
Les Musiciens
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Thème
Après la mort de son père, un grand industriel amateur de musique, Astrid, une riche héritière, éprise elle aussi de classique (Valérie Donzelli), se met en tête de lui rendre hommage en réalisant son rêve : réunir un quatuor de Stradivarius pour un concert unique. Motif de ce concert donné en direct à la télévision devant un parterre de privilégiés ? La création mondiale d’une partition écrite trente ans plus tôt par un compositeur contemporain désormais retiré du monde, Olivier Beaumont (Frédéric Pierrot).
Pour mener à bien son entreprise, Astrid recrute quatre musiciens. S’ils ont l’avantage de jouer chacun divinement, ils ont tous un ego démesuré et un sacré caractère. Les répétitions s’avèrent tellement houleuses, pour ne pas dire explosives, qu'Astrid ne voit pas comment ces quatre-là vont pouvoir, en moins d’une semaine, réussir à « s’accorder ». En désespoir de cause, elle appelle à la rescousse l’auteur de la partition…
Points forts
Le sujet même du film : la musique classique, rarement abordée au cinéma.
Le biais par lequel Grégory Magne l’a abordé : celui de l’être humain - et donc faillible -,qui se cache derrière tout instrumentiste, aussi génial soit-il. Les musiciens classiques donnent souvent l’image d’une perfection inaccessible, et donc parfois décourageante pour le commun des mortels. Le cinéaste nous montre que ces artistes sont des gens comme les autres, à cette différence près qu’ils doivent mettre de côté leurs défauts (narcissisme, mesquinerie, jalousie, frustration…) sous peine de ne pas arriver à jouer ensemble. Magne ne désacralise pas la musique classique, puisqu’il nous la fait entendre dans toute sa majesté, mais il nous aide à l’apprivoiser, en nous « prouvant » qu’elle est le résultat d’un travail qui ne peut aboutir que si chaque participant fait preuve d’humilité et apprend le « vivre ensemble ».
Une des grandes forces de ces Musiciens est sa distribution. Les musiciens du quatuor, Mathieu Spinosi, Emma Ravier, Daniel Garlitsky et Marie Vialle sont de vrais musiciens. Ils ne font pas semblant. Cela change tout et assoit cette splendide fiction dans une vérité souvent absente des films sur le classique. Frédéric Pierrot joue avec la subtilité et l’humanisme qu’on lui connaît, l’auteur bougon de la partition qui va être jouée. Quant à Valérie Donzelli, elle joue à merveille son personnage d’organisatrice intrépide, pragmatique et futée.
Quelques réserves
Les musiciens classiques professionnels savent que pour constituer un quatuor, il faut des années de pratique. Que les quatre instrumentistes du film parviennent à trouver l’harmonie en sept jours (dont cinq de chamailleries !) relève de la pure fiction. Pourtant, d’un point de vue du « suspense scénaristique », cela peut « s’ entendre » sans couac : Les Musiciens est une comédie sur une aventure musicale, pas un documentaire, ni non plus un cours magistral. On peut aussi reprocher à ce film de nous laisser d’emblée, deviner sa fin…
Encore un mot...
Après Les Parfums, dans lequel il explorait les mystères et les contraintes de ce drôle de métier qu’est un « nez », Grégory Magne nous entraîne dans celui de musicien classique, tout aussi mystérieux et impressionnant. Chic ! On retrouve sa marque (encore fraîche) de cinéaste influencé par les cinémas de Patrice Leconte et de Marc Fitoussi, et aussi son regard sincèrement bienveillant pour ses personnages. La plus jolie découverte de la semaine.
Une phrase
« Les Musiciens est d’abord une comédie. Il m’importe qu’on puisse rire ou sourire des situations comme des personnages. Là où ça peut être perturbant, c’est que le propos et la manière dont on aborde la musique sont traités avec le plus grand sérieux. Il faut donc donner au spectateur l’autorisation de porter un regard amusé sur ce qu’il voit, lui signifier qu’il a le droit d’en rire ou d’en sourire. Chaque spectateur vit cela à l’aune de sa propre causticité. » ( Grégory Magne, réalisateur- Extrait du dossier de presse).
L'auteur
Né en Bourgogne en 1976, Grégory Magne débute dans la vie professionnelle comme journaliste au Parisien. En 2007, il plaque tout pour traverser l’Atlantique en solitaire de la Rochelle à Salvador de Bahia au Brésil. Sur un voilier de 6,5 mètres dépourvu de tout moyen de communication, il embarque une caméra pour raconter son quotidien. Il en tire son premier film, un documentaire qu’il intitule Vingt-quatre heures par jour de mer. La même année, il écrit un livre sur la Coupe de l’America.
En 2012, il écrit et réalise avec Stéphane Viard son premier long métrage, L’Air de rien, une comédie grinçante dans laquelle Michel Delpech interprète un chanteur criblé de dettes. Le film révèle aussi Grégory Montel dans son premier rôle. En 2018, il retrouve le comédien pour son deuxième long métrage, Les Parfums, en tête d’affiche duquel il place aussi Emmanuelle Devos et Gustave Kervern.
Les Musiciens est le troisième long-métrage de Grégory Magne qui fait ce métier pour « exister, écrire et chercher ».
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