L’Olivier

A la mesure du temps qui passe: beau et prophétique
De
Iciar Bollain
Avec
Anna Castillo, Javier Guttiérrez, Pep Ambros
Notre recommandation
3/5

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Lu / Vu par Culture-Tops

Thème

C’est l’histoire d’une jeune femme, Alma, très attachée à son grand-père, agriculteur. Quand celui-ci dépérit, elle cherche par tous les moyens à adoucir sa fin de vie. Et elle trouve. Un olivier millénaire a été arraché dans la propriété par son père et son oncle qui cherchaient à financer la construction d’un restaurant de bord de mer. La vente de cet olivier fut le commencement de la fin pour le grand-père d’Alma. Celle-ci décide de rechercher l’arbre sans doute replanté loin de l’Espagne.

Points forts

- « L’Olivier » est un conte écologique qui plonge dans l’histoire de notre civilisation et nous invite à respecter le vivant, comme on dit aujourd’hui. Ce film a même par moment des allures de conte fantastique. Quand on aperçoit les énormes racines extraites de la terre avec une pelle mécanique, quand on observe le vénérable tronc suspendu à une grue, on a l’impression de voir un géant venu de la nuit des temps ou du fond de l’espace.
 
- « L’Olivier » est aussi un beau portrait de femme moderne et volontaire qui ne s’en laisse pas compter. Cette jeune femme fustige la faiblesse des hommes et abat tous les obstacles. Le macho espagnol en prend un coup dans les tibias, pour rester poli.
 
- Il y a aussi dans ce film une belle prise en compte des réseaux sociaux souvent vilipendés mais ici magnifiés. Quand Alma décide d’aller chercher son olivier en Allemagne où elle l’a repéré sur le logo d’une multinationale pas forcément écologique, elle est immédiatement soutenue, via Facebook, par des groupes combatifs et efficaces d’écologistes allemands.

Quelques réserves

La transition entre le déracinement de l’olivier quand Alma a 12 ans et le dépérissement de son grand-père quand elle en a 20 est maladroite : le lien entre la disparition de l’arbre et la maladie du vieil homme est mal amené. Cela n’enlève rien cependant à la force du conte.

Encore un mot...

Le scénariste du film, Paul Laverty, a été marqué par la lecture d’un article de « El Pais » qui racontait que dans certains pays, mais pas en Espagne, il est interdit de déraciner ces arbres plus que centenaires ; ils doivent donc êtres importés comme des produits de luxe vers les villas de France, de Chine, du Moyen-Orient ou d’Europe du Nord.

La cinéaste Icia Bollain explique de son côté qu’elle avait envie de montrer la jeune génération frappée par la crise. « L’Espagne, comme beaucoup de pays européens, a traversé une récession économique sans précédent, précise-t-elle, une crise immobilière suivie d’une crise financière puis d’une crise bancaire ». La région de Valencienne où a été tourné le film est un territoire entre terre et mer que nombre de jeunes ont dû quitter. Alma a décidé, elle, de reprendre la ferme de son grand-père.
 
Pour mémoire : le plus vieil arbre du monde a été découvert au centre de la Suède, il est âgé de 9500 ans ; certains pins de Californie ont atteint aujourd’hui 4800 ans ; l’arbre le plus gros du monde, un cyprès, s’épanouit au sud du Mexique, il a 1500 ans. Qui dit mieux ?

Une phrase

« “L’Olivier” aborde l’espoir d’un ré-enchantement possible du monde. Une nouvelle façon d’appréhender le futur ». Iciar Bollain

L'auteur

Née à Madrid en 1967, Iciar Bollain a fait une carrière  de comédienne dans son pays. Le cinéaste britannique Ken Loach l’a dirigée dans « Land and fredom » (1995), César du meilleur film étranger, dont le scénario racontant la guerre d’Espagne était signé par Paul Laverty, comme la plupart des films de Ken Loach. C’est sans doute sur ce film que Iciar Bollain et Laverty ont eu l’idée de travailler ensemble et cela a donné « Même la pluie » choisi par l’Espagne en 2010 pour l’oscar du meilleur film étranger. Par ailleurs, l’un des très beaux films précédents d’Iciar Bollain, « Ne dis rien » (2003), qui avait pour thème la violence conjugale, a rencontré un énorme succès lors de sa sortie en Espagne ; c’était la première fois qu’était abordé par le biais d’une fiction un phénomène social qui frappe cette nation plus que tout autre pays européen. Pour son nouveau film, « L’Olivier »,  la réalisatrice retrouve son scénariste préféré - et le nôtre -, Paul Laverty.

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