Les hommes du feu

Un sujet piège, remarquablement maîtrisé !
De
Pierre Jolivet
Avec
Émilie Dequenne, Roschdy Zem, Michaël Abiteboul, Guillaume Labbé, Grégoire Isvarine, Guillaume Douat
Notre recommandation
4/5

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Thème

Dans une caserne du Sud Ouest de la France, une nouvelle arrivée, Bénédicte, dite Béné (Émilie Dequenne), est la seule femme pompier. En tant qu’adjudant-chef, elle n’a que des hommes sous ses ordres, tel Xavier (Michaël Abiteboul), d’un grade équivalent, qui n’a aucunement l’intention de se laisser dicter des ordres par une femme. Heureusement, Philippe, le commandant (Roschdy Zem), veille au grain et n’est pas prêt, lui, à voir se multiplier les conflits stupides.

Première sortie, premier accroc : l’équipe, sous la responsabilité de l’adjudante, laisse un blessé sur les lieux d’un accident la nuit et sous une pluie torrentielle. Est-ce que la nouvelle a bien exécuté le tour circulaire obligatoire avant de quitter l’endroit d’un sinistre ? Une enquête s’ensuit.

Pendant ce temps, un grave incendie se déclare. « Le feu, c’est beau, de loin », dira le commandant des pompiers à la fin du film. Le spectateur les aura vus de près, les incendies, au cours de ce film grave et juste sur ce métier admiré, respecté et craint.

Points forts

Le colonel des pompiers de l’Aude a dit au cinéaste Pierre Jolivet : « Je vous laisse les pompiers et l’équipement : la caserne est à vous ». De son côté, le lieutenant qui dirige la caserne a fait lui aussi confiance au réalisateur. Et c’est ainsi que les acteurs ont été plongés dans une vraie caserne entourés de professionnels de la profession…
Nous les suivons partout, dans les endroits où des gens sont en danger, accidentés, dépressifs, femmes battues, ou chez eux le soir tard sous le regard de leur conjoint, tendu quand il a attendu trop longtemps le retour du héros ou de l’héroïne… Ce métier exigeant dévore la vie privée.
S’il y a de vrais pompiers autour des comédiens, ces derniers veulent être à la hauteur. Comme d’habitude, Émilie Dequenne est épatante, Roschdy Zem, précis, et tous les autres comédiens, sur la même ligne de feu, font le travail.

Quelques réserves

On n’apprend pas grand’ chose de ce métier que l’on ne sache déjà. C’est la limite d’une intrigue attendue. Et pourtant, curieusement, le spectateur est toujours tenu en haleine et ne s’ennuie pas. Le thème est porteur pour ne pas dire brûlant…

Encore un mot...

Le film a plusieurs origines, explique Pierre Jolivet. Il y a eu d’abord ce fait divers en 2012, l’incendie déclenché par un garçon de 14 ans qui avait mis le feu à 400 hectares au Plan d’Orgon.

L’affaire avait fait la une des journaux. « Je n’avais cessé de me demander, explique le cinéaste, pourquoi mettre le feu ? Est-ce de la fascination pour les flammes ou la volonté de détruire ? ».

Ce questionnement a croisé un souvenir qui est resté ancré dans la mémoire de l’artiste : un incendie dans un village du Club Med. Il avait fallu évacuer les centaines de touristes. « Assis par terre, dit Pierre Jolivet, on était tous happés par cet étrange spectacle, sublime et atroce à la fois ».

L'auteur

Cinéaste engagé à gauche, Pierre Jolivet cultive le social dans ses films. Son plus réussi et populaire, « Ma petite entreprise », avec Vincent Lindon, avait valu à François Berléand un César du meilleur second rôle. 

Éclectique et inégal, Pierre Jolivet touche un peu à tous les genres, avec des films aussi différents que « Force majeure », qui l’a fait connaître, « Fred » et « En plein cœur ».

Il a débuté avec Luc Besson dont il a co-écrit le scénario de ses deux premiers films, « Le dernier combat » (1983) et « Subway » (1985), avant de se brouiller avec le cinéaste du « Grand bleu ». 

Il est le fils des comédiens Jacques Jolivet et Arlette Thomas, le frère de l’humoriste Marc Jolivet, le père de l’acteur Adrien Jolivet et le frère de la comédienne Françoise Dasque. Il a fait un duo comique avec son frère dans sa jeunesse. Et en solo, il n’est pas mal non plus. C’est de famille…

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