MADELEINE COLLINS

En forme de thriller, Madeleine Collins est un portrait captivant de femme déchirée entre deux « mondes »… Avec une Virginie Efira à la fois multiple et telle qu’en elle-même, belle et naturelle…
De
ANTOINE BARRAUD
Avec
VIRGINIE EFIRA, BRUNO SALOMONE, QUIM GUTIÉRREZ, JACQUELINE BISSET…
Notre recommandation
4/5

Infos & réservation

Thème

Une femme à la beauté radieuse (Virginie Efira) - la Madeleine Collins du titre ? - mène une double vie familiale entre la France et la Suisse. Sous le prénom de Judith, elle vit à Paris avec Melvil (Bruno Salomone), un brillant chef d’orchestre dont elle a eu deux garçons, désormais ados. Dans la banlieue de  Genève, prétendant s’appeler Margot, elle élève avec Abdel ( Quim Gutiérrez ) une adorable petite Ninon âgée d’environ 6 ans. Entre ces deux foyers, Judith/Margot semble très bien se débrouiller, justifiant ses absences régulières par les exigences de son métier de traductrice pour une ONG, qui, selon elle, l’amènerait à voyager dans toute l’Europe. Un jour, à cause d’une petite faute d'inattention ( une conversation téléphonique surprise par qui ne devrait pas ), tout se craquèle. Son bel équilibre se lézarde. La voilà prise dans un engrenage infernal. La dégringolade est vertigineuse. Elle choisit la fuite en avant. Mais qui est réellement Madeleine Collins ?

Points forts

— Peut-on arriver à cerner une femme qui mène une double vie de mère dans deux familles différentes ? Et si oui, comment ? A partir de ces deux questions qui finissent par n’en former qu’une, Antoine Barraud a tricoté un scénario d’une subtilité d’autant plus machiavélique qu’il fallait qu’il rende plausible le fait que cette femme ait pu être mère dans deux foyers différents et que les pères n’y voient que du feu. Devant cette difficulté, le cinéaste aurait pu « caler ». Il l’a surmontée par un subterfuge très malin, dont, évidemment, ici, on ne dévoilera rien.

— Pour interpréter sa « femme aux deux vies », Antoine Barraud voulait une actrice qui, malgré ses mensonges, resterait sympathique au yeux du spectateur. Très vite, Virginie Efira s’est imposée à lui. « Elle a cette faculté de rester sans cesse solaire, explique-t-il. Elle est très belle, mais sa beauté n’est ni distante, ni menaçante, elle est positive ». Et de fait, la comédienne est formidable dans ce double rôle. A la fois ambigüe, énigmatique et charmante, elle évoque les héroïnes hitchcockiennes. Le reste du casting ne déçoit pas, notamment Bruno Salomone, trop rare au cinéma, parfait en chef d’orchestre que l’amour de la musique rend aveugle aux étrangetés du comportement de sa femme. Et aussi Jacqueline Bisset étonnante en mère odieuse.

Quelques réserves

A trop vouloir nous faire percevoir le vertige que provoque, chez son héroïne, l’accumulation de mensonges, le scénario s’emberlificote aussi. Au point d’en perdre, à certains moments, sa lisibilité.

Encore un mot...

Décidément, depuis quelques mois, Virginie Efira  est sur tous les fronts du grand écran, à la fois telle qu’en elle même, belle et naturelle, et en même temps, multiple et changeante, incarnant avec le même bonheur aussi bien les nonnes lesbiennes ( Benedetta ) que les fliquettes au grand cœur (Police), les coaches de natation synchronisée (Le Grand bain) que les coiffeuses atteintes de maladie incurable ( Adieu les cons ). Pour ce Madeleine Collins qui se situe entre le Kramer contre Kramer  de Robert Benton et le Vertigo de Hitchcock, la voici encore une fois dans un rôle inédit pour elle, celui d’une femme qui semblait équilibrée malgré ses mensonges à répétition, et qu’on va voir se « déliter», sans rien perdre, ou presque de son mystère.

Une phrase

« J’ai trouvé dans mon personnage de Judith/Margot une thématique qui m’intéresse : une identité multiple dont on enlève peu à peu des fragments, et aussi un personnage qui ne sait plus bien ce qui lui reste dans cette déstabilisation progressive. Jusque là, j’ai davantage joué des parcours inverses : des femmes qui tombent, puis se relèvent et se fortifient. Là c’est quelqu’un de fort à qui l’on élève les différents rivages auxquels s’accrocher » (Virginie Efira, comédienne).

L'auteur

Bien qu’il soit réalisateur, scénariste, producteur et monteur, et qu’il ait tourné, en tant qu’acteur, dans une vingtaine de films, Antoine Barraud est l’une des personnalités les plus discrètes du cinéma hexagonal. Né en 1972, il a été révélé en 2005 au Festival Premiers Plans d’Angers avec Monstre. Un premier court métrage qu’il fera suivre d’une demie-douzaine d’autres. Entre chacun, ou presque, il fera des portraits de cinéastes, dont Kohei Oguri, Koji Wakamatsu et Kenneth Anger.

En 2012, il se lance dans le long métrage avec Les Gouffres, un drame d’horreur avec Nathalie Boutefeu et Mathieu Amalric. Suivra en 2015, Le Dos rouge, une comédie dramatique avec Bertrand Bonello, Jeanne Balibar et Géraldine Pailhas. Madeleine Collins, qui avait été présentée aux Giornate degli Autori de la dernière Mostra de Venise est donc son troisième long métrage.

Le clin d'œil d'un libraire

 

— TOUS EN SCÈNE 2 de GARTH JENNINGS — FILM D’ANIMATION AVEC LES VOIX DE TARON EGERTON, SCARLETT JOHANSSON, REESE WITHERSPOON…

Après le carton planétaire de leur première aventure qui a généré 635 millions de dollars de recettes, revoilà les irrésistibles petits animaux de Tous en scène. Pour ce deuxième volet, on les retrouve, tels qu’en eux mêmes, dans leur petit théâtre. Depuis qu’ils ont été sauvés de la faillite grâce à un concours de chant, ça roule pour eux ! Avec leur « revue » éblouissante de bonne humeur et d’inventivité, ils font salle comble, chaque soir. Leur « patron », Buster Moon, - le plus malin des koalas - estime qu’il est temps de  passer à la vitesse supérieure. Pour cela, il doit arriver à convaincre Crystal, le redoutable loup du show-business qui règne en maître sur l’industrie du spectacle, de monter une nouvelle revue, encore plus grandiose, à Red Shore City, la « Mecque » des comédies musicales. Encore faut-il réussir les auditions et avec l’omnipotent et irascible Crystal, c’est loin d’être gagné ! Sur une idée soufflée par Gunther, le plus extravagant des cochons, Buster propose à Crystal de créer un show fantasmagorique qui se déroulerait dans l’espace et qui, cerise sur le gâteau, signerait le grand retour sur scène d’une vieille star du rock…

Et c’est parti pour cent dix minutes d’animation incroyables menées tambour battant sur des rythmes endiablés et dans des couleurs qui éblouissent les yeux. Tous plus craquants les uns que les autres, les personnages dansent, chantent, virevoltent ou se lancent dans les airs sur les plus grands tubes des têtes d’affiche du moment ( Billie Eilish, Drake, Eminem, Bono, Coldplay, etc…) ou des stars d’hier ( Prince, U2, Elton John, et même, l’inoxydable Prokofiev). 

Drôle, émouvant, inventif, sur-vitaminé, ce Tous en scène 2 est encore plus enthousiasmant que son numéro 1. Ce qui n’est pas peu dire. 

Recommandation :  5 coeurs

 

- LA CROISADE  de LOUIS GARREL — Avec LAETITIA CASTA, JOSEPH ENGEL, LOUIS GARREL…

Abel et Marianne découvrent que leur fils, Joseph, 13 ans, les a délestés, en douce, de quelques-uns de leurs objets les plus précieux, des bijoux et des vêtements de marque pour elle, des montres de luxe et des bouteilles de grands crus hors de prix pour lui. Après une petite enquête, ils comprennent que leur rejeton n’est pas le seul enfant à avoir subtilisé des objets à ses parents, qu’en fait, ils sont même des centaines à travers le monde à avoir agi ainsi. Leur but ? Recueillir des fonds pour financer des projets qui devraient sauver la planète. Le premier d’entre eux est d’ailleurs déjà prêt. Il devrait permettre à l’Afrique de sortir de sa sécheresse.

Après l’Homme fidèle, Louis Garrel et Laetitia Casta retrouvent leur rôle d’Abel et Marianne, pour jouer un scénario signé, une fois encore, du regretté Jean-Claude Carrière. Exit les tribulations d’un triangle amoureux, il s’agit ici d’un sujet sérieux et universel, l’écologie, mais traité à la manière Carrière, avec fantaisie et subtilité. On pourra trouver peut-être utopique, voire même un peu trop simpliste, cette histoire de « gamins » qui s’unissent pour redresser la barre en matière de protection de la planète. Mais c’est justement ce qui rend touchante cette comédie à la fois rigolote et profonde, réalisée avec un goût très sûr et une belle habileté par un Louis Garrel visiblement inspiré.

Recommandation :  3 coeurs

 

MICA d’ISMAËL FERROUKHI — Avec SABRINA OUAZANI, ZAKARIA INAN…

Issu d’un milieu pauvre, Saïd, un petit garçon d’une douzaine d’années surnommé Mica essaie d’aider sa famille en vendant des sacs plastique sur les marchés. Un jour, ses parents le confient à un de leurs amis pour qu’il devienne « garçon à tout faire » dans un club de tennis huppé de Casablanca. Doué, débrouillard et très observateur, Mica va finir par se faire remarquer par la nouvelle entraîneuse, Sofia ( Sabrina Ouazani), une ex-championne de France junior qui est revenue vivre à Casablanca après que sa carrière ait été brisée par un accident. La jeune femme prend Mica sous son aile et lui propose de lui donner des cours gratuitement. Ça tombe bien : il est doué. Son chemin sera encore parsemé d’embûches, mais, évidemment, tout finira bien. 

Inspiré au cinéaste franco-marocain Ismaël Ferroukhi par l’histoire vraie d’un ancien ramasseur de balles issu d’une famille pauvre devenu entraîneur de tennis, Mica est une comédie sociale en forme de conte de fée, aussi optimiste que touchante. Bien qu’ancrée dans la déprimante réalité des inégalités sociales au Maroc, Mica est une œuvre optimiste qui montre qu’avec des conditions favorables et de la volonté, l’ascension sociale est parfois possible, même pour les plus défavorisés. 

Mica s’adresse à tous les publics, bien sûr, mais Ismaël Ferroukhi aimerait qu’il inspire les jeunes et leur donne envie d’avancer malgré les difficultés. Il a deux alliés de taille avec ses deux interprètes principaux : Sabrina Ouazani qui joue l’entraîneuse au grand cœur avec une belle vaillance et une magnifique générosité et surtout Zakaria Inan, irrésistible de charme et de ténacité dans le rôle de Mica. 

Recommandation : 3 coeurs

 

 MY KID de NIR BERGMAN — Avec SHAI AVIVI, NOAM IMBER…

En Israël, de nos jours. C’est l’histoire de la relation qu’entretient un père, Aaron, avec son fils autiste, Uri. Une relation tellement fusionnelle qu’elle a fini par presque les couper du monde réel. Mais voilà qu’un jour Aaron s’aperçoit que son fils est devenu un jeune adulte et qu’il a de nouveaux besoins et de nouveaux désirs. Alors qu’ils sont en route vers l’institut spécialisé qui doit accueillir Uri, Aaron décide de s’enfuir avec lui, persuadé qu’il n’est pas prêt pour cette séparation…

Contrairement à ce que ce bref résumé pourrait faire croire, My Kid est moins un film sur l’autisme - encore qu’il en soit une composante essentielle - que sur les liens qui attachent un père à son fils. C’est à ce titre qu’il constitue une rareté dans le cinéma, qui, c’est une banalité de le rappeler, n’a cessé et continue d’explorer essentiellement les relations mères-fils. S’il touche tant, c’est parce qu’il s’inspire d’une histoire vécue, celle que le père de la scénariste Dana Idisis entretient avec son frère touché par un autisme sévère. Dana en avait d’abord tiré un documentaire, mais elle a eu envie de la prolonger dans une fiction, dont elle a confié la réalisation à Nir Bergman, le créateur, entre autres, de la série En thérapie, adaptée en France avec le succès que l’on sait par Eric Tolédano et Olivier Nakache. Lui-même père d’un fils qui a transformé l’homme qu’il était, le cinéaste en a tiré ce film, tendre, subtil ; un film à la fois bouleversant et drôle, ostensiblement influencé par Le Kid de Chaplin, dans sa façon, tour à tour, de faire rire et de serrer la gorge, d’insinuer du burlesque dans presque tous les plans, même les plus dramatiques en apparence. Dire encore que ce Kid israélien bénéficie d’une mise en scène et d’une distribution de haut vol. Deux atouts qui, ajoutés à la qualité de son scénario lui avaient valu d’être sélectionné au Festival de Cannes 2020. 

Recommandation : 3 coeurs

 

- LA SYMPHONIE DES ARBRES  de HANS LUKAS HANSEN - DOCUMENTAIRE.

Luthier à Crémone, haut lieu de la lutherie, Gaspar Borchardt veut fabriquer un violon exceptionnel pour Janine Jansen, une célèbre soliste néerlandaise. Pour réaliser cet instrument dont il ambitionne qu’il ait le son d’un Stradivarius, il se met en quête de l’arbre qui fournira un bois idéal, un érable ondé multi-centenaire devenu presque introuvable. Pour le dénicher, Gaspard va écumer les forêts d’Europe centrale, dont celles de Bosnie très dangereuses d’accès. Non seulement elles sont exploitées par d’inquiétants bûcherons, mais elles sont, encore aujourd’hui, truffées de mines antipersonnel, datant du conflit qui a suivi l’éclatement de la Yougoslavie dans les années 90…

C’est à une véritable aventure que nous convie cette Symphonie des arbres venue de Norvège. Une aventure à la fois musicale et romanesque, conçue comme une chasse au trésor. Un des points forts de ce documentaire traité comme un polar, est de nous faire découvrir que, le métier de luthier ne s’exerce pas seulement dans le secret d’un atelier mais qu’il implique aussi d’aller à la recherche d’arbres cachés au milieu de forêts parmi les plus mystérieuses et les plus reculées d’Europe. Et puis, comme une récompense supplémentaire pour les mélomanes, on y voit et entend jouer Janine Jansen. Un moment de

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