites touches.

  • Ses comédiennes. Grands découvreurs de talents, surtout féminins, les frères Dardenne dirigent ici cinq comédiennes au talent évident. Certaines, dont Lucie Laruelle, Babette Verbeek et Samia Hilmi n’avaient jamais fait de cinéma. Leurs premiers pas sur grand écran sont impressionnants.

  • Ses seconds rôles. Présents dans quelques scènes, des acteurs confirmés comme India Hair ou Fabrizio Rongione font des étincelles. Leurs apparitions illuminent littéralement le film.

  • Sa construction. Jeunes mères parvient à être un film choral qui fait exister tous ses personnages, ce qui n’est pas évident. Les différentes histoires sont creusées et approfondies. Petit à petit, le spectateur se rend compte de la complexité des situations avec lesquelles se débattent les personnages.

Quelques réserves

Il n’y a pas grand-chose à redire sur Jeunes mères. Même s’il est peut-être un peu moins intense que leur dernier film, Tori et Lokita, qui lorgnait presque du côté du thriller, ce nouveau long-métrage des frères Dardenne pourrait bien figurer au palmarès du Festival de Cannes, ce samedi 24 mai. Après tout, la majorité de leurs œuvres ont été distinguées par différents prix sur la Croisette.

Encore un mot...

À l’origine, les frères Dardenne sont allés visiter une « maison maternelle » près de Liège, en Belgique. Leur but était d’écrire un scénario sur une jeune mère qui tente de trouver un contact avec son bébé. Une fois sur place, les cinéastes ont été attirés par les moments de vie commune que partageaient ces adolescentes dont les vies avaient été bousculées par l’arrivée d’un bébé. C’est un court reportage réalisé par une stagiaire sur ces instants de vie, qui les a incités à revenir dans ce lieu et à y rester plus longtemps, de manière à approcher les vies personnelles des résidentes.

Une phrase

« Nous avons construit chaque récit en fonction de chaque jeune mère et de son enfant en essayant d’être au plus près du moteur de chacune, en nous laissant guider par la nécessité interne de chaque trajectoire, dans et en dehors de la maison maternelle, de manière à faire un film qui, tout en étant un portrait de groupe, est d’abord cinq portraits de jeunes mères vivant chacune son histoire faite de situations sociales et de relations affectives personnelles ». (Les Frères Dardenne, dossier de presse du film).

L'auteur

Les Frères Dardenne (Jean-Pierre, né le 21 avril 1951 à Engis et Luc, né le 10 mars 1954 aux Awirs) se sont d’abord fait connaître en tant que documentaristes. En 1975, ils fondent la maison de production Dérives. Une société avec laquelle ils ont produit à ce jour plus de quatre-vingts documentaires dont les leurs.

En 1987, ils signent Falsch, leur premier film de fiction, avec Bruno Cremer, suivi cinq ans plus tard, en 1992, de leur second long-métrage, Je pense à vous, avec Fabienne Babe et Robin Renucci. En 1994, ils fondent la maison de production Les Films du Fleuve. Après leur troisième film (La Promesse – 1996), ils triomphent au Festival de Cannes en 1999 avec Rosetta qui leur permet de décrocher leur première Palme d’or. Le film vaut également le prix d’interprétation féminine à la toute jeune Émilie Dequenne.

Par la suite, tous leurs films seront systématiquement présentés sur la Croisette. À l’exception de Deux jours, une nuit (2014) et La Fille inconnue (2016), tous seront distingués dans les différents palmarès. Parmi les récompenses les plus notables, il y a notamment le prix d’interprétation masculine pour Olivier Gourmet dans Le Fils (2002), la seconde Palme d’or pour L’Enfant (2005), le Grand prix pour Le Gamin au vélo (2011) ou encore le prix de la Mise en Scène pour Le Jeune Ahmed (2019).

Jeunes mères, présenté de nouveau en compétition au Festival de Cannes, est leur treizième film de fiction.

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