Ricardo et la peinture

Documentaire sur Ricardo Cavallo. Un petit bijou que les amoureux de la peinture ne doivent en aucun cas rater…
De
Barbet Schroeder
Notre recommandation
5/5

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Thème

A 82 ans, Barbet Schroeder  revient au cinéma avec un film éblouissant : le portrait du peintre Richard Cavallo, son ami depuis 40 ans. 

C’est le portrait d’un homme, d’une sensibilité unique, d’un goût très sûr, qui a tout donné à son art. Celui d’un argentin de Buenos Aires exilé dans le Finistère, Ricardo Cavallo, « entré » en peinture à 16 ans, comme d’autres dans les ordres (profondément chrétien, ce chaleureux ermite  vit dans une simplicité extrême) et qui, depuis, ne cesse de transmettre sa passion à tous ceux qu’il rencontre, qu’ils soient riches amateurs d’art ou béotiens sans le sou, comme les  enfants du petit village breton de Saint-Jean du Doigt où il a choisi de jeter l’ancre il y a 20 ans, ébloui par la beauté des rochers de la côte qui le jouxte.

De  Buenos Aires au Finistère, en passant par Paris et le Pérou, Ricardo et la peinture est une invitation, non seulement à découvrir un artiste aussi humble qu’il est éminemment charismatique et doué, mais aussi à voyager à travers l’histoire de la peinture, depuis le premier siècle ap. J.-C. jusqu’à aujourd’hui.

Points forts

  • La personnalité du sujet de ce documentaire : Ricardo Cavallo. Outre qu’il peint sans relâche du matin au soir où qu’il se trouve, cet artiste hors norme vit, volontairement  dans un dénuement extrême. Non seulement, depuis l’âge de 15 ans (il en a pratiquement 70) il ne se nourrit pratiquement que de riz, qui lui donne, prétend-il, toute l’énergie dont il a besoin, mais il ne chauffe jamais son appartement. C’est d’autant plus fou qu’aujourd’hui, étant désormais un peintre reconnu et coté, il aurait les moyens de faire autrement. En dehors de son érudition et de son insatiable curiosité pour son art, Cavallo a en lui, qui le rend très touchant, quelque chose d’un moine bénédictin. Un moine qui aurait un grand sens du partage. Par exemple, pour transmettre  son amour de la peinture aux enfants du village où il s’est installé, il leur a ouvert une école gratuite. 
  • La construction du documentaire, qui combine avec un goût très sûr, séquences purement visuelles, interviews et scènes d’intimité, comme celles des  repas partagés avec Barbet Schröeder (souvent à l’image) et l’équipe du film.
  • La beauté des cadres et de la photo…Filmé d’assez loin, un homme âgé, équipé d’un chapeau à larges bords, chaussé de hautes bottes, portant une palette, des pinceaux et un chevalet, escalade des rochers foisonnant de couleurs et s’installe pour peindre. Dès sa première séquence, on est ébloui. Cet éblouissement  va se prolonger jusqu’à la dernière image du film.

Quelques réserves

 Est-ce une question de pudeur, de manque de moyens, de peur de faire trop long ?… On aurait aimé que certaines séquences, notamment les plus  biographiques, soient plus développées.

Encore un mot...

 Après sa « trilogie du mal » ( Général Idi Amin Dada en 1974, L’avocat de la terreur en 2007 et Le Vénérable W en 2017), l’infatigable Barbet Schroeder inaugure, avec ce Ricardo et la peinture, une « trilogie du bien ». Un choix formidable de la part du cinéaste, tant le « sujet » de ce documentaire - son ami le peintre Ricardo Cavallo - ravit l’oeil du spectateur, aiguise sa sensorialité, nourrit son esprit, excite sa curiosité et par là même lui apporte du bonheur. Le film dure 106 minutes. Ce sont 106 minutes éblouissantes de couleurs et d'érudition.On aurait bien demandé un peu plus.

Une phrase

« Ricardo est un homme d’une ouverture aux autres exceptionnelle, d’une générosité de tous les instants…Il sacrifie tout à ce qui l’intéresse et ne fait jamais que ce qui l’intéresse…Il a le don de mettre les œuvres en relation, de les faire dialoguer. » ( Barbet Schroeder, cinéaste ).

L'auteur

Producteur et réalisateur de cinéma suisse, Barbet Schroeder naît le 26 août 1941 à Téhéran. Fils d’un père géologue et d’une mère dont le père fut psychiatre et historien d’Art allemand, il suit des études à la Sorbonne avant de collaborer à deux courts métrages avec Jean-Luc Godard et à la toute jeune revue Les Cahiers du cinéma. Le 16 avril 1964, âgé de 22 ans, il fonde officiellement la société Les Films du Losange avec (entre autres) Jean Douchet, Eric Rohmer, Pierre Cottrell. Cette Société va produire, Godard, Rohmer - notamment ses deux premiers “contes moraux” -, Chabrol, Rouch, Pollet, Rivette, Eustache, Fassbinder et Wenders, excusez du peu!

En 1968/1969, Barbet Schroeder passe au long de fiction avec More, tourné à Ibiza, avec la merveilleuse et délicate Mimsy Farmer sur une musique des Pink Floyd. Dès lors, il alterne production, documentaires et fictions long métrage. Citons pour mémoire et de façon arbitraire tant la liste est longue et éclectique : Barfly (1987), Le mystère von Bülow (1990), nominé aux Oscars, Jeune fille cherche appartement (1992), La Vierge des tueurs (2001), Amnesia ( 2014), Le Vénérable W. ( 2017)…

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