A voir au cinéma cette semaine

• Vie Privée de Rebecca Zlotowski - Avec Jodie Foster, Daniel Auteuil, Virginie Efira…

Steiner (Jodie Foster) est une psychiatre reconnue. Dévouée à son métier, elle s’inquiète des absences répétées de l’une de ses patientes, Paula Cohen-Solal (Virginie Efira). Le jour où cette dernière est finalement retrouvée morte, Lilian se persuade qu’il ne s’agit pas d’un accident mais d’un meurtre. Elle décide alors de faire la lumière sur ce décès mystérieux et de mener l’enquête, quitte à susciter l’incrédulité de son ex-mari, Gabriel (Daniel Auteuil) et de leur fils Simon (Vincent Lacoste)…

En une vingtaine d’années de carrière, Rebecca Zlotowski est devenue l’une des réalisatrices françaises les plus importantes de sa génération. Tous ses films ont été présentés dans de grands festivals (Cannes et Venise) et le dernier en date, Vie Privée, ne fait pas exception à la règle. Projeté lors de la dernière édition du Festival de Cannes, hors compétition, ce long-métrage offre son premier rôle en français, depuis de nombreuses années, à Jodie Foster. Un argument de taille pour ceux qui se tâteraient à découvrir ce film qui, malgré d’évidentes maladresses au niveau du scénario et de son équilibre global, reste toutefois un sympathique moment de cinéma porté par d’excellents comédiens.

Recommandation : 3 cœurs

Antoine Le Fur

• Hell in Paradise de Leila Sy - Avec Nora Arnezeder, Maria Bello, Alvy Khan…

Dans l’espoir d’une vie meilleure, Nina, une jeune française (Nora Arnezeder) quitte  sa mère (Maria Bello) et son Marseille natal pour un job de réceptionniste dans un hôtel de luxe situé sur une île de l’Océan indien. Mais une tragédie arrive. Nina est accusée à tort par son employeur d’être responsable de la noyade d’une petite fille dont elle avait soit-disant la charge. Prise dans une machination infernale, incapable de se défendre, elle risque la prison à vie. Va-t-elle parvenir à déjouer le piège dans lequel elle est engluée et s’échapper de ce paradis devenu, pour elle, un enfer?

Inspiré par plusieurs histoires vraies, écrit par Karine Silla, produit par EuropaCorp et réalisé par la française Leïla Sy (co-réalisatrice de Banlieusards avec Kery James), Hell in Paradise est un thriller réussi. Bien rythmé et photographié, bourré de rebondissements, bâti sur un scénario solide et porté par une solide distribution, en tête de laquelle l’excellente et trop rare Nora Arnezeder,  il met en scène une femme en proie à l’injustice et à la domination masculine dans un décor paradisiaque qui se révèle être une prison. Mises à part, tout de même, une ou deux invraisemblances qui ne réussissent pas à gâcher le plaisir qu’on  prend à le regarder, voilà un film idéal à voir en famille. 

Recommandation: 4 cœurs

Dominique Poncet

• Bugonia de Yorgos Lanthimos - Avec Emma Stone, Jesse Plemons, Alicia Silverstone…

Michelle (Emma Stone) est la PDG d’un grand groupe pharmaceutique. Carriériste impitoyable, elle ne vit que pour son travail et bien peu de personnes osent se frotter à elle. Jusqu’au jour où elle est brutalement enlevée par deux hommes, Teddy (Jesse Plemons) et Don (Aidan Delbis). Ces derniers, abrutis par de nombreuses théories complotistes, sont persuadés que leur prisonnière est en réalité une extraterrestre venue détruire la Terre…

Il fut un temps, pas si lointain, où Yorgos Lanthimos réalisait de petits chefs-d’œuvre à l’image des incroyables The Lobster et La Favorite. Puis la mécanique s’est grippée. Le réalisateur grec, désormais nouvelle coqueluche de Hollywood, s’est entiché d’Emma Stone qu’il met en scène, de façon immuable, dans chacun de ses films. Malgré le talent évident de la comédienne oscarisée, le charme ne prend plus. Après le très hasardeux Pauvres Créatures et l’éprouvant Kinds of Kindness, le tandem se retrouve une nouvelle fois pour Bugonia, farce d’une rare laideur dont le scénario atteint par moments des sommets de bêtise. Bien sûr, le film a des ambitions cinématographiques et une certaine audace qu’il convient de souligner. Mais il se révèle finalement assez pénible à supporter dans la longueur et finit par imposer un triste constat : le cinéma de Yorgos Lanthimos, c’était quand même mieux avant.

Recommandation : 2 cœurs

Antoine Le Fur

• Queerpanorama de Jun Li - Avec Jayden Cheung, Erfan Shekarriz, Sebastian Mahito Soukup…

Dans un Hong Kong en pleine mutation, un jeune homosexuel se glisse dans la peau des amants qu’il rencontre au fil de ses errances sexuelles. Ce n’est qu’en s’appropriant une partie de leur personnalité (à chaque fois différente) qu’il parviendra, du moins le pense-t-il, à savoir vraiment qui il est…

Troisième film de Jun Li (Tracey et Drifting),  Queerpanorama est sans conteste l’œuvre la plus singulière du cinéaste hongkongais, sa plus personnelle aussi puisqu’elle est ouvertement inspirée par ses dix années de rencontres réalisées grâce aux réseaux Internet. Tourné en noir et blanc, presque tout le temps en plans fixes, ce film sans faux semblant est interprété avec une intensité brute et un lâcher-prise assez exceptionnel par le jeune Jadeyn Cheung. Il n’est pas étonnant que ce récit, très original dans son propos et à la fois minimaliste et cru dans sa forme, ait séduit les sélectionneurs du festival de cinéma de Berlin, toujours en recherche de singularité. Pour un public adulte.

Recommandation : 3 coeurs

Dominique Poncet