Le Dernier loup

De
Jean-Jacques Annaud
Avec
Feng Shaofeng (ChenZen), Shawn Dou (Yang Ke), Ankhnyam Ragchaa (Gasma), Yin Zhusheng (Bao Shunghi), Basen Zhabu (Bilig)
Notre recommandation
3/5

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Vu
par Culture-Tops

Thème

En 1969 pendant la Grande révolution culturelle du prolétariat, deux jeunes étudiants pékinois, Chen Zhen et Yang Ke, sont envoyés par le pouvoir en place au coeur de la Mongolie intérieure pour alphabétiser une petite tribu de bergers nomades. Chen Zhen se prend alors de passion pour cette vie sauvage et se confronte à la vie des loups. Il a beaucoup à apprendre de ceux qui l’accueillent ainsi que de cet environnement hostile et vertigineux. Le loup, animal céleste chez les mongoles, inspire leur stratégie de chasse et leur vie communautaire. Chen Zhen, fasciné par le lien complexe et quasiment mystique entre ces créatures sacrées et la tribu, brise un tabou en osant apprivoiser un louveteau. Il le cache, le nourrit, l’observe, l’éduque. Il rompt alors l’équilibre naturel entre les loups et les mongoles. Pour autant, la vraie menace vient d’un représentant du pouvoir central qui veut éradiquer la meute pour repeupler cette région.

Points forts

- Une caméra exceptionnelle, un œil de lynx dans un monde de loup

- Les loups, acteurs géniaux au pouvoir captivant

- Des paysages hors du commun, filmés par un amoureux de la nature

- Une alternance de sublime céleste et d’enfer terrestre

- Une traduction de la vie nomade tout en nuance et en subtilité

- Des scènes attendrissantes et touchantes dues à l’interprétation magistrale de Feng Shaofeng et du louveteau

- Une réflexion profonde sur l’équilibre naturel des hommes, de l’environnement et des animaux

- Une histoire épique menée grand train

- Des risques inconsidérés qui tiennent en haleine le spectateur

- Une leçon de vie, en somme

Quelques réserves

- Un conte naïf et idyllique dans un contexte politique que l’on imagine d’une violence inouïe. La révolution culturelle ayant massacré toute représentation intellectuelle et esthétique

- Des scènes très répétitives entre loups et bergers qui ajoutent à la longueur du film

- Un erzatz de superproductions hollywoodiennes, quelque peu dérangeant et paradoxal dans un pays si hostile au capitalisme et à tout ce qui le représentait à l’époque.

Encore un mot...

JJ Annaud s’inspire d’un best-seller chinois, paru en 2004, autobiographique, « le Totem du loup ». Il semble réaliser ce film en toute liberté. Enfin une liberté bien relative quand on sait qu’il a été adoubé par la censure chinoise.

Dans la Chine révolutionnaire de 1969, j’imagine mal une telle consensualité entre chinois et bergers mongols, alors même que Mao et son pouvoir central éradiquent  toute représentation des valeurs traditionnelles. C’est l‘épuration de l’appareil rural par les gardes rouges (étudiants et collégiens). Les intellectuels sont envoyés dans les campagnes non pas pour éduquer mais pour être rééduqué par le travail manuel. N’y a-t-il pas là un détournement de l’histoire? Je  m’interroge sur l’intention de cette fresque des temps modernes. Faut-il y voir un message subliminal dans lequel JJ Annaud plonge avec délectation? Les chinois voudraient-ils se racheter de ce lourd passé ? Dans le pays le plus pollué du monde, sont-ils prêts à nous démontrer leur capacité à retrouver un équilibre humain et environnemental ? Voudraient-ils se soumettre à la sagesse des bergers mongols?

JJ Annaud, lui, parle de son film comme "d'un hymne à la liberté et un ode au respect de la gente animale ». Dont acte. Je rajouterai  que ce film est une véritable allégorie de la nature

L'auteur

Jean-Jacques Annaud, dès son plus jeune âge, a le goût du voyage et se découvre une passion pour le 7ème art. Envoyé en Afrique comme coopérant, il y réalise son premier long métrage, produit par Jacques Perrin, « La victoire en chantant ». Ce fût un coup d’essai mais surtout un coup de maître puisqu’il remporte l'Oscar du Meilleur film étranger, en 1977. Il enchaîne alors  avec « Coup de tête », porté par l’interprétation de Patrick Dewaere, et salué par la critique, à sa sortie, en 1978. 

Vinrent ensuite une succession de voyages dans le temps et dans l’espace avec des films à succès comme « La guerre du feu », César du meilleur film et du meilleur réalisateur; « Le nom de la Rose », du roman éponyme d’Umberto Eco; « l’Amant », tiré du livre de Marguerite Duras.

Il exprime ensuite sa passion pour le monde animalier avec « L’Ours », « Deux frères ». Puis, ce sont « Sept ans au Tibet »et « Stalingrad ». 

Ce réalisateur imprévisible et très hétéroclite revient à ce qu’il affectionne particulièrement, avec « Le dernier Loup », y traduisant son amour invétéré pour le monde animal.

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