Les enfants de la chance

Un film qui fait du bien: c'est assez rare...
De
Malik Chibane
Avec
Philippe Torreton, Antoine Gouy, Anne Charrier, Mathias Mlekuz, Pauline Cheviller, Matteo Perez
Notre recommandation
4/5

Infos & réservation

Thème

Sur l’air d’une chanson antisémite…

 Dans une rue du Paris occupé de 1942, un groupe d’enfants joue aux osselets. Parmi eux, Maurice Gutman (Mattéo Perez), un garçon de douze ans, qui porte, épinglée sur sa veste, une étoile jaune. Le jeu dégénère. Maurice reçoit un coup de galoche en bois de la part de l’un de ses camarades qui va  profiter de l’incident pour hurler sa détestation des juifs…

Sans le savoir, cet adolescent antisémite vient de sauver la vie à celui dont il se dit ennemi. Violemment frappé à la hanche, Maurice va être emmené à l’hôpital, ce qui, quelques jours plus tard, lui permettra d’échapper à la rafle du Vel d’Hiv, au cours de laquelle toute sa famille sera enlevée.

Ce paradoxal premier coup de chance va être le premier d’une longue série…Car Maurice, dont on va s’apercevoir qu’il souffre d’une tuberculose osseuse, va passer toute la période de l’Occupation caché dans un hôpital dirigé par un médecin courageux (Philippe Torreton) qui le soustraira aux rafles. Maurice restera trois ans dans cet établissement  hospitalier, en compagnie d’autres enfants, avec qui, malgré les souffrances physiques et morale, la vie sera tressée d’amitié, de solidarité, d’éclats de rire et de bêtises…

Points forts

- Le sujet du film, qui bouleverserait  même les cœurs les plus endurcis !  Il est impossible de résister à la force émotionnelle  que dégagent, non seulement l’histoire  de cet enfant juif sauvé de la déportation,  mais aussi la reconstitution de sa vie à l’hôpital, au milieu d’autres enfants malades qui, en dépit du joug de l’Occupation et  des menaces de rafles,  surent rester chaleureux, turbulents et chahuteurs.

- L’hommage rendu, en contrepoint, aux anonymes qui résistèrent à l’Occupant, et sauvèrent des vies d’enfants (et adultes) juifs. Ils sont représentés ici  sous les traits  d’un médecin (Philippe Torreton, formidable d’humanisme bourru), et d’un instituteur résistant (Antoine Gouy, qui a réussi à faire émerger, sous la douceur de son personnage,  sa détermination).

- La vitalité  joyeuse que parvient à dégager ce film, en dépit de son sujet.

- Les enfants de la distribution. Tous formidables de vérité. Avec une mention spéciale pour Mattéo Perez, bluffant d’intensité, et pour Léo Rouleau, un gibus  blond aux yeux bleus, qui compose avec un petit Samuel irrésistible de tendresse et de toupet.

- Les musiques qui accompagnent le film

Quelques réserves

« Les enfants de la chance » n’ayant pas disposé d’un budget pharaonique, on sent que certaines de ses scènes ont été tournées à « l’ économie ». Mais,    à dire vrai, ce n‘est pas  très gênant (sauf si on aime le grand spectacle !) , puisque ce manque de moyens  n’obère jamais l’émotion dégagée par le film .

 

 Ce qui, en revanche nuit au film est un déséquilibre  entre les scènes. Certaines s’étirent inutilement, d’autres sont écrites un peu trop abruptement, d’autres encore paraissent trop « furtives ». On aurait aimé, par exemple, que les séquences  où apparaît le médecin, soient plus étoffées. Dommage  que ce beau personnage, pourtant essentiel au déroulement  de l’histoire, apparaisse comme escamoté.

Encore un mot...

Faut-il recommander ce film, même aux cinéphiles les plus exigeants ? On répond oui, sans hésiter. Car malgré ses défauts (cités plus haut), il restitue avec sensibilité et vérité, une histoire personnelle, déchirante et douloureuse, et en même temps, malgré tout,  porteuse d’une foi  inébranlable dans l’humanité.

« Les Enfants de la chance » appartient à ce genre de film qu’il faudrait projeter dans toutes les écoles. En ce sens qu’indirectement, il montre que les périodes les plus noires de l’Histoire, celle qui s’écrit avec un H majuscule, peuvent  exalter, chez les êtres humains,  des vertus comme le courage, l’entre-aide, l’amitié, la gaité et la vitalité.

L'auteur

Né dans la Drôme le 10 mars 1964 d’une famille kabyle, Malik  Chibane  passe  son enfance à Goussainville, avant de s’installer à Sarcelles. Au début des années 80, Il entre dans la vie professionnelle comme électronicien et éclairagiste  En 1993, après avoir fondé l’association IDRISS, qui organise des évènements culturels, il se lance dans la réalisation de son premier long métrage, « Hexagone ».  Le bel accueil que reçoit ce film, en forme de chronique sociale sur la vie d’une famille immigrée arabe, va lui permettre de poursuivre sa carrière de cinéaste. Suivront, en 1995, « Douce France » ; en 1997, «Nés quelque part » (téléfilm), en 2005 « Voisins, Voisines) et en 2011, «  Le choix de Richard ».

Après trois ans de préparation, d’écriture et de tournage, Malik Chibane sort aujourd’hui « Les Enfants de la chance », une fiction adaptée d’une histoire vraie. Celle d’un monsieur âgé aujourd’hui de 86 ans, qui, né en France de parents immigrés juifs polonais, avait échappé plusieurs fois à la déportation dans les années  40, grâce à une série d’incroyables concours de circonstances. Ce rescapé, qui s’appelle Maurice Grosman, avait publié, en 2009, aux Editions de l’Archipel, un livre témoignage sur sa vie, intitulé « N’habite plus à l’adresse indiquée ».C’est donc ce  livre qui est à l’origine de ce film.

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