MUNCH

Un portrait du peintre Edvard Munch, l’auteur du fameux Cri. Un film déstabilisant, mais culotté et passionnant
De
Henrik Martin Dahlsbakken
Avec
Alfred Ekker Strande, Mattis Herman Nyquist, Ola G. Furuseth, Anne Krigsvoll…
Notre recommandation
4/5

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Thème

Comment  rendre compte de la personnalité si multiple d’Edvard Munch, l’un des peintres expressionnistes les plus prolifiques et connus du monde ? Le cinéaste Henrik Martin Dahlsbakken propose une solution originale : il a tourné quatre films en un, chacun d’eux offrant une perspective du peintre à une période clé de sa vie. 

Ce portrait de l’auteur du fameux Cri, est un portrait fragmenté qui nous le montre à quatre âges de sa vie, et qui, de ce fait, donne l’impression de nous faire voyager dans son temps, dans son espace, et aussi à travers son extraordinaire complexité.

On va donc suivre, le jeune Munch dans ses années d’adolescence solitaire, avant qu’il ne tombe amoureux d’une femme mariée ; le retrouver, à l’aube de la trentaine, lorsqu’il se rend à Berlin où son génie créatif va se heurter aux réticences de l’avant-garde ; l’observer au moment de sa maturité, à Copenhague où, en proie aux doutes et en lutte contre ses démons (la drogue et l’alcool notamment), il est interné. Et puis enfin on va  l’accompagner, au crépuscule de sa vie, quand il luttera, de toutes ses forces déclinantes, pour préserver son œuvre de la mainmise des nazis qui occupent alors la Norvège. Le tout dans des séquences enchaînées selon un désordre savamment construit autour des constantes et des contradictions du peintre.

Points forts

  • La grande trouvaille de cette singulière biographie est que le réalisateur a demandé à quatre comédiens différents, trois acteurs et… une actrice, de jouer Munch à quatre périodes de sa vie. C’est pendant une sieste en Espagne que le cinéaste avait eu cette idée de quatre interprètes. Idée formidable qui a permis de montrer l’évolution des obsessions du peintre au cours de sa vie.
  • Autres grands « plus » du film : sa construction sans chronologie (ce qui donne  au spectateur l’impression de se promener en toute liberté à l’intérieur d’une vie, au gré de ses rebonds et de ses ressassements) et son filmage, en noir et blanc ou en couleurs, selon, qui donne une tonalité plurielle au film, et qui renvoie à la personnalité, si ondoyante et si diverse de son héros.

Quelques réserves

On comprend difficilement la raison pour laquelle Dahlsbakken a demandé à Anne Krigsvoll d’incarner Munch dans la dernière partie de sa vie. Malgré son immense talent, la comédienne ne parvient pas à nous convaincre totalement. Est-ce à cause du timbre de sa voix, qu’elle a gardé très féminin, ou de son maquillage, qui ne cherche pas à dissimuler sa vraie nature ? En tous cas, elle donne l’impression d’être plus travestie que investie.

Encore un mot...

A artiste exceptionnel et non conventionnel, biopic d’un genre inédit ! Avec ce Munch, c’est la première fois dans l’histoire du cinéma qu’un réalisateur confie le rôle-titre de son film à quatre acteurs différents. Bien que inégal, le résultat est passionnant, qui donne à voir ici un même artiste sous quatre angles différents et aide sinon à débusquer ses mystères du moins à révéler la richesse de sa personnalité. Même si on ne connaît pas l'œuvre de Munch on pourra être captivé par ce que ce film nous révèle des secrets de l’acte créatif.

Une phrase

« Edvard Munch est l’artiste norvégien le plus reconnu et célébré de tous les temps. Sa production artistique trouve un écho dans le monde entier. Je pense que c’est dû à sa représentation authentique et sans filtre de la condition humaine, de nos sentiments les plus profonds, de nos désirs, de nos besoins. Son œuvre est brute, réelle, intemporelle » (Henrik Martin Dahlsbakken, réalisateur).

L'auteur

Mis à part qu’il est né le 23 mai 1989 en Norvège, qu’il a plusieurs cordes à son arc (production, réalisation, écriture de scénario et montage) dans le milieu du cinéma, et aussi qu’il a réalisé quelques longs métrages (dont, Returning Home, qui fut, en 2015, le candidat norvégien aux Oscars, Forbannelsen en 2022 et Descente mortelle en 2016)  on ne sait  presque rien du parcours  d’Henrik Martin Dahlsbakken. Cela s’explique parce que Munch est le premier film du cinéaste à être projeté en France.

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