Misanthrøpe

Damián Szifrón, le réalisateur argentin surdoué des Nouveaux Sauvages fait son retour avec un thriller …en langue anglaise, implacable et luxueux, porté par deux acteurs superbes…
De
Damián Szifrón
Avec
Shailene Woodley, Ben Mendelsohn, Jovan Adepo, Ralph Ineson…
Notre recommandation
4/5

Infos & réservation

Thème

Une nuit de la Saint-Sylvestre, alors qu’une bande de copains célèbre joyeusement l'événement sur un des « rooftops » de Baltimore, une volée de balles très précises s’abat sur plusieurs membres du groupe. 29 personnes meurent sur le coup…D’autres crimes de masse vont suivre, qui vont donner lieu à une chasse à l’homme sans précédent, monopolisant le gratin de la police et du FBI, notamment le super agent Geoffrey Lammarck ( Ben Mendelsohn) . Eleanor, une jeune enquêtrice au lourd passé psychiatrique  (Shailene Woodley), se trouve de plus en plus impliquée dans l’affaire. Petit à petit, elle se rend compte que ses démons intérieurs peuvent l’aider à cerner l’esprit de ce tueur (Ralph Ineson) d’autant plus difficile à attraper que  son mode opératoire est imprévisible.

Points forts

  • Dans le monde entier, les réalisateurs dont le nom excite, d’emblée, la curiosité, se comptent sur les doigts de quatre mains. Il y a les chevronnés (Spielberg, Scorsese, Park Chan-wook, Ridley Scott, Pedro Almodovar, Tarantino…) et quelques autres, moins connus (sauf des cinéphiles), mais qui, en un film ou deux, ont réussi à intégrer ce club très fermé  des cinéastes à ne pas rater. Depuis  Nouveaux sauvages (2014), Damián Szifrón en fait partie. La seule annonce de la sortie de son film en France a fait frémir le Landerneau de la critique, d’autant que le réalisateur avait été (trop) longtemps absent des écrans.
  •  Belle surprise ! l’Argentin revient avec un polar, un film d’un nouveau genre pour lui, un thriller bluffant, tant sur sa forme (d’une beauté et d’une fluidité rares), que sur son fond, une évocation de la prolifération des serial killers dans une Amérique  totalement laxiste en matière de vente d’armes. 
  • Évidemment, le casting est à l’avenant de la haute tenue du film, qui place en haut de l’affiche des comédiens incroyables de justesse, de densité : l’Américaine Shailene Woodley,  l’Australien Ben Mendelsohn et, dans le rôle du tueur, le Britannique  Ralph Ineson.
  • La lancinante B.O., signée Carter Burwell (notamment nommé cette année aux Oscars  pour la musique des Banshees d’Inisherin) est sensationnelle. Ses effets sonores qui jouent beaucoup sur des reconstitutions de respirations humaines  creusent encore plus le suspense du scénario.

Quelques réserves

Certains pourront reprocher au scénario et aux dialogues de ce film - à la réalisation et à l’interprétation pourtant impeccables - , de  rester un peu trop sages et convenus. D’autres adoreront au contraire son classicisme.

Encore un mot...

Chic !  Avec ce Misanthrøpe signé du surdoué Damián Szifrón, le polar à l’ancienne, le vrai, celui des années 90, violent, implacable et glacé  (en tête desquels Le Silence des agneaux et Seven) est de retour  sur les écrans. Surgi sans crier gare, c’est-à-dire sans tralala promotionnel, il a emballé la presse. Il y a de quoi : d’une beauté formelle époustouflante, il nous plonge, dès son ouverture (visuellement estomaquante) dans l’Amérique des tueurs de masse et de la libre circulation des armes à feu, cela grâce à un scénario sans bavure, digne de celui d’un David Fincher. Du grand art. D’autant que ce thriller propose aussi, en toile de fond, un passionnant portrait croisé de deux flics antinomiques et complémentaires. Magistral, brillant et élégant.

Une phrase

« Pour Misanthrøpe, j’ai tout fait pour avoir une liberté totale dès le début. Final cut, contrôle créatif…J’assume ce film à 100 %…J’aime le cinéma classique. J’aime le langage classique. Courir après la modernité n’a jamais été mon objectif » (Damián Szifrón, réalisateur).

L'auteur

Né le 9 juillet 1975 à Ramos Mejía dans la banlieue de Buenos Aires, Damián Szifrón a étudié le cinéma aux côtés de l’un des plus grands critiques de son pays natal, Angel Faretta. N’étant pas « obsédé par l’idée de filmer à tout prix», il est un cinéaste qui va à son rythme.

C’est à 28 ans, en 2003, qu’il se lance dans la réalisation avec El fondo del mar, dont il a écrit le scénario. Deux ans plus tard, c’est Tiempo de valientes. Neuf années vont s’écouler avant qu’il ne sorte Les Nouveaux sauvages. Composé de six contes satiriques et cruels, ce film, devenu culte et qui le lança sur le plan international, fut sélectionné en compétition pour la Palme d’Or au  67° Festival de Cannes en 2014 et nominé aux Oscars pour le meilleur film en langue étrangère.

Depuis, on avait perdu la trace de ce brillant réalisateur qui dit ne pouvoir travailler que « s’il est amoureux de son sujet ». Après neuf ans de silence, Misanthrøpe le remet donc sur le devant de la scène. Et c’est tant mieux pour les amateurs de films d’auteur.

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