NOTRE-DAME BRÛLE

Raconté par Jean-Jacques Annaud dans un thriller d’un réalisme saisissant, le sauvetage de Notre-Dame ravagée par un incendie le 15 avril 2019. Haletant, spectaculaire, dantesque, comme si vous y étiez…
De
JEAN-JACQUES ANNAUD
Avec
SAMUEL LABARTHE, CHLOÉ JOUANNET, JEAN-PAUL BORDES, PIERRE LOTTIN…
Notre recommandation
5/5

Infos & réservation

Thème

15 avril 2019. En fin d’après-midi, alors qu’à l’Elysée, Emmanuel Macron peaufine sa prise de parole imminente sur la crise des Gilets jaunes, le nouvel agent de sécurité de la cathédrale Notre-Dame (c’est sa toute première « garde ») s’aperçoit que l’un des signaux d’incendie placé dans les combles du bâtiment s’est déclenché. Il sonne le branle-bas de combat. A ce moment-là, il ne se doute pas que ce combat, à la fois titanesque et rocambolesque, va durer des heures. Abasourdis par le réalisme des sons et des images,  on va le revivre, évènement par évènement, minute par minute, dans toutes ses péripéties : fausses alertes, évacuations de l’édifice (il y en aura deux), enlisement des unités de pompiers dans la circulation, puis déploiement acrobatique de leurs grandes échelles (en raison de la chaleur dégagée par le brasier), arrivée des Politiques (Anne Hidalgo et Emmanuel Macron) sur les lieux du sinistre, difficultés pour Laurent Prades, le régisseur de la cathédrale de regagner cette dernière (il est, comme par hasard ce jour-là, en visite au Château de Versailles, et lui seul connaît la fonction de chacune des 700 clés de la sacristie qui recèle le coffre où est enfermée, entre autres, l’inestimable couronne d’épines portée par le Christ), etc… Il ne manque rien à cette reconstitution spectaculaire et grandiose.

Points forts

-Quand se déclenche l’incendie de Notre-Dame, Jean-Jacques Annaud n’est pas à Paris. Il est dans sa maison de Vendée, privé de télé, en panne de jour-là. C’est donc à la radio qu’il suit le sinistre, sans se douter une seconde que quelques mois après, Jérôme Seydoux, le président de Pathé, va lui proposer de porter l’histoire de ce drame et de ses acteurs héroïques sur le grand écran. Pour le cinéaste d’Au Nom de la Rose qui est fou d’histoire médiévale et qui n’a pas tourné pour le cinéma depuis 2015 (Le Dernier loup), ce nouveau défi est impossible à refuser.

- Pour rester au plus près de la vérité de la catastrophe , il va prendre son temps. Il consulte les archives existantes, interroge tous ceux qui ont participé ou assisté au sauvetage de la cathédrale, lance un appel pour recevoir des vidéos amateurs (il en recueillera 6000 ! ), étudie la faisabilité de la reconstitution de l’incendie, part en repérage dans d’autres cathédrales françaises, etc. Et parallèlement, il constitue sa distribution : pas de star (pour ne pas créer de confusion avec les vrais héros du film, des pompiers anonymes), mais des comédiens de théâtre aguerris, comme Samuel Labarthe, Pierre Lottin et Jean-Paul Bordes ; des interprètes suffisamment « costauds », physiquement (le poids l’uniforme des pompiers et de leur matériel avoisine les 50 kgs !) et mentalement, car sur certaines scènes tournées au milieu de vraies flammes, pour eux, ça allait vraiment chauffer.

-Le cinéaste s’assure enfin qu’il aura les équipes techniques et le budget nécessaire pour réaliser la reconstitution dont il rêve. Jérôme Seydoux lui alloue les 200 collaborateurs et les 30 millions d’euros qu’il demande.

Le résultat est là : une fiction hors norme, unique, immersive, qui contrairement aux films hollywoodiens ne fait pas la part belle aux effets numériques.

Quelques réserves

Aucune.

Encore un mot...

Réussir à allumer et à entretenir le feu pour survivre, puis des milliers d’années après, parvenir à l’éteindre pour… l’exacte même raison. Étrange retournement de situation  pour l’homme ! 41 ans après La Guerre du feu, Jean-Jacques Annaud retrace, de l’intérieur, minute par minute, comment des « hommes de bonne volonté » vinrent à bout du plus spectaculaire incendie de notre époque, celui qui ravagea le 15 avril 2019 la cathédrale la plus célèbre et la plus emblématique du monde. Mis en scène avec des moyens techniques colossaux, conçu comme un documentaire (dans son souci d’exactitude quant à la relation de l’événement), son film est magistral, qui débute comme fait divers, tourne au film-catastrophe, se poursuit comme un thriller haletant et se clôt, en apothéose, sur un triomphe, celui de la bravoure des soldats du feu. Dantesque et poignant.

Une phrase

« On dira que Notre-Dame brûle est « épique », « hors norme » ou démesuré. On se trompera encore une fois ! Ce quatorzième film signé Annaud est juste une déclaration d’amour à un cinéma en voie de disparition : vrai, sincère et vibrant. Une aventure qui commence dans l’effroyable brasier d’un soir de printemps » (Stéphane Boudsocq, Carnet de bord de Notre-Dame brûle, éditions Gründ/Pathé).

L'auteur

Fils d’un cheminot et d’une mère secrétaire de direction, Jean-Jacques Annaud, né à Juvisy-sur-Orge en 1943, attrape le virus du cinéma en voyant La Bataille du rail de René Clément. Il n’a que onze ans, mais sa vocation est née. Son bac latin-grec en poche, il file à l'Ecole Louis Lumière (dont il sort Major), puis à l’IDHEC (dont il sort aussi Major), tout en suivant parallèlement des cours de théâtre, de préhistoire et d’histoire médiévale à la Sorbonne (dont bien sûr, il sort, également diplômé). Après avoir fait ses armes dans les films publicitaires, il se lance dans le cinéma. Si son premier film, La Victoire en chantant (1976) se solde en France par un cuisant fiasco (il obtiendra cependant l’Oscar du meilleur film étranger, mais sous un autre titre !), le deuxième, Coup de tête, tourné en 1979 sur un scénario de Francis Veber, approche le million d’entrées.

Un succès sur lequel le cinéaste va s’appuyer pour s’attaquer à des projets coûteux et ambitieux. Ce sera, notamment, en 1981, La Guerre du feu (César du meilleur réalisateur), en 1986, Le Nom de la rose, en 1988, l’Ours (de nouveau, César du meilleur réalisateur), puis en 1992, L’Amant, adapté du roman de Marguerite Duras. Donnant raison à la loi des séries, Annaud va ensuite enchainer les échecs commerciaux (entre autres, Sept ans au Tibet, Sa Majesté Minor et Or noir). Ce qui, dans la profession, ne ternira  pourtant pas sa réputation de « grand héritier d’un authentique cinéma populaire ».

Sept ans après Le dernier loup, le cinéaste, alors âgé de 76 ans, s'est attaqué à Notre-Dame brûle. Attendu par le monde entier et déjà pré-vendu dans de nombreux pays, ce film est sans doute le plus ambitieux de la carrière de ce perfectionniste et technicien hors pair, l’un des rares réalisateurs français à jouir d’une notoriété internationale. Membre de l’Académie des Beaux-Arts depuis 2012, Jean-Jacques Annaud est également l’auteur du livre Une vie pour le cinéma paru en 2018 aux éditions Grasset.

Et aussi


- A PLEIN TEMPS d’ERIC GRAVEL —Avec  LAURE CALAMY, ANNE SUAREZ, GENEVIÈVE MNICH…

Mère célibataire de deux enfants qu’elle élève seule à la campagne, Julie se démène pour garder son travail de femme de chambre dans un palace parisien. Quand elle obtient, enfin, un entretien pour un poste correspondant à ses aspirations, une grève générale éclate, paralysant les transports en commun. Le fragile équilibre de Julie vacille. Son emploi du temps établi à la seconde près vole en éclats. Elle pourrait baisser les bras, elle va au contraire se lancer dans une course effrénée. Pour sauver sa peau, et celle de ses enfants. Y parviendra-t-elle ?

Choisir le thriller pour mettre en scène le quotidien survolté d’une mère célibataire, il fallait avoir du souffle. Eric Gravel n’en a pas manqué. Il nous offre là un film social, tendu de bout en bout, sans aucun temps mort, exceptée la séquence (bienvenue) que le cinéaste consacre à l’anniversaire de l’un des enfants de son héroïne. Parenthèse enchantée d’un film palpitant qui dénonce, au passage - mais sans pathos - les conditions de vie, souvent périlleuses, des travailleurs de la France d’« en-bas ». Dans le personnage de Julie, Laure Calamy est sensationnelle. Le jury de la Mostra de Venise lui a d’ailleurs décerné pour ce rôle le Prix de la Meilleure Actrice. Ce même jury a par ailleurs offert le Prix du Meilleur Réalisateur à celui qui l’a ici dirigée. Audacieux et haletant.

Recommandation : 4 coeurs

 

- ENTRE LES VAGUES d’ANAÏS VOLPÉ — Avec DEBORAH LUKUMUENA, SOUHEILA YACOUB…

Amies inséparables, Alma (Déborah Lukumuena) et Margot (Souheila Yacoub) sont deux jeunes comédiennes en recherche de rôles. Un jour, lors d’une audition où elles n’ont plus rien à perdre, elles s’amusent à improviser une vraie-fausse dispute. Bingo ! La première est engagée pour le rôle, la seconde… pour lui servir de doublure. Leur joie ne durera pas. Alma tombe gravement malade. C’en est fini de leur joyeuse insouciance, mais pas de leur amitié, qui au contraire va  fusionner encore plus…

Pour son premier long métrage, Anaïs Volpé a eu envie de parler de ce qu’elle connaît bien : le métier d’actrice (un métier qu’elle a elle-même longtemps exercé au théâtre), et l’amitié entre filles (un sentiment qu’elle a aussi beaucoup éprouvée). Le résultat est ce film exaltant, d’une énergie folle, qui irradie du désir qu’ont deux jeunes comédiennes de monter sur scène, et dont les liens d’amitié indéfectibles vont les faire échapper l’une et l’autre à ces sentiments médiocres souvent attribués aux actrices — et qui font le miel de nombreux scénaristes —, à savoir la jalousie et l’envie. L’intensité émotionnelle très forte que dégage cette ode à l’amitié et à la création, est due en grande partie aux deux interprètes qui en sont les pivots, Deborah Lukumuena (Divines et Robuste) et Souheila Yacoub (De bas étage). L’une et l’autre sont magnifiques de justesse, de générosité et de complicité. Sélectionné à la Quinzaine des Réalisateurs, Entre les vagues avait ému la Croisette. Normal : c’est  un film irrésistible et bouleversant.

Recommandation : 4 coeurs

 

- TROIS FOIS RIEN de  NADÈGE LOISEAU — Avec PHILIPPE REBOT, ANTOINE BERTRAND, CÔME LEVIN…

Brindille, La Flèche et Casquette, trois clochards célestes, vivent au jour le jour, dans une cabane construite par Casquette dans le Bois de Vincennes. Chaque semaine, c’est sacré ! ils jouent au loto. Et voilà qu’un jour, miracle ! ils gagnent une jolie somme. Mais comment la toucher quand on n’a plus ni carte d’identité, ni domicile fixe ? Une fois ces problèmes réglés comment revenir à une vie normale, c’est-à-dire une existence régie par un minimum de conventions sociales 

Cinq ans après son si délicieusement acidulé Petit Locataire, Nadège Loiseau revient sur le grand écran avec une comédie sociale, pile dans l’air du temps, sur la difficile réinsertion des SDF. L’exercice était difficile. Il ne fallait tomber ni dans la caricature, ni dans la condescendance, ni dans le militantisme, ni dans le mélo. Chic ! La réalisatrice a échappé à toutes ces chausses-trappes. Son film est à la fois drôle, tendre, touchant et surtout à la hauteur de ses trois héros. Projeté au Festival de l’Alpe d’Huez, Trois fois rien avait ramassé la mise. Logiquement il devrait connaître une jolie carrière dans les salles, d’autant qu’il est porté par trois acteurs épatants, l’inénarrable Philippe Rebbot, l’irrésistible Antoine Bertrand et le talentueux (et trop rare sur grand écran) Côme Levin.

Recommandation : 3 coeurs

 

- CINQ NOUVELLES DU CERVEAU de JEAN-STÉPHANE BRON- DOCUMENTAIRE

Pouvons-nous répliquer le cerveau humain sur ordinateur ? Le connecter à des machines ? Envoyer des robots coloniser l’univers ? En ce début du 21° siècle, la science-fiction est entrée dans les laboratoires, et, par contrecoup, le développement de l’intelligence artificielle a fait des progrès spectaculaires. Cinq nouvelles du cerveau raconte cinq histoires humaines qui nous plongent au cœur de la science d’aujourd’hui. Cinq dialogues - dont l’un entre un père et son fils sur les conséquences possibles de la « réplique » de l’intelligence et de la conscience sur des systèmes artificiels ! Brrr ! - qui dessinent la carte d’un futur aussi fascinant qu’inquiétant.

C’est la question du rapport de l’homme avec la machine, qui a soufflé ce film au cinéaste multi-récompensé  Jean-Stéphane Bron (Cleveland contre Wall street, L’Expérience Blocher, L’Opéra de Paris…). Passionnant  et « ouvert », son documentaire,  se garde bien de choisir entre visions scientifiques et visions humanistes, cela, pour laisser au spectateur le loisir de se faire une opinion et de trouver son propre chemin de réflexion. Flirtant avec le thriller de SF, du moins pour sa première séquence, Cinq nouvelles du cerveau est de haute volée, mais il n’est jamais abscons, ce qui le place à la portée de tous les spectateurs. Vertigineux et affolant.

Recommandation : 4 coeurs

Commentaires

COMBE Marie-Pierre
mer 23/03/2022 - 13:24

Certes le film est disons globalement remarquable sur de nombreux faits avérés, même romancés, néanmoins le passage de la découverte du lieu exact du feu après la deuxième alerte, dans des combles au pied de la flèche par le personnel de sécurité qui a d’ailleurs pris des photos maintenant diffusées dans les médias, n’est pas retranscrite dans son exactitude ni dans le scénario, ni dans les images.
Il existe un reportage et des photos en UHD de TF1 prises quelques jours avant l’incendie du lieu exact du départ de feu, c’est dommage que Jean-Jacques Annaud n’est pas reproduit avec exactitude ce lieu, avec la visualisation des installations et appareillages électriques du chantier qui est pléthorique au sol et en aérien …

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