Tête baissée

Misères de la misère
De
Kamen Kalev
Avec
Melvil Poupaud et Seher Nebieva
Notre recommandation
3/5

Infos & réservation

Vu
par Culture-Tops

Thème

Samy (Melvil Poupaud) se déplace souvent et loin pour son « travail », essentiellement entre la France et la Bulgarie, mais pas seulement. Samy est un petit voyou qui fraie avec les grands voyous. Un jour la police le coince et lui offre deux possibilités : pourrir en prison ou servir de chèvre pour faire tomber un réseau bulgare de faux monnayeurs et de proxénètes; des vrais méchants ceux-là, pas comme Samy. Et voilà pourquoi ce dernier s’enfonce dans la pègre des Balkans…

Points forts

- On peut considérer « Tête baissée » comme un documentaire sur les trafics en tous genres qui gangrènent une région d’Europe qui ne s’est jamais remise de l’explosion du communisme. Mais c’est un thriller, et un bon, inspiré d’une histoire vraie. Un ami prêtre dans un petit village avait raconté au cinéaste qu’un étranger s’était caché dans un bidonville de Tziganes. Il tentait de fuir la mafia et voulait dénoncer un réseau pour obtenir une protection en tant que témoin et aussi pour retrouver sa petite amie - interprétée par Seher Nebieva, jeune actrice bulgare touchante et juste -, une mineure envoyée en Autriche pour se prostituer.

- Melvil Poupaud s’est coulé dans le personnage de ce Français interlope, européen par nécessité, mais en fait apatride. Et tellement intéressant dans son humanité qui refuse de cautionner les crimes commis par les brutes épaisses qu’il fréquente.

- La plupart des autres acteurs ne sont pas professionnels, ce qui donne au film un vrai accent de vérité. On se souvient longtemps après la projection de ces très jeunes filles vendues par leur famille et éparpillées aux quatre coins de l’Europe.

Quelques réserves

C’est justement ces allers retours entre la fiction réaliste et la vérité documentaire qui empêche qu’on entre par moment pieds et poings liés dans ce thriller qui se veut pur et dur.

Encore un mot...

« Tête baissée » raconte l’univers sans pitié de ces jeunes isolés dans des régions très pauvres. Et l’on est surpris de constater que les filles vendues acceptent leur sort avec joie pour échapper à leur misère, quitter leurs villages où elles n’ont pas d’avenir. Paradoxalement, la prostitution leur offre un statut, si l’on peut dire les choses ainsi.

Une phrase

Ou plutôt deux:

- « Les personnages parlent français, anglais, bulgare, tzigane… C’est un élément qui est présent dans tous mes films. A chaque fois, je me dis : c’est trop compliqué, plus jamais ! Et finalement c’est encore là… »

- «  Les Tziganes représentent une minorité très importante de la population. Le problème, c’est que les Bulgares ne voient pas cette minorité comme faisant partie d’un ensemble. Pour employer une métaphore, si ma main me fait très mal, je ne la coupe pas, je la soigne. Les Bulgares ne voient pas que la seule voie, c’est de s’occuper des gens. »

L'auteur

Né en Bulgarie en 1975, diplômé de la Femis à Paris en 2002, Kamen Kalev s’est fait connaître en 2009 avec un premier long-métrage attachant et réaliste, « Eastern plays », présenté à la Quinzaine des réalisateurs du Festival de Cannes. Viennent ensuite « The Island » en 2011, « Les ponts de Sarajevo », œuvre collective, en 2013, et, aujourd’hui, « Tête baissée », avec toujours le même cadre, la région des Balkans, si riche en populations diverses et si pauvre du point de vue de la vie quotidienne des habitants.

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