Mal de pierres

Vrai, sans esbroufe, profond et hautement romanesque
De
Nicole Garcia
Avec
Marion Cotillard, Louis Garrel, Alex Brendemühl, Brigitte Roüan
Notre recommandation
4/5

Infos & réservation

Thème

Gabrielle (Marion Cotillard) a le mal de pierres, autre façon d’appeler, dans le sud de la France et ailleurs, les calculs rénaux. Il lui arrive de se tordre de douleur. Son père, exploitant agricole, sa mère, sa sœur cadette, ne peuvent que compatir dans ces moments-là qui sont violents et brefs. 
Au cœur de la Haute Provence, sur le plateau de Valensole couvert de lavandes, dans le vacarme des cigales et sous un soleil de feu, Gabrielle est une héroïne elle aussi enflammée. Elle tombe amoureuse de l’instituteur du village qui, effrayé, la repousse, ce qui la conduit au bord du suicide.
 « Elle a ses nerfs », dit sa mère qui songe à la faire soigner à Marseille dans un hôpital psychiatrique et choisit finalement de la marier à un ouvrier maçon d’origine espagnole, José (Alex Brendemühl), un homme qui l’aime et qu’elle n’aimera jamais, le prévient-elle. Nous sommes en 1950, dans une France « archaïque » dit Nicole Garcia, où la seule voie qui s’ouvre aux filles est le mariage. 
Pour soigner son mal de pierres qui peut la rendre stérile, un médecin lui propose une cure en Suisse. Là, elle rencontre André Sauvage (Louis Garrel), un officier français qui a attrapé un mauvais virus en Indochine, et dans cet endroit peu hospitalier elle imagine enfin le grand amour…

Points forts

- On aime cette histoire, inspirée d’un livre de Milena Agus, pour son parfum hautement romanesque et romantique. Et aussi pour la belle surprise qu’elle réserve au spectateur vers la fin du film qui en change totalement la perspective.
 
- On est sensible à la reconstitution d’une époque qui sonne juste, avec ces immigrés espagnols chassés de leur pays après la victoire franquiste et qui renforcent la main d'œuvre agricole locale pour la saison des lavandes. Le regard minutieux de la réalisatrice sur les qualités et les travers d’une société traditionnelle nous touche également. La modernité viendra plus tard. 1968 est encore loin.
 
- On est séduit par la manière dont Nicole Garcia fait entrer naturellement, simplement, sans esbroufe, le spectateur dans cette histoire touchante, en accompagnant les acteurs qui eux-mêmes n'en font pas des tonnes, avec doigté et respect.
 
- Marion Cotillard campe une belle fille du Sud qui veut vivre sa vie hors des rails tracés par sa famille. Elle est magnifique et moderne avant l'heure dans sa quête acharnée d’amour vrai. Et l’on ne serait pas surpris qu’elle décroche un prix d’interprétation.

Quelques réserves

Nicole Garcia prend son temps pour tisser sa toile. On aimerait un peu plus d’emballement mais sous la chaleur du Sud, la vie aussi prend son temps. Nous l’avons oublié, spectateurs du XXIe siècle, habitués que nous sommes à la rapidité et au fracas des villes.

Encore un mot...

L’intrigue débute par la fin, à Lyon. Le film s’enroule ensuite autour d’un long flashback, d’abord dans la région natale de Gabrielle, sur le plateau de Valensole, puis à La Ciotat où son mari maçon lui a construit une belle maison au bord de la Méditerranée, sans oublier l’intermède Suisse. Ces quatre lieux sont les quatre points cardinaux d’une grande histoire d’amour qui n’est pas celle que l’on croit. Telle est la réussite de ce beau film qui raconte une vie en n'en dévoilant qu'à la fin le véritable enjeu. 

Une phrase

« Ce que vit Gabrielle, je l’ai ressenti comme nous tous. C’est une force qui fait partie de nous, qui est universelle, qui rend la vie plus grande que la vie, qui nous attire vers le merveilleux, vers l’inconnu ». Nicole Garcia

L'auteur

Nicole Garcia a mené une belle carrière d’actrice en tournant avec Bertrand Tavernier dans « Que la fête commence », Alain Resnais dans « Mon oncle d’Amérique », Claude Sautet dans « Garçon ! » et  aussi avec Jacques Rivette, Bertrand Blier, Jacques Deray, Philippe de Broca, Claude Lelouch, Claude Miller…
 Elle a commencé, en 1990, à l’âge de 44 ans, une féconde carrière de réalisatrice avec « Un week-end sur deux », César du meilleur premier film, puis « Le fils préféré », César du meilleur film et du meilleur réalisateur, « Place Vendôme », César du meilleur film, meilleur réalisateur et meilleur scénario original. En 2006, elle présentait « Selon Charlie » à Cannes et la voici, aujourd’hui, avec « Mal de pierres » qui sortira en France le 19 octobre.

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