Maesta: La Passion du Christ

Un OVNI cinématographique: exigeant mais beau
De
Andy Guérif
Avec
Jérôme Auger, Mathieu Bineau, Jean-Gabriel Gohaux, Paul Beneteau, Guillaume Boissinot, Pierre Josse, François Guindon, Gregory Markovic.
Notre recommandation
4/5

Infos & réservation

Thème

Au XIIIème siècle, Duccio di Buoninsegna peint, pour le dôme de la cathédrale de Sienne (Italie), La Maesta, une Madone en majesté avec des saints et, à son revers, une série de 26 tableaux relatant la Passion du Christ. Au fil d’avanies séculières, seuls les 26 tableaux ont été sauvés et reconstitués tel qu’en leur origine. Andy Guérif anime ces derniers comme autant de courts-métrages : les comédiens, en costumes du Moyen-Age, entrent dans des décors vides, peints à plat, s’immobilisent pour ressembler à l’original et passent à l’espace suivant, chronologiquement mais parfois aussi simultanément.

Points forts

- Ovni d’Art plastique et cinématographique ludique et perspicace.

- Une beauté esthétique éblouissante.

- Une interrogation intelligente sur le discours, l’action et le temps induits par l’image fixe : que s’est-il passé avant ce moment et que se passera-t-il immédiatement après ? Dans son roman HHhH, Laurent Binet questionnait pareillement la pertinence de la description d'un vêtement ou d'une mimique au risque de trahir la réalité.

- Un humour iconoclaste malicieusement décalé pour un film usant scrupuleusement des images religieuses.

- Un travail manipulant les sons et les dialogues avec autant de soin que les images afin de les rendre signifiantes à tout niveau.

- Destiné à tous les amoureux et les curieux des musées, des salles obscures et plus généralement de l’Art.

Quelques réserves

Le principe lui-même car il exige une concentration et une attention du spectateur auxquelles les temps présents ne l’incitent plus guère. Certains pourront se montrer réfractaires à ce procédé en le trouvant trop systématique. Les autres n’auront qu’une envie : le revoir pour ce qui leur aura échappé.

Encore un mot...

Le tableau original montré à la fin, quand la caméra recule, donne la mesure de la prouesse artistique de la réalisation. Comme quoi l’Art n’oblige pas nécessairement à la provocation pour être original et susciter une impression aussi forte que durable.

Une phrase

“Il y a un effet assez vertigineux à découvrir les vignettes du polyptique avec un dézoom”. Andy Guérif. CQFD.

L'auteur

Artiste, cinéaste et plasticien né en 1977, diplômé de l’Ecole des Beaux-Arts d’Angers, ville dans laquelle il réside, Andy Guérif s’est fait remarquer en 2002 avec Why are you running ?, un court-métrage qui interrogeait en plan-séquence la fabrication d’une scène deVertigo (Hitchcock); puis, en 2006, avec Cène,un autre court-métrage préfigurant Maesta, où il filmait la préparation d’un décor, l’installation des comédiens et leur immobilisation. On lui doit encore Le code de l’Art, un livre dans lequel il associe la signalétique routière à des chefs d’œuvre picturaux. Démarré en 2008 et achevé en 2015, Maesta est son 1er long-métrage.

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