Parasite

Oscar 2020 du meilleur film : un film d'horreur jubilatoire
De
Bong Joon-ho
Avec
Song Kang-ho, Lee Sun-kyun, Park Do-dam...
Recommandation

Palme d'Or à Cannes, le dernier film du sud-coréen Bong-Joon-Ho commence en comédie et se termine en film d'horreur. Un sacré cocktail. Accrochez vos ceintures !

Notre recommandation
5/5

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Lu / Vu par

Thème

Dans les quartiers inférieurs de Séoul, la famille Ki-Taek végète misérablement. Le père, la mère, le frère et la sœur sont tous  les quatre au chômage, et ne survivent (misérablement) que grâce à des combines minables. Leur seul luxe, qui leur tient, malgré tout, la tête hors de l'eau est l'amour et le respect qu'ils se portent mutuellement... 

A quelques encablures de là, dans une maison somptueuse des quartiers huppés de la ville, la famille Park  (formée aussi d'un père, d'une mère et de deux enfants plus jeunes) mène au contraire grand train. 

Un jour, Ki-woo, le fils  Ki-taek, arrive à se faire nommer comme  professeur particulier d'anglais de la fille des Park. Il a mis le pied dans la porte d'un château d'aujourd'hui, elle ne se refermera plus. Ki-woo va réussir à faire embaucher  par les Park chaque membre de sa famille à des postes divers...

C'est le début d'un engrenage, tordant au début, mais de plus en plus noir, de plus en plus vachard, de plus en plus violent...La comédie vire au thriller, puis au drame, puis au film d'horreur...Tout en restant jubilatoire.

Points forts

  • Voilà 20 ans maintenant que Bong Joon-ho fait du cinéma et, à chaque fois qu'il sort un film (c'est son septième), il réussit à nous en mettre plein la vue. Si certains réalisateurs  (même les plus grands) ne cessent de ressasser les mêmes thèmes ou de  creuser les mêmes genres, lui  s'aventure  dans tous les styles  (thriller, mélo, film de monstres, comédie, science-fiction, films d'horreur) avec une maestria qui laisse pantois. Pas un seul raté !
  • Parasite, évidemment n'échappe pas à la règle de cette excellence et de la surprise. C'est une fable sociale qui, dans une mise en scène  très maitrisée, joue avec tous les genres, successivement et même, à certains moments, en même temps. Comme tour de passe-passe cinématographique, on a rarement fait mieux ! Le plus étonnant est que, même au pire des scènes les plus violentes, l'humour  et le burlesque sont là, qui nous rappellent qu'on est au cinéma. Ce qui n'empêche en rien la corrosité du propos, car comme empêcheur de tourner en rond, le coruscant Bong Joon-ho sait se poser là : c'est, depuis toujours, un critique sans concession du capitalisme et de ses inégalités.
  • Evidemment les réalisateurs de sa trempe soignent leurs films jusque dans les moindres détails. Ici tout est parfait, cadres, lumière, rythme, musique et, bien sûr, distribution. Dans celle ci, on retrouve le fidèle des fidèles du cinéaste, Song Kang-ho, star en son pays depuis plus de vingt ans. Tête de naïf tranquille, mais regard allumé, l'acteur de 52 ans est ici, comme d'habitude, prodigieux.

Quelques réserves

  • Je n'en vois aucun.

Encore un mot...

Après deux escapades internationales  (Snowpiercer et The Host), Bong Joon-ho revient sur sa terre de prédilection (son pays natal) pour y régler ses comptes avec les injustices sociales. A la fois explosif et implacable, drôle et satirique, mordant et émouvant, son Parasite a ébloui la Croisette en mai dernier. Le Jury  du Festival lui a d'ailleurs donné la Palme  d'or à l'unanimité. Personne n'a bronché. A noter que ce n'est pas chaque année que la plus grande manifestation cinématographique du monde couronne un film visible par tous les publics. Un film « élitaire pour tous », comme aurait dit feu le  génial metteur en scène, Antoine Vitez.

Une phrase

« J'aime beaucoup les histoires de lutte des classes. C'est en 2013 que j'ai eu l'idée de confronter deux familles, l'une  très riche, qui vit dans un quartier chic de Séoul, et l'autre, très pauvre, qui survit dans ses bas-fonds. J'ai d'abord voulu tirer une pièce de théâtre de cette confrontation. Et puis, finalement, je l'ai portée au cinéma en faisant se rencontrer les deux familles, mais d'une façon très subtile, très sournoise, pas du tout frontale. Cela me permettait à la fois d'être plus drôle et plus inventif ».

( Bong Joon-ho, réalisateur)

L'auteur

Né le 14 septembre 1969 à Daegu,  le réalisateur sud-coréen  Bong Joon-ho s'est imposé en quelques films, dans le peloton de tête des cinéastes les plus brillants et créatifs de la planète.

Son diplôme de sociologie, obtenu à l'Université de Yonsei, en poche, le jeune Bong Joon-Ho n'a pas attendu son reste : il s'est précipité dans le cinéma

D'abord, pour se faire la main, avec un court métrage, White man ( il raflera d'emblée  un prix), puis, en 2000 avec un long, Barking dog. Maitrise formelle, ton satirique et  mordant, écriture formelle éblouissante...Le public sud-coréen le porte aux nues. C'est en 2003 avec Memories of Murder que, d'une part, il va asseoir, dans son pays, sa réputation de cinéaste aussi doué qu'inventif  ( 5 millions de personnes iront voir son film !) et que de l'autre, il va conquérir la critique internationale. Inspiré par un incident survenu en Corée du Sud à la fin des années 80, son troisième long-métrage, The Host est classé par les Cahiers du cinéma comme le troisième film le plus important de l'année 2006.

Depuis, chaque sortie d'une œuvre de ce surdoué fait figure d'évènement, en France comme dans le monde, et même aux Etats-Unis.

En 2009, c'est Mother (présenté en compétition officielle du Festival de Cannes) ;  en 2013, Snowpiercer, le Transperceneige, adapté de la BD du même nom (un tabac chez amateurs de science-fiction) ; en 2015, The Host  (qui renouvelle de façon éblouissante le film de monstres).

Son septième long métrage, Parasite, qui sort cette semaine et qui, une fois encore, mêle les genres avec une maestria unique a tant bluffé les jurés du Festival de Cannes que ces derniers  lui ont décerné, à l'unanimité, la Palme d'Or.

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