L'étage du dessous

Mauvaise conscience, réalité et fiction: traitement subtil d'une grande question
De
Radu Muntean
Avec
Teodor Corban, Iulian Posteinicu, Oxana Moravec, Ionut Bora
Notre recommandation
4/5

Infos & réservation

Lu / Vu par Culture-Tops

Thème

Sandu Pătrașcu mène une vie sans histoire. Travail avec son épouse dans leur société chargée d’enregistrer les immatriculations des véhicules à la place des propriétaires, jogging avec son chien Jerry, régime. Il y a bien le fils Matei, accro aux jeux vidéos mais comme Olga acquiesce… 

Un jour, en rentrant chez lui, Pătrașcu perçoit derrière une porte, les échos d’une dispute amoureuse.  Peu après, la jeune femme entendue, une certaine Laura, étudiante d’origine italienne, est retrouvée morte. Accident ou crime ? Bien que soupçonnant son voisin Vali, qu’il a vu sortir de l’appartement, Pătrașcu ne dit rien à la police. Bientôt, Vali s’immisce dans sa vie et sa famille…

Points forts

- Inspiré d’un fait réel, le film se pose moins en jugement de la lâcheté qu’en questionnement de la conscience confrontée à la justice et au devoir citoyen : que faire devant une situation exigeant notre intervention ? Faut-il agir s’il subsiste ne serait-ce que 1% de doute ?

- Le parti pris du réalisme quotidien en temps réel : on entend et on voit ce que Sandu Pătrașcu entend et voit, au moment où ça lui arrive. Les petits gestes de la vie, les grands silences et les non-dits sont rois.

- Aucun effet ne vient tendre artificiellement la dramaturgie.

- Une mise en scène subtile : plus le héros s’enfonce dans sa culpabilité, plus le monde devient flou autour de lui.

Quelques réserves

Si le réalisateur a le grand mérite de ne sombrer dans aucun moralisme, on peut cependant regretter une fin “neutre”. Rien n’aura vraiment changé après la bagarre finale. On a envie de dire : tout ça pour ça ? Le cinéma n’est-il pas aussi une proposition de “more than Life”, une invitation cathartique, surtout par ces temps déjà bien gris?

Encore un mot...

“It’s not my own business”, entend-on souvent dire les personnages dans les films américains devant un problème dérangeant. En France, les infos nous rappellent de temps à autre  que les usagers des transports en commun, eux, baissent le nez. Dans ce combat mêlant peur, lâcheté, désir de tranquillité et peut-être refus de commettre une injustice, Radu Muntean brosse un subtil et redoutable constat sur nos facultés à nous aveugler dans un monde qui se complaît de plus à plus à confondre réel et fiction. A cet égard, la scène où la mère de Sandu s’exclame, “ça c’est une vraie maison” parce qu’il vient de lui poser des rideaux, est révélatrice de la problématique proposée en toute perfidie à notre sagacité.

Une phrase

“Chacun ferme les yeux sur le monde réel”

L'auteur

Né en 1971 à Bucarest, diplômé en Réalisation, de l’Université de Théâtre et de Cinéma, Radu Muntean a réalisé plus de 600 publicités depuis 1996 pour des agences réputées, beaucoup étant primées dans les festivals publicitaires du monde entier. Considérécomme l'une des figures centrales de la Nouvelle Vague roumaine depuis son 1er long-métrage, Rage(2002), il est devenu l’hôte assidu de nombreux festivals, de Locarno à Cannes. L’étage du dessousest son cinquième film.

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