Le petit locataire

Les temps changent mais l'humour fait de la résistance...
De
Nadège Loiseau
Avec
Karin Viard, Philippe Rebbot, Hélène Vincent, Manon Kneusé, Antoine Bertrand, Stella Fenouillet.
Notre recommandation
4/5

Infos & réservation

Thème

À 49 ans, Nicole (Karin Viard) est enceinte. Elle qui se croyait protégée par le début de la ménopause… Sa fille Arielle (Manon Kneusé), elle-même maman d’une petite Zoé (Stella Fenouillet), n’en croit pas ses jeunes oreilles. Quant au mari, Jean-Pierre (Philippe Rebbot), aussi placide et lunaire que sa femme est un volcan en éruption permanente, il souhaite secrètement qu’elle ne garde pas le petit intrus. 

Tout le monde s’interroge donc et suppute, sauf Mamilette, la grand mère qui a des absences, jouée par la formidable et très présente Hélène Vincent. Nicole gardera-t-elle ce petit locataire qui vient bouleverser et même plus une famille si peu conventionnelle, avec une mère au bord de la crise de nerf, un père sans ressort et bien content d’être au chômage, une grande fille qui reste à la maison pour élever sa propre fille ? Scènes de la vie quotidienne...

Points forts

La réussite du « Petit locataire » tient d’abord à la performance des comédiens, à commencer par Hélène Vincent qui s’est fait un look de grand-mère à hurler de rire. D’ailleurs, la cinéaste dit qu’elle ne l’a pas reconnue quand, à la fin du tournage, elle s’est mêlée aux autres comédiens sans ses habits de grand-mère… Rien que pour Hélène Vincent, il faut voir « Le Petit locataire ».
 
Karin Viard est complètement investie dans le rôle d’une femme forte qui doit affronter, en pleine maturité, une grossesse inattendue. La surprise vient de son partenaire, Philippe Rebbot, son mari dans le film, velléitaire, lunaire, irresponsable; il joue parfaitement une caricature d’homme marié qui ne prend aucune initiative, se reposant sur sa femme qui fait cela si bien.
 
Il y a encore la jeune Manon Kneusé qui joue Arielle, la fille du couple qui a fait un enfant très jeune comme sa mère, une petite fille qui n’a pas la langue ni les yeux dans la poche. Il faudrait citer tout le monde dans cette famille de bric et de broc mais pas de toc. 
 
La mère travaille au péage de l’autoroute, la fille dans une fabrique de saucisson, le père n’est pas si pressé de reprendre un job. Nous sommes dans la petite bourgeoisie de province, milieu d’où est issue la réalisatrice qui sait si bien le décrire. « Pour mon premier film, dit-elle, je ne pouvais pas raconter une histoire dont je n’aurais pas pu maîtriser les codes ».
 
D’ailleurs Karin Viard aussi est issue de ce milieu. « Nadège a pensé à moi, dit-elle, parce que j’avais l’âge du rôle (50 ans). Mais aussi, je crois, parce qu’on a en commun quelque chose des gens qui viennent d’un milieu populaire. Une sorte de bon sens. Je suis normande, elle est du Nord… On pourrait être cousines ».
 
Elles ont réussi toutes les deux une comédie qui aborde avec légèreté des sujets graves, le rôle de la famille, son importance pour chaque membre d’une cellule familiale, la place des femmes dans notre société, celle des hommes qui se cherchent une place, la maternité, la recherche du bonheur, j’en passe et des meilleures.

Quelques réserves

« C’est un premier film », dit la cinéaste avec une belle modestie. Certes, tout n’est pas parfait ni posé, mais sa sincérité nous séduit.

Encore un mot...

« Avoir un enfant à cet âge-là, qui aura 10 ans quand on en aura 60, je ne porte pas de jugement, mais je ne pourrais vraiment pas » dit Karin Viard. Et pourtant, aujourd’hui, tout est possible, tout est bouleversé, c’est de cela aussi que rend compte le film, il nous interpelle quelque part, comme on dit quand on ne sait plus que dire. Et finalement sa fin optimiste nous touche comme nous émeut cette mère courage et pleine de grâce…

Une phrase

- « Très vite, lors de l’écriture, je ne voyais que Karin Viard. A tel point qu’une fois le scénario terminé, je me suis dit que sans elle, le film n’existerait sans doute pas. Alors on lui a envoyé le scénario en croisant les doigts. Trois jours plus tard, elle acceptait de me rencontrer ». Nadège Loiseau
 
- « Mon amie Solveig Anspach est morte au mois d’août de l’année dernière. Et je me disais qu’elle allait toujours beaucoup me manquer, comme amie, bien sûr, mais comme réalisatrice aussi. Et c’est comme si Solveig avait mis Nadège sur ma route ». Karin Viard

L'auteur

« Le petit locataire » est le premier long métrage de Nadège Loiseau. Elle a réalisé auparavant deux courts métrages dont, en 2012 déjà, « Le locataire ». « Quand j’attendais mon premier enfant, dit-elle, j’avais du mal à concevoir mon état de femme enceinte. J’ai établi le contact avec mon bébé en l’appelant mon locataire parce que je sentais bien, passé les premiers mois, qu’il y avait une vie déjà autonome à l’intérieur de moi ». 

La jeune cinéaste, née à Roubaix, a fait ses études à l’Ecole Supérieure des Arts Appliqués de cette ville puis, dans la même cité, à l’École Supérieure de Créatifs en Communication. 

Elle réalise des clips publicitaires depuis une dizaine d’années et, à 38 ans, se lance dans une comédie où chacun pourra reconnaître des bouts de sa propre vie.

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