TEMPÊTE

Après Jappeloup, Christian Duguay creuse une nouvelle fois le sillon du film équestre, mais cette fois, sous l’angle d’une comédie dramatique épatante, interprétée par des comédiens de “ haute volée”
De
CHRISTIAN DUGUAY
Avec
MÉLANIE LAURENT, PIO MARMAÏ, CARMEN KASSOVITZ, CAROLE BOUQUET, ETC…
Notre recommandation
4/5

Infos & réservation

Thème

Née dans le haras normand de ses parents, Zoé, qui a grandi avec les chevaux, rêve de devenir jockey auprès de Tempête, une jeune pouliche qu’elle a vue naître. Mais un soir de violent orage, Tempête, prise de panique, renverse Zoé qui se retrouve paraplégique. La petite fille va pourtant s’accrocher et, avec l’aide de ses parents, tenter l’impossible pour renouer avec son destin.

Points forts

  • Quand les producteurs Maxime Delauney et Romain Rousseau appellent Christian Duguay pour lui demander une adaptation du livre de Christopher Donner, Tempête au haras, pour qu’il la tourne ensuite, ils savent qu’ils frappent à la bonne porte. Non seulement le cinéaste québécois est celui du formidable Jappeloup (le nom du cheval monté par le champion hippique Pierre Durand et  qui donna son titre au film), mais il a été lui-même cavalier de haut niveau dans sa jeunesse et cette activité continue de le passionner. 
  • Pour le cinéaste nord-américain, adapter ne veut pas dire retranscrire, mais réinventer. A partir du roman de Donner, il va donc, avec Lilou Fogli, sa co-scénariste, bâtir l’histoire de Zoé, une petite fille dont le rêve d’être jockey se brise dans l’instant même où elle tombe d’un cheval. Un cheval, nommé Tempête, grâce auquel, pourtant, et paradoxalement, elle va trouver la force de se reconstruire. « Mon but, dit le réalisateur, était d’amener le public à comprendre cette connexion presque spirituelle qu’on peut avoir avec le cheval, les bienfaits aussi de leur présence et de leur contact avec des personnes handicapées »… Il suffit de lire son scénario pour comprendre qu’il avait atteint cet objectif, avant même d’avoir tourné son film.
  • L’ancien cavalier n’a pas encore sa distribution en tête, mais il sait que, pour la crédibilité du film, le rôle de Zoé doit être tenu par une comédienne qui a déjà pratiqué l’équitation. Il rencontre Carmen Kassovitz. Elle a 20 ans, un talent d’actrice étonnant, et surtout, le cheval est une de ses passions. Il l’engage et poursuit sa distribution : Mélanie Laurent, qui sera la mère aimante et de plus en plus complice de Zoé, Pio Marmaï, qui sera  son père, tendre et solide, Kacey Mottet-Klein, qui surprendra par la composition étonnante qu’il fera de son personnage de palefrenier autiste,  etc…
  • Un scénario béton qui promettait d’être porté à son meilleur par un casting de haute volée …Restait au cinéaste à mettre ce scénario en images… ce qu’il a évidemment fait avec le sens du cadre et de la lumière qu’on lui connaît et qui donne ce film, visuellement magnifique, et qui malgré son sujet, réussit à ne jamais tomber dans le mélodrame. En le regardant, il n’est pas possible de ne pas penser à L’homme qui murmurait à l’oreille des chevaux tourné en 1997 par Robert  Redford. Cette référence veut tout dire.

Quelques réserves

D’aucuns reprocheront peut-être à ce formidable Tempête d’être cousu de fil blanc. On balaye cette remarque concernant un film romanesque, conçu avec réalisme et même un vrai sens du « dramatique », mais dans un esprit de « conte » ce qui, étant donné sa date de sortie, tombe à pic ! 

Encore un mot...

Comment ne pas  adhérer à ce film, très maîtrisé, qui met en scène l’acharnement d’une petite fille handicapée (qu’on verra devenir grande) pour parvenir à exister dans l’univers de la course hippique? Tempête a tout pour plaire : un canevas réaliste, un scénario bien fichu, une tendresse débordante, des images magnifiques, le rythme du galop d’un cheval et une distribution épatante, de laquelle émerge une jeune comédienne de 20 ans encore presque inconnue, Carmen Kassovitz, sans doute appelée à une belle carrière. Émouvant, enthousiasmant et tout public à partir de sept ans, ce film est  idéal pour une sortie en famille.

Une phrase

qui seront trois…

  • « Pour moi le plus important était de montrer que dans l’univers auquel s’attache le film, il y a un respect absolu pour l’animal » ( Christian Duguay, réalisateur)
  • « J’aime bien l’idée de temps en temps de participer à un film que mes enfants peuvent voir et de les rapprocher ainsi de mon métier » ( Mélanie Laurent, comédienne). 
  • « Outre le fait que je tourne rarement dans des films d’action, j’ai été attiré par l’histoire dans sa dimension familiale et dans sa dimension temporelle puisqu’elle s’étend sur une période de 18 ans. Le mélange entre la dimension spectaculaire et l’intimité d’une famille avait pour moi, quelque chose d’intéressant » ( Pio Marmaï, comédien).

L'auteur

Cinéaste québécois tous terrains ( télé, vidéo et cinéma), Christian Duguay, né à Montréal en 1957, a d’abord signé plusieurs longs métrages aux Etats-Unis dont, en 1995, Screamers qui  après les Etats-Unis, a remporté aussi un réel succès en France et, en 2000 The Art of the War. Spécialiste du cinéma d’action, le réalisateur s'est ensuite diversifié en faisant des mini-séries télévisées, toutes nommées, dans de multiples catégories, aux Emmy Awards, telles Jeanne dArc, Hitler, La naissance du mal ou encore Coco Chanel. Il est retourné au cinéma en 2013 avec Jappeloup, un magnifique hommage, passionné et passionnant, rendu au cavalier Pierre Durand (interprété par Guillaume Canet), et à son cheval d’exception, Jappeloup. En 2015, il a réalisé le pari d’une suite de Belle et Sébastien intitulée  Belle et Sébastien laventure continue, d’après l’œuvre de Cécile Aubry, puis  en 2017, Un sac de billes, adapté du roman de Joseph Joffo, dont les seules entrées pour la France s’élevèrent à près 1million 300 000 entrées.

Et aussi

 

  • LES HUIT MONTAGNES de FELIX VAN GROENINGEN et CHARLOTTE VANDERMEERSCH- Avec LUCA MARINELLI, ALESSANDRO BORGHI, FILIPPO TIMI…

Pietro, jeune Turinois de 12 ans, est un petit garçon de la ville, que ses parents emmènent toujours en vacances à la montagne. Un été  84, il se retrouve à Grana, un minuscule village des Alpes italiennes dont le seul enfant est Bruno. Il a le même âge que Pietro, et les deux garçons , en apparence, si contraires, deviennent amis. Pendant quelques années, ils vont passer leurs vacances ensemble à cavaler à travers champs, puis, à cause des aléas de la vie, se perdre de vue, puis encore, finir par se retrouver. Une trentaine d’années vont s’écouler pendant lesquelles Pietro parcourra le monde mais finira toujours  par revenir à Grana, retapant même une ruine avec Bruno, qui lui, ne cèdera pas aux sirènes de la ville et choisira de rester paysan de montagne, en continuant à traire ses vaches à la main.

Après des films ancrés dans sa Belgique natale et produits par elle, dont La Merditude des choses et Alabama Monroe, après aussi My Beautiful Boy, un drame américain financé par…des américains, Felix van Groeningen s’est installé dans les Alpes italiennes avec son épouse, la cinéaste Charlotte Vandermeersch, pour réaliser, à la demande de producteurs…italiens, une adaptation des Huit montagnes, un roman semi- autobiographique et multi-récompensé ( il rafla notamment, en France, le Prix Médicis étranger 2017) de Paolo Cognetti. Felix van Groeningen étant un grand réalisateur, on retrouve dans son film tout ce qui passionne dans ce roman à la fois intime et épique : ses interrogations sur le temps qui passe, le deuil, la fascination pour les plaisirs simples, etc. Même si ce très beau film commenté en voix off par Luca Marinelli  (qui joue le personnage de Pietro) dépasse les deux heures, on ne voit pas le temps passer, tant il est ample, riche, à la fois contemplatif et romanesque. Les acteurs portent admirablement cette épopée (presque) immobile…

Recommandation : 4 coeurs 

 

  • LE PARFUM VERT de NICOLAS PARISER- Avec VINCENT LACOSTE, SANDRINE KIBERLAIN, RÜDIGER VOGLER, LEONIE SIMAGA…

En pleine représentation, devant un public médusé, un comédien de la Comédie-Française est assassiné par empoisonnement. Martin Rémi, un des acteurs de la troupe présent sur le plateau, a tout vu. Il ne le sait pas, mais ça va barder pour lui. Le voilà kidnappé par des mafieux et conduit dans un manoir isolé où il rencontre un criminel aux propos virulents contre la politisation de la jeunesse, Mais, ouf !  il est finalement libéré. A son retour, pas échaudé pour autant, il va chercher à élucider le mystère de la mort violente de son ancien partenaire. Pour lui, les vrais ennuis commencent. Aidé par Claire, une dessinatrice de BD en mal de sensations fortes qu’il a rencontrée dans une librairie spécialisée, il se lance dans un grand voyage épique à travers l’Europe. Mais il est traqué par une mystérieuse organisation et soupçonné par la police…

Après la comédie dramatique très réussie Alice et le maire, Nicolas Pariser se lance dans la comédie d’espionnage, avec des hommages, ici à Hitchcock et là, à Hergé. Si le scénario manque de réalisme et est même parfois un peu trop alambiqué et tiré par les cheveux, le duo d’acteurs, Vincent Lacoste et Sandrine Kiberlain, très réussi, aussi drôle qu’attachant, sauve la mise. Trépidant et marrant. A voir en famille.

Recommandation:  3 coeurs

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