A voir au cinéma cette semaine

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3/5

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  • Le Maître du Kabuki de Lee Sang-il - Avec Ryô Yoshizawa, Ryusei Yokohama…

Nagasaki, 1964. A quatorze ans, Kikuo s’adonne au kabuki. Avec une passion rare chez un ado de cet âge. A la mort tragique de son père, chef d’un gang de yakusas (un des groupes du crime organisé au Japon), sa mère le confie à Hanjo, un des acteurs les plus célèbres de cet art. Après une petite audition, ce dernier décide de former Kikuo en même temps que  Shunsuke, son fils unique. Durant deux décennies, les deux jeunes gens vont évoluer côte à côte, de l’école du jeu aux plus belles salles de spectacle, entre scandales et gloire, fraternité et trahisons. Mais, contrairement à la tradition qui veut que le kabuki se transmette de père en fils, Kikuo n’est pas issu du sérail. Sa carrière est compromise…C’est alors que Hanjo va oser aller contre la  tradition. Dans sa grande admiration pour le talent et la force de travail de Kikuo, il va finir par en faire son héritier, au détriment de son propre fils. Une guerre fratricide s’engage, qui va susciter une multitude de rebondissements…

Après deux thrillers dont Rage en 2016, le réalisateur japonais Lee Sang-il adapte un roman de Shuichi Yoshida qui explore le monde du kabuki, de ses coulisses à sa représentation, en passant par son apprentissage, ses rituels et les jalousies qu’il suscite. Il en propose une lecture mélodramatique d’une ampleur sidérante (le film s’étend sur 50 ans), d’une grande ambition visuelle et aussi d’une énergie incroyable. La tragédie surgit, l’émotion aussi. D’une beauté époustouflante et sans aucun temps mort malgré sa durée (2h54), Le Maître du Kabuki  a connu un succès phénoménal au Japon. Pas étonnant qu’il ait été choisi pour représenter le Japon aux Oscars en 2026. Magique et fascinant, même si on ignore tout du kabuki.

Recommandation: 4 cœurs

Dominique Poncet

 

  • Le temps des moissons de Huo Meng - Avec Shang Wang, Chuwen Zhang, Zhang Yanrong…

Xu Chuang (Wang Shang) est un jeune garçon de dix ans. Il est amené à passer toute une année à la campagne avec sa famille mais sans ses parents qui sont partis en ville chercher du travail. Au cours des mois et des saisons qui se succèdent, le jeune homme en devenir va observer ce qui se passe autour de lui. Le cycle des saisons, des mariages et des funérailles, le poids des traditions, l’attrait du progrès… Rien ne lui échappe. Ces quelques mois vont se révéler particulièrement décisifs…

Reparti avec l’Ours d’Argent de la meilleure mise en scène lors de la dernière édition de la Berlinale, Le Temps des moissons est un film ample et rigoureux qui ne se laisse pas facilement approcher. S’appuyant sur la fin du système social agricole collectiviste en Chine à partir des années 1980, le nouveau long-métrage du réalisateur chinois Huo Meng (Crossing the Border) suppose une certaine disponibilité de la part du spectateur. Indiscutablement intéressant sur le fond, le film l’est en revanche beaucoup moins sur la forme en raison d’un sens du naturalisme un peu trop appuyé. Une œuvre ambitieuse, à réserver à une (très) petite poignée d’initiés.

Recommandation :  3 coeurs

Antoine le Fur

 

  • La pire mère au monde de Pierre Mazingarbe - Avec Louise Bourgoin, Muriel Robin, Sébastien Chassagne…

Louise, la quarantaine, magistrate brillante, mais ambitieuse et pète-sec (Louise Bourgoin) est mutée contre son gré dans un petit tribunal où sa mère (Muriel Robin) exerce comme greffière. Problème : les deux femmes ne se sont pas vues depuis quinze ans, et pour cause : elles se détestent. Surgit une affaire où il est question de canidés et de drogue, que Louise est chargée d’élucider. Entre la mère et la fille, ça va chauffer, d’autant que la mère se retrouve la subalterne de sa fille…

C’est en suivant un stage dans un tribunal que le jeune Pierre Mazingarbe (déjà réalisateur de huit courts métrages d’animation) a eu l’idée de son premier film. Et il a décidé de son genre : la comédie, la comédie grinçante où l’absurde, bâti à partir d’une réalité, règnerait. Un peu à la manière de l’Albert Dupontel de 9 mois ferme. Rythme (soutenu), scénario (solide), interprétation (Muriel Robin, surtout, impeccable comme d’habitude, à la fois drôle, ironique et touchante), tout y est. Ou presque. On aurait aimé qu'une pincée de folie (dans la réalisation et les dialogues) vienne bousculer ce premier film, lui évitant  de frôler, par moments, la  caricature.

Recommandation: 3 coeurs

Dominique Poncet

 

  • Selon Joy de Camille Lugan - Avec Sonia Bonny, Volodymyr Zhdanov, Asia Argento.

Recueillie toute petite par un prêtre qui l’a élevée, Joy, devenue organiste (Sonia Bonny), vit sa foi avec une intensité telle qu’elle ne quitte presque jamais son église. Un jour, un jeune homme (Volodymyr Zhdanov) se fait agresser sous ses yeux. Il s’appelle Andriy. C’est un dealer, mais elle ne le sait pas.  Bien que ne parlant pas sa langue, elle va en tomber follement amoureuse et quitter, pour lui, la paroisse de son enfance. Tant pis pour les virées nocturnes en vélo où elle s’occupait des sans-abris ! Pour essayer de sortir Andriy de son enfer, Joy va entrer dans sa bande, dirigée par une femme, surnommée Master (Asia Argento)  et vivre des nuits autrement plus tourmentées.

Découvert à la 81e Mostra de Venise, Selon Joy est un film qui sort des sentiers battus. D’abord par son traitement visuel, qui  privilégie les atmosphères nocturnes (magnifique travail du chef op), ensuite  par son scénario, qui fait s’entrechoquer deux univers aux antipodes l’un de l’autre, et rarement mis en opposition au cinéma : celui de la drogue et de tous ses dérivés, et celui de la foi chrétienne et de la spiritualité. Une spiritualité ici vécue sans démonstration, de l’intérieur, dans le silence et l’ombre. Pour ce film, qui est son premier, la réalisatrice Camille Lugan, philosophe de formation, dit qu’elle s’est inspirée des héroïnes de Lars von Trier ( notamment du personnage joué par Emily Watson dans Breaking the Waves) et aussi de celles de Bresson. On ne met pas sa parole en doute. Il n’empêche que ce qu’on retiendra  surtout de ce Selon Joy, c’est sa singularité et la façon dont sa réalisatrice l’a, formellement exploitée. La (bonne) surprise de la semaine.

Recommandation : 3 coeurs

Dominique Poncet

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