UN VRAI BONHOMME

UNE BOULEVERSANTE COMÉDIE FANTASTIQUE SUR LA CONSTRUCTION ET LE TRAVAIL DU DEUIL…
De
BENJAMIN PARENT
Avec
THOMAS GUY, BENJAMIN VOISIN, ISABELLE CARRÉ, LAURENT LUCAS…
Notre recommandation
3/5

Infos & réservation

Thème

Tom, un adolescent renfermé et sensible s’apprête à faire sa rentrée dans un nouveau lycée. Pour l’aider à s’intégrer, il compte sur les conseils de son grand frère Léo, un fortiche celui-là, à qui tout réussit. En tant qu’ainé, Léo va donc s’ingénier à faire de son cadet,  un homme, un vrai. Mais assez vite, son omniprésence va avoir une influence toxique et Tom va devoir sérieusement batailler pour se libérer de son emprise. Ce travail sur lui même va être d’autant plus compliqué pour l’ado que, grâce à un twist inattendu, on va comprendre que la présence de son frère relève du pur fantasme. En fait  Léo est mort dans un accident de voiture, et c’est son fantôme qui, nuit et jour, accompagne et conseille Tom.

Peut-on se (re)construire à partir ou en dépit du souvenir obsessionnel d’un être cher  et idéalisé? C’est à cette question que va tenter de répondre le film…

Points forts

– Le scénario brille par son originalité. Sur un point de départ mille fois vu sur grand écran (Comment arriver à être soi même, quand on est un ado mal dans sa peau?), Benjamin Parent a bâti un film loin des sentiers battus, à la fois réaliste et fantastique, personnel et en même temps universel.

– La relation entre le héros du film (le fragile Tom ) et son frère (Léo le costaud) est  très émouvante. Deux frangins qui s’aiment et se chamaillent, le plus fort cherchant à accroître son ascendant sur le plus faible qui se débat pour tenter de s’affirmer quand même, tel qu’il est. Quand un rapport fraternel est décrit avec autant de justesse, on en redemande. 

– Le questionnement de Tom sur sa personnalité réelle est mené de façon très intéressante. Benjamin Parent l’a traité par petites touches successives, qui amène le spectateur à s’interroger sur le bien fondé de l’injonction à la masculinité encore trop souvent imposée autoritairement aux garçons d’aujourd’hui.

– La réalisation est aussi fluide qu’habile. Elle réussit à rendre crédible à l’écran la présence d’un absent, sans aucun recours au trucage. 

– Le casting est épatant, qui fait découvrir deux acteurs prometteurs, Thomas Guy (Tom) et Benjamin Voisin (Léo). Egalement dans la distribution, deux interprètes qu’on ne se lasse jamais de retrouver sur grand écran tant ils sont impeccables, Isabelle Carré et Laurent Lucas.

Quelques réserves

– Le moment où l’on apprend que Léo est décédé arrive trop tôt ( 20 minutes après le début). Le film perd alors un peu de son mystère et de sa nature inquiétante.

– Par-ci par-là, quelques baisses de régime.

Encore un mot...

 Une « dramédie » sur le travail du deuil et le chemin pour trouver sa juste place dans le monde, et qui, en plus, flirterait avec le film fantastique… Le moins qu’on puisse dire est que pour son premier long métrage Benjamin Parent n’a pas manqué ni d’ambition ni de singularité. S’il n’est pas parfait, Un vrai bonhomme révèle  un vrai cinéaste. Il arrive comme un beau cadeau en ce début d’année.

Une phrase

« Ce qui m’intéresse, c’est l’adolescence, et plus précisément la mienne, sans doute faut-il y voir une volonté réparatrice de refaire l’histoire. J’aime explorer ce que j’ai vécu. Certes le langage change… mais les thématiques restent : Comment construit-on son identité lorsqu’on est un garçon? Quel homme veut-on être, et d’ailleurs, c’est quoi être un homme aujourd’hui? » ( Benjamin Parent, réalisateur).

L'auteur

Après une licence de cinéma, Benjamin Parent, né à Meaux le 6 août 1975, entre dans la vie professionnelle en 1998 comme assistant post-production et assistant à la mise en scène. 

Après un petit détour comme rédacteur chez Allo Ciné et Canal Numédia, puis critique à filmdeculte.com, il devient, en 2006, concepteur rédacteur dans l’agence publicitaire La Chose. A peu près en même temps, il rencontre Thomas VDB avec qui il co-écrit En Rock & En Roll ainsi que sa suite Presque Célèbre en 2011. Tous deux collaborent ensuite pendant deux ans comme chroniqueurs au Fou du Roi, puis dans les Affranchis sur France Inter. 

En 2010, il entre comme réalisateur à la Société Les Télécréateurs et collabore avec Riad Siattouf sur deux saisons de la série Mes Colocs. En 2012, il réalise son premier court métrage pour le cinéma : Ce n’est pas un film de cow-boys sera sélectionné dans plus de 90 festivals à travers le monde et sera nominé, en 2013, au  César du meilleur court métrage.

En 2014, il co-écrit Bullybusters avec Yoann Gromb pour Quad, puis consigne avec Hugo Gélin et Igor Gotesman le scénario de Mon Inconnue (sorti en 2018). En 2015, il crée avec Joris Morio  les Grands, une série pour ados, puis en 2017 développe le scénario de Vis à vis, co-écrit avec Régis Roinsard.

Et aussi

 

–  LES VÉTOS  – de JULIE MANOUCKIAN – avec CLOVIS CORNILLAC, NOÉMIE SCHMIDT, CAROLE FRANCK, MICHEL JONASZ…

 Au coeur du Morvan, Nico, dernier véto du coin (Clovis Cornillac), se démène jour et nuit, sept jours sur sept, pour sauver ses patients, sa clinique et… sa vie de famille. Quand Michel son associé et mentor (Michel Jonasz) lui annonce qu’il part à la retraite, Nico comprend que le plus dur reste à venir. “ T’en fais pas, j’ai trouvé la relève ! “… Sauf que la relève c’est Alexandra, brillante certes, mais diplômée depuis seulement 24 heures, misanthrope mais quand même pas au point de s’arracher de Paris pour  venir s’enterrer dans un trou perdu. Pour la convaincre de rester, Nico va avoir du pain sur la planche…

 Faire un film sur l’un des métiers qui font le plus rêver? Bon sang mais c’est bien sûr ! Il suffisait juste d’y penser. C’est ce qu’a fait une passionnée des animaux, la réalisatrice Julie Manouckian. La jeune cinéaste a placé la barre haut. Non seulement elle ausculte cette profession avec passion mais elle en profite pour tirer une sonnette d’alarme sur les conditions économiques des paysans et la désertification des campagnes. Malgré le sérieux de son propos, les Vétos est une comédie enlevée, dynamisée par la présence aussi énergique que sympathique de Clovis Cornillac et celle, si solaire de Noémie Schmidt (La jeune fille de L’Etudiante et Monsieur Henry). Julie Manouckian mérite un coup de chapeau car c’est son premier film. Au cinéma, les coups d’essai sont rarement, comme c’est le cas ici, des coups de maître !

Recommandation : Excellent. (déjà en salles)

 

–  TOMMASO - d’ABEL FERRARA – avec WILLEM DAFOE, CHRISTINA CHIRIAC, ANNA FERRARA…

Tommaso, un artiste américain (Willem Dafoe) vit désormais à Rome avec sa femme Nikki et leur fille DeeDee. Ancien junkie, il mène une vie  aujourd’hui rangée entre l’écriture d’un nouveau scénario, ses cours de théâtre, des réunions aux Alcooliques anonymes, l’apprentissage de l’italien et des séances de méditation. Malgré son emploi du temps surchargé, il est rattrapé par sa jalousie maladive et a des visions cauchemardesques où il se transforme en meurtrier. Tommaso (le film) va alors raconter la vie d’un type qui n’arrive pas, quoiqu’il fasse, à échapper à ses démons…

Fans d’Abel Ferrara, vous vouliez des nouvelles de ce cinéaste qui avait défrayé la chronique avec ses films tumultueux et ses excès en tous genres? En voilà de toutes fraiches avec cette chronique qui respire l’autobiographie et où, une fois encore le réalisateur confie son « je » à son acteur fétiche Willem Dafoe. Tour à tour tendre et drolatique, léger  et grave, énergique et décontracté, ce Tommaso donne un bulletin de santé plutôt rassurant du créateur de Bad Lieutenant. En dehors de cela, qui est déjà beaucoup, c’est un bel objet de cinéma, qu’on peut prendre un plaisir certain à voir, sans rien savoir de l’un des anciens bad boys du cinéma américain. 

Recommandation : bon


 

–  LES SIFFLEURS - de CORNELIU PORUMBOIU – avec VLAD IVANOV, CATRINEL MARLON, RODICA LAZAR…

 A Bucarest, Cristi, flic véreux et désabusé, se voit embarqué par la sulfureuse Gilda sur l’Île de la Gomera où il est contraint d’apprendre le Silbo, une langue sifflée ancestrale. Cet apprentissage ayant pour objectif d’aider un groupe de mafieux à faire évader Zsolt, son patron, le seul à savoir où sont cachés les millions d’euros issus de leur trafic de drogue. Mais c’est sans compter que Cristi va tomber amoureux de l’épouse de Zsolt mafieux, et que d’autres flics, intègres, ceux-là, sont également à la recherche du magot…

En total décalage avec les films de ses compatriotes, généralement assez austères, le roumain Corneliu Porumboiu signe ici un polar rigolard, parodique et sensuel. L’originalité de son scénario, le clair obscur magnifique de sa photo, l’efficacité de ses dialogues et la perfection de son interprétation (Ah! la beauté ensorcelante de Catrinel Marlon !) aurait pu le hisser à un sommet du film noir. Dommage : le tarabiscotage de son montage lui fait rater la première marche du podium. Cela dit, Les Siffleurs, qui fut  présenté en compétition au dernier festival de Cannes  reste le polar le plus enthousiasmant de cette nouvelle année. 

Recommandation : bon


 

–  SOL - de JEZABEL MARQUES - avec CHANTAL LAUBY, CAMILLE CHAMOUX, GIOVANNI PUCCI, YANNICK RENIER…

 Sol, une célèbre danseuse de tango argentin revient de Buenos Aires où elle vivait depuis des années dans le souvenir de Raphaël, son fils décédé, mais avec qui elle était fâchée bien avant sa disparition. Arrivée à Paris, elle n’a qu’une obsession, rencontrer Jo, son petit fils de 7 ans, qu’elle n’a jamais vu et qui vit avec sa belle fille, Eva. Incapable de se présenter à eux en tant qu’elle même, elle loue le studio en face de leur appartement et leur propose ses services comme nounou et femme de ménage… Des liens vont se tisser…

Pour son premier long métrage en tant que réalisatrice, l’actrice Jezabel Marques explore les relations belle-mère/belle-fille, rarement  montrées à l’écran. Cela donne cette comédie douce amère, entre rires et émotion, portée par un trio d’acteurs épatants de tendresse et de spontanéité (Chantal Lauby, Camille Chamoux et le petit Giovanni Pucci).

Recommandation : bon.

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