NOVEMBRE

La traque policière des auteurs des attentats du 13 novembre 2015 . Au plus près des faits, formidablement documenté et haletant …
De
CÉDRIC JIMENEZ
Avec
JEAN DUJARDIN, ANAÏS DEMOUSTIER, SANDRINE KIBERLAIN, JÉRÉMIE RÉNIER…
Notre recommandation
5/5

Infos & réservation

Thème

 Au soir du 13 novembre 2015, une sonnerie de téléphone avertit le bureau de la brigade antiterroriste à Paris qu’une attaque, sans doute terroriste, s’est produite au Stade de France. Quelques secondes plus tard , tous les postes de ce même bureau se mettent à crépiter en même temps : d’autres attaques sanglantes ont également eu lieu dans plusieurs endroits de la capitale, dans les 10°, 11° ( notamment au Bataclan) et 18° arrondissements. De minute en minute, le nombre des victimes augmente (il sera au final de 130 morts  et de 400 blessés). La BRI, le RAID et la Sdat (sous-direction antiterroriste de la P.J.), tous les services spéciaux de la police sont réquisitionnés. Une course contre la montre s’engage pour retrouver les terroristes afin de les empêcher d’éventuellement récidiver. Le film reconstitue les cinq jours de la folle traque qui a suivi cette nuit d’horreur.

Points forts

  • Porter au cinéma « les attentats du 11 novembre » ? Oui, mais comment ?  Pour dire quoi? Montrer quoi ? Quand, un an et demi après le drame, le producteur Mathias Rubin propose au scénariste Olivier Demangel  (co-auteur de Neuf mois ferme) de réfléchir à la question d’un contenu et d’une forme de scénario, ce dernier, qui est aussi romancier (Station Service),  se rend vite compte que, par respect pour les victimes, il est hors de question pour lui de tomber dans le sensationnalisme, en reconstituant, par exemple, les scènes des attaques terroristes ou en incarnant  les victimes et les terroristes. Il décide donc de travailler sur « l ‘onde de choc des évènements, plutôt que sur leur choc » et après réflexion, prend le parti de raconter le gigantesque branle-bas de combat policier qui a suivi ces tragiques évènements, jusqu’à l’assaut de l’appartement où s’étaient cachés les coupables. 
  • Quand on propose à Cédric Jimenez de réaliser le film, son scénario, précis, documenté, est presque achevé, mais le cinéaste lui apporte de l’amplitude. Il a réalisé Bac Nord, il excelle dans les thrillers et il sait, comme peu, entretenir un suspense en gommant  les émotions au profit de l’action. Ici, il nous embarque pour 100 minutes de traque qui passent à la vitesse de l’éclair.
  • Les policiers travaillant en équipe, le scénario reproduit ce schéma. Il n’y a donc pas de rôle principal dans ce film, uniquement des acteurs en participation. Sans doute impressionnées par le sujet, toutes les stars contactées ont répondu présentes. De Jean Dujardin (bluffant de charisme et d’intensité) à Sandrine Kiberlain, en passant par Anaïs Demoustier, Jérémie Rénier et Lyna Khoudri ( qui joue avec un calme impressionnant l’indic qui a permis de découvrir la cache des terroristes), tous ces comédiens-phare jouent avec une énergie et un  engagement total.

Quelques réserves

Aucune.

Encore un mot...

 Décidément Cédric Jimenez est un cinéaste de défi. Après Bac Nord où il rendait un  spectaculaire hommage aux flics qui luttent contre les dealers des quartiers Nord de Marseille, il nous entraîne sur un sujet encore plus sensible et plus subtil à traiter : celui des attentats du 11 Novembre 2015. Concevoir ce nouvel opus lui aura demandé cinq ans, mais le résultat est là :  Novembre réussit à nous donner l’ampleur  de la traque sans précédent qui a abouti à la découverte de la cache des terroristes, et aussi la dimension de l’engagement sans faille des policiers malgré les circonstances épouvantables dans lesquelles ils ont dû travailler. Novembre aurait pu verser dans un sensationnalisme obscène, il est au contraire d’une tenue exemplaire, ce qui ne l’empêche pas d’être haletant.Un tour de force qui lui a valu une standing ovation lors de sa projection hors compétition au dernier festival de Cannes.

Une phrase

« Sur un tel sujet, tous les choix sont difficiles. On est comme astreint à une forme de vérité. Faire le choix de la fiction est plus difficile encore que celui du documentaire : il faut trouver l’axe, le cadre, le point de vue dans lequel l’histoire va pouvoir avoir lieu. C’est pourquoi Novembre est une fiction qui ne repose pas sur la psychologie des personnages ou sur leur intimité. » ( Olivier Demangel, scénariste).

L'auteur

  • Né le 26 juin 1976 à Marseille, Cédric Jimenez débute sa carrière cinématographique par le documentaire. En 2003, de retour en France après un long séjour à New York, il  signe Who's The B.O.S.S., un reportage sur le label de musique hip-hop qui a vu naître notamment NTM. Il participe ensuite à l’écriture de Scorpion (signé Julien Séri), qui porte sur la résurrection d’un boxeur thaï déchu
  •  En 2012, il passe à la réalisation en co-signant, avec Arnaud Duprey, Aux Yeux de tous qui est sélectionné au Festival du film policier de Beaune. En 2014, il se lance seul  avec La French, un polar avec Jean Dujardin et Gilles Lellouche qui s’inspire de l’assassinat du juge Michel dans sa ville natale. Le film obtient deux nominations aux César et connaît un vrai succès public avec 1,5 millions d’entrées.
  • Trois ans plus tard, c’est HHhH, avec un casting international, et en 2020, BAC Nord pour lequel il retrouve Gilles Lellouche. Présenté hors compétition à Cannes, le film réalise 2,2 millions d’entrées.
  • Novembre est le cinquième long métrage du cinéaste. Présenté, hors compétition à Cannes (2022), comme le fut  BAC Nord, ce film arrive sur les écrans auréolé du succès public et critique qu’il a obtenu à l’issue de sa projection sur la Croisette.

Et aussi

 

  • TOBI  ET LOKITA  de JEAN-PIERRE DARDENNE- Avec PABLO SCHILS, JOELY MBUNDU…

C’est l’histoire de deux jeunes migrants mineurs, Tori et Lokita, venus seuls d’ Afrique en Belgique et qui essaient d’y survivre, avec comme seul bouclier contre l’adversité, l’amour qu’ils se portent. Un amour tellement intense que ces deux faux frère et soeur (ils sont nés dans des pays différents) ne peuvent ni ne veulent rien faire l’un sans l’autre, Jusqu’au jour où Lokita, qui n’arrive pas à obtenir des papiers se fera prendre dans les rêts de trafiquants de drogue. L’histoire finira mal puisqu’elle mourra, mais avant,  on verra vivre  ces deux inséparables au quotidien, s’entraider pour trouver des petits boulots au noir, envoyer de l’argent à leurs familles respectives et  aussi pour essayer de passer des nuits sans cauchemar, malgré le mal du pays et la dureté, si injuste, de leur existence de mineurs exilés.

Une fois encore avec ce film, les frères Dardenne mettent dans le mille. Ils voulaient dénoncer la situation des « Ména » (mineurs étrangers non accompagnés), mais, comme à leur habitude, sans misérabilisme et sans effets superfétatoires de mise en scène. Et leur est venue cette histoire d’amitié sans faille entre deux « enfants » placés dans une situation d’extrême faiblesse, qui va mal se terminer pour l’un des deux. C’est fort, radical, et filmé avec la précision, l’humanité et l’urgence qu’on leur connaît. Une fois encore ce nouveau drame, dont l’intrigue emprunte au film d’aventure, a valu aux deux cinéastes belges d’être sélectionnés à Cannes. Les deux frères sont repartis avec une récompense spéciale, le Prix du 75ème anniversaire du Festival.

Recommandation : 4 coeurs

 

  • TICKET TO PARADISE  de OL PARKER- Avec GEORGE CLOONEY, JULIA ROBERTS…

Mariés sur un coup de foudre, divorcés au bout de cinq ans, Georgia (Julia Roberts) et David (George Clooney) ne se supportent plus depuis leur divorce. Mais voilà que leur fille leur annonce qu’elle se marie à Bali. Contre mauvaise fortune bon cœur, ils doivent oublier leurs rancœurs pour aller assister à ce mariage qu’en plus ils désapprouvent, leur fille connaissant à peine son futur mari. Voyage en avion, arrivée, préparatifs de la cérémonie… Pour les deux anciens tourtereaux, tout va être prétexte à des chamailleries sans fin. Désopilantes, bien sûr… et d’autant plus jubilatoires à savourer qu’elles se déroulent dans des paysages de rêve… 

Comment faire la moue devant cette « romcom » dans laquelle George Clooney et Julia Roberts, amis de longue date dans la vie, s'amusent visiblement comme des fous. Pour preuve ? Le générique de fin (à ne rater sous aucun prétexte) qui a été enrichi des fous-rire des deux stars sur le tournage.

C’est léger ? Un peu trop inconsistant ? Peu ou pas crédible? Oui,  et alors ! Il faut parfois savoir s’ abandonner au plaisir gourmand de films qui ont le goût et l’aspect de la crème fouettée. Délicieux. Intellos s’abstenir.

Recommandation : 4 coeurs  

 

  • LA COMBATTANTE  de CAMILLE PONSIN- DOCUMENTAIRE. 

Ethnologue à la retraite spécialiste de l’Afrique noire, Marie-José Tubiana, 90 ans, reçoit chaque jour à son domicile parisien des réfugiés dont la demande d’asile a été refusée. Elle les aide à authentifier leur histoire (ce sont pour la plupart des victimes des massacres perpétrés au Darfour par des militaires soudanais) et à compléter le dossier qui leur permettra de faire appel auprès des autorités compétentes. 

Impossible de rester de marbre devant ce documentaire qui, à travers le portrait d’une femme - qui connut le Darfour en temps de paix - permet mesurer les horreurs de la guerre civile qui y sévit depuis 2003. Étayé par des images d’actualité (tournées sur le terrain) et des extraits des films que Marie-José Tubiana réalisa avant les années 2000 - quand cette région était encore en paix - ce film, premier long-métrage du réalisateur Camille Ponsin émeut, passionne. 

Recommandation : 4 coeurs

 

  • UNE FEMME DE NOTRE TEMPS de JEAN-PAUL CIVEYRAC- Avec SOPHIE MARCEAU, JOHAN HELDENBERGH…

Juliane, commissaire de police et auteure de romans à ses heures perdues, découvre que son époux la trompe. Ni une ni deux, elle se saisit d’un arc et de flèches (elle est aussi une championne de ce sport), et part à la recherche de son infidèle de mari pour se venger. La traque va durer un certain temps…

Deux questions se posent à propos de ce thriller mélodramatique à la musique omniprésente et au récit improbable :

Comment le réalisateur du génial Mes Provinciales a-t-il pu écrire et réaliser un film dont l’intrigue cousue de fil blanc place son héroïne dans des situations « abracadabrantesques »?

Après l’excellent Tout s’est bien passé (de François Ozon) où elle était à son meilleur, comment Sophie Marceau a-t-elle pu se laisser séduire par un scénario aussi convenu et bancal ? 

La déception est grande, et pour l’actrice préférée des Français et pour le cinéaste de l’élégant Mon amie Victoria.

Uniquement donc pour les fans de l’inoubliable interprète de La Boum, et pour ceux, sans doute moins nombreux en France, de ce formidable acteur belge qu’est Johan Heldenbergh.

Recommandation : 2 coeurs

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