L’Abbé Pierre- Une vie de combats

Un film ambitieux qui retrace la vie de cet humaniste élevé au rang de mythe pour son combat inlassable contre la pauvreté…Édifiant et touchant !
De
Frédéric Tellier
Avec
Benjamin Lavernhe (de la Comédie Française), Emmanuelle Bercot, Michel Vuillermoz (de la Comédie Française)…
Notre recommandation
3/5

Infos & réservation

Thème

34 ans après Lambert Wilson dans Hiver 54  de Denis Amar, Benjamin Lavernhe incarne l’Abbé Pierre dans le nouveau film que Frédéric Tellier a consacré au fondateur d’Emmaüs.

Bien que l’Abbé Pierre (interprété par Benjamin Lavernhe) soit resté pendant des années la personnalité préférée des Français (même après sa mort survenue en 2007), rares sont ceux qui connaissent la vie de ce « saint » homme, né Henri Grouès le 15 août 1912 à Lyon et qui, du jour où il reçut l’appel de Dieu, à l’âge de 16 ans, refusa de vivre comme un privilégié, et essaya de devenir un saint.

Ce biopic retrace l’entièreté de son parcours, de  27 à 94 ans, âge où il s’éteignit à Paris. Un parcours tout, sauf linéaire, qui le mena de l’anonymat d’un monastère tenu par  des Frères capucins (qui s’en séparèrent à cause de sa santé fragile)  au statut  d’icône,  après que, secondé par Lucie Coutaz (Emmanuelle Bercot) et Georges Legay ( Michel Vuillermoz), il eût fondé, en 1949, les Compagnons d’Emmaüs. 

 Le film s’arrête sur toutes les étapes importantes de la vie de l’illustrissime abbé :  son ordination de prêtre au diocèse de Grenoble, en 1939, son enrôlement dans la guerre en 1940 (où le soldat qu’il devient découvre les charmes de la gente féminine), son engagement dans la Résistance dans le maquis du Vercors, ses activités parallèles de curé sauveur de juifs, son élection à la députation où l’on découvre l’orateur brillant qu’il pouvait être pour dénoncer l’inertie des pouvoirs publics face à la pauvreté, son inoubliable appel de 1954 en faveur des Sans-abris et de plus démunis, et puis encore, moins connu, son internement en hôpital psychiatrique ...

Points forts

  • C’est la première fois que l’on peut découvrir sur grand écran les principaux moments de la vie de celui qui fut  l’une des plus grandes figures humanistes du XX° siècle. (« J’espère, dit Laurent Desmard, son ancien secrétaire particulier, que ce film pourra éveiller les consciences et remettre les combats de l’abbé au cœur de la société française »)
  • La fluidité du scénario, malgré son incontournable découpage en épisodes et ses inéluctables ellipses (comment  les éviter si on veut faire tenir en deux heures d’horloge une vie si riche et si remplie ?). 
  • La richesse des dialogues qui dévoilent petit à petit l’homme révolté, parfois désobéissant et même tonitruant, qu’était l’Abbé Pierre, sous les  habits de sa charge. (« Etre résistant, c’est déjà désobéir » disait-il).
  • L’interprétation. Comment qualifier celle de Benjamin Lavernhe époustouflant de vérité dans l’Abbé Pierre : le comédien ne l’interprète pas, il en est la réincarnation. Il a beau mesurer près d’un mètre 90, on a l’impression d’avoir devant nous, dans toute son inflexibilité et toute son émotivité, cet abbé qui ne faisait qu'un mètre 68. Comment, aussi, passer sous silence  le travail d’Emmanuelle Bercot?  L’actrice est  sensationnelle dans le rôle de celle qui, pendant des années, accompagna dans l’ombre  le fondateur d’Emmaüs.

Quelques réserves

Est-ce l’omniprésence de la musique qui l’accompagne? Le classicisme un peu terne de sa mise en scène? La place des archives dont il est truffé? En tous cas, s’il est un scrupuleux et ambitieux  biopic, cet Abbé Pierre… n’est pas tout à fait le grand film qu’on attendait.

Encore un mot...

D’un genre de film, l’autre…Après avoir dénoncé le scandale des pesticides dans son percutant Goliath (2022), le scénariste-réalisateur Frédéric Tellier nous offre une fresque ambitieuse (15 millions d’euros de budget) sur les mille vies et mille combats que mena l’Abbé Pierre. Si, formellement, elle déçoit un peu, elle restitue avec une honnêteté scrupuleuse les temps forts du parcours de son héros qui, incroyablement, malgré une détermination d'airain, fut, toute son existence, tenaillé par le doute.  Aller voir ce film, pour lui, et aussi pour celui qui l’interprète, Benjamin Lavernhe, saisissant.

Une phrase

« Ce que je cherchais, c’était un abbé Pierre, réaliste, concret, réel. Pas une icône. Pas une légende. Et là, la rencontre avec Laurent Desmard qui a été le secrétaire particulier de l’abbé pendant 15 ans et le président de la Fondation Abbé Pierre a été décisive… Il m’ a ouvert une malle incroyable de souvenirs, d’émotions et de complicités…Il m’a donné à voir et à comprendre l’abbé Pierre intime, son mode de fonctionnement et ses origines » (Frédéric Tellier, réalisateur).

L'auteur

Est-ce parce qu’il suivit des formations multiples dont celles de professeur de sports, commercial, publicitaire ? En tous cas, Frédéric Tellier est l’un des cinéastes français les plus éclectiques. 

 Il commence sa carrière au cinéma comme assistant-réalisateur au début des années 90, après une rencontre avec Jean-Pierre Igoux, puis avec Elie Chouraqui.  En 1996, il écrit et réalise son premier court métrage, L’Enfermé, qui remporte plusieurs prix. Mais pendant plusieurs années, il se tourne de nouveau vers le film publicitaire. C’est par la télévision qu’il revient vers la fiction, avec des séries et des 52’ .

En 2003, il collabore en tant que scénariste au film 36 quai des Orfèvres d’Olivier Marchal. Après un nouveau détour de quelques années de pub, il se lance en 2013 dans son premier long métrage. C’est L’Affaire SK1 autour de la traque du tueur en série Guy Georges. Ce film sera multi récompensé. En 2018, il sort Sauver ou périr sur l’engagement des pompiers, qui réalise un million d’entrées, puis en 2023, Goliath, sur le scandale caché des pesticides. Il travaillait depuis cinq ans sur L’abbé Pierre, une vie de combats, qui sort aujourd’hui. Selon toute logique,  ce nouveau film devrait également connaître un grand succès public.

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