L’homme qui répare les femmes

Impressionnant, utile, et même nécessaire
De
Thierry Michel
Notre recommandation
3/5

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Vu
par Culture-Tops

Thème

L’homme qui répare les femmes, c’est le gynécologue Denis Mukwege. Le documentaire le montre dans son hôpital de Panzi, dans la région du Sud Kivu, au Congo, à la frontière avec le Rwanda et le Burundi. Depuis vingt ans, les conflits épuisent cette région où les femmes sont victimes de viols en masse. Menacé de mort et protégé par les soldats de l’ONU, le docteur ne quitte pas son hôpital. Cela ne l’empêche pas de répondre aux sollicitations internationales pour alerter les opinions. On le voit recevoir le prix Sakharov au Parlement Européen, à Strasbourg, le 26 novembre 2014. Ou encore invité par le Sénat américain ou par l’université de Louvain. Chirurgien, pasteur pentecôtiste et activiste de l’Etat de droit, le docteur Denis Mukwege est le digne héritier de grandes figures humanistes comme Mandela ou Luther King.

Points forts

- Dans ce portrait fidèle et pointu, le cinéaste alterne les décors. On découvre la magnifique région d’enfance du docteur, en bordure du lac Kivu. Enfant, Denis traversait ces paysages lorsqu’il accompagnait son père, pasteur protestant, à l’occasion de ses visites à ses coreligionnaires. Aujourd’hui, le docteur vient s’y ressourcer. On le voit faire une halte sur la route sinueuse, entouré des soldats de l’ONU dans leurs 4 x 4.
 
- On le voit aussi dans son hôpital opérer de très jeunes filles, discuter avec elles, leur redonner confiance, les réparer… Les femmes, c’est son combat et dans le film, elles ne le lâchent jamais, elles le protègent des violents, sans armes; comme les soldats de l’ONU, avec armes.
 
- « La région où je vis est l’une des plus riches de la planète, déclarait le docteur dans son discours au parlement de Strasbourg. Pourtant l’écrasante majorité de ses habitants vivent dans une extrême pauvreté, liée à l’insécurité et à la mauvaise gouvernance. Le corps des femmes est devenu un véritable champ de bataille, et le viol est utilisé comme une arme de guerre. »
 
- En octobre 1996, des opposants congolais dirigés par Laurent Désiré Kabila, ont attaqué le Congo via le Sud Kivu, épaulés par des Rwandais perpétrant de multiples massacres. C’était la première guerre du Congo. La deuxième s’est déroulée entre 1998 et 2002, provoquant à nouveaux des dommages extrêmes pour les populations.

Quelques réserves

Un documentaire n’a pas l’attrait d’un film de fiction. Il n’y a pas d’intrigue forte, de suspense, de spectacle. C’est la seule restriction très générale qu’on peut faire à ce film utile et nécessaire.

Encore un mot...

Il y a vingt ans, Thierry Michel réalisait un film sur la lutte pour la vie au sein d’un hôpital public en Guinée, « Douka, radioscopie d’un hôpital africain ». Dix ans plus tard, à l’occasion d’un autre film tourné en Afrique, « Congo River », il avait récolté des témoignages de violeurs, les miliciens Mai-Mai, qui se définissaient comme des chiens enragés au nom d’intérêts mafieux pour s’approprier les richesse minières du Congo et les terres fertiles de ce paradis sur terre, devenu un lieu de résilience et de résistance. A l’image du combat exemplaire que mène le docteur.

Une phrase

« Je voudrais tant ne plus évoquer ces crimes odieux dont mes semblables sont victimes. Mais comment me taire, quand, depuis plus de quinze ans, nous voyons ce que même un œil de chirurgien ne peut pas s’habituer à voir ? Quand nous savons que ces crimes contre l’humanité sont planifiés avec un mobile bassement économique. Chaque femme violée, je l’identifie à mon épouse ; chaque mère violée à ma mère et chaque enfant violé à mes enfants ».

L'auteur

Né en 1952 à Charleroi, Thierry Michel entre à la télévision belge en 1976 et réalise de nombreux reportages à travers le monde. Il tourne ensuite deux films de fiction et des documentaires pour le cinéma, « Le cycle du serpent », « Mobutu, roi du Zaïre », « Congo River », « Katanga Business »… Il enseigne aujourd’hui le cinéma du réel à L’institut des Arts de Diffusion de Louvain-la-Neuve et à l’université de Liège. Il a réalisé « L’homme qui répare les femmes » avec la journaliste Colette Braeckman, co-scénariste et auteur d’un livre au titre éponyme.

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