A voir au cinéma cette semaine

Notre recommandation
3/5

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  • Oui de Nadav Lapid - Avec Ariel Bronz, Efrat Dor, Naama Preis…

Israël, au lendemain du massacre du 7 octobre 2023. Y. (Ariel Bronz) est un musicien de jazz précaire qui met son art au service d’un pays endeuillé. Libre et indépendant, il se voit un jour confier une lourde tâche qui s’apprête à changer sa vie : composer un nouvel hymne national…

Présenté lors de la dernière édition de la Quinzaine des Cinéastes, Oui du cinéaste israélien Nadav Lapid n’est pas de ces films qui laissent insensibles les spectateurs. À partir d’un sujet des plus délicats, le cinéaste connu pour son œuvre radical (Synonymes, Le Genou d’Ahed…) construit un film d’une puissance incroyable. Passionnant et dérangeant, ce film choc mérite le détour ne serait-ce que pour la performance hallucinée d’Ariel Bronz. Un grand « Oui » !

Recommandation : 4 cœurs

Antoine Le Fur

 

  • Nino de Pauline Loquès - Avec Théodore Pellerin, Jeanne Balibar, Salomé Dewaels…

 En allant chercher des résultats médicaux dont il n’attend rien de spécial, Nino, même pas trente ans (Théodore Pellerin) apprend brutalement qu’il est atteint d’un cancer du larynx et qu’il est convoqué, dans trois jours, pour sa première chimio. Trois jours…Ce n’est pas beaucoup pour annoncer à ses proches une telle nouvelle, surtout quand on est un taiseux, et qu’en plus,  votre médecin vous a confié deux missions délicates à accomplir dans ce si court laps de temps…On s’attend à ce que Nino, de nature ombrageuse  s’effondre. C’est tout le contraire qui va arriver. Pendant ces dernières 72 heures de liberté qu’on lui a attribuées, Nino va se lancer dans des « aventures » mouvementées inédites pour lui, au sortir desquelles  il va se mettre soudain à aimer la vie…

Pour son premier long-métrage, la journaliste scénariste Pauline Loquès s’est inspirée de l’histoire d’un de ses proches décédé d’un cancer à l’âge de trente-sept ans. Encore un nouveau film sur ce sujet? Oui, mais celui-ci en évite tous les écueils. Non seulement, bien que solidement documenté, il échappe au travers du pesant documentaire médical, mais il ne tombe jamais dans le piège du mélo. Peut-être parce qu’il traite de cette période d’entre le moment où on assène à quelqu’un la nouvelle de sa maladie et celui où débute son traitement. Une période d’incertitude et de déséquilibre où, bien que sonné, on peut en profiter pour vivre des aventures qu’on ne se serait pas permises avant. Le talent de Pauline Loquès est d’avoir su rendre à la fois plausible, poignante, joyeuse et lumineuse une de ces « traversées » à travers un personnage qui se met à aimer la vie à la veille, peut-être, de devoir la quitter. Dans le rôle-titre de ce film subtil et marquant, Théodore Pellerin est magistral, d’une grâce exceptionnelle.

Recommandation : 4 coeurs

Dominique Poncet

 

  • L’Intérêt d’Adam de Laura Wandel - Avec Léa Drucker, Anamaria Vartolomei, Laurent Capelluto…

Lucy (Léa Drucker) est une infirmière dévouée qui se retrouve confrontée à la détresse d’une jeune mère, Rebecca (Anamaria Vartolomei) et de son fils hospitalisé, Adam (Jules Delsart). Bouleversée par leur histoire, elle décide de tout mettre en œuvre pour les aider. Quitte à se mettre en délicatesse avec sa hiérarchie…

Après le choc Un Monde sorti en 2022, la cinéaste Laura Wandel confirme tous les espoirs qui avaient été mis en elle avec L’Intérêt d’Adam, son deuxième long-métrage. Sans concession, ce film magnifiquement interprété par le duo Léa Drucker / Anamaria Vartolomei brille par sa maîtrise et sa force. Du grand cinéma.

Recommandation : 4 cœurs

Antoine Le Fur

 

  • La Tour de glace de Lucile Hadzihalilovic - Avec Marion Cotillard, Clara Pacini et August Diehl…

Années 1970. Jeanne, orpheline de seize ans (Clara Pacini), fugue de son foyer de haute-montagne pour rejoindre la ville et trouve refuge dans un studio de cinéma où se tourne une adaptation de La Reine des Neiges, le conte d’Andersen qu’elle préfère. Elle y tombe sous le charme de celle qui tient le rôle-titre, Cristina (Marion Cotillard), une grande actrice de cinéma qui la prend sous son aile. Entre la star et la jeune fille va s’installer une troublante relation…Un prétexte pour une grande variation sur le cinéma et son pouvoir de fascination. Un pouvoir aussi fort que fut celui des contes, quand, justement, le cinéma  n’existait pas…

Ours d’argent à Berlin, La Tour de Glace est le quatrième film de Lucile Hadzihalilovic, l’une des plus singulières des réalisatrices françaises. L’enfance, sa vulnérabilité,  le passage à l’âge adulte…on y retrouve les obsessions de la cinéaste, à ce détail près que son dernier opus se déroule dans un monde réel, ce qui en fait le plus accessible de la cinéaste. Ce qui ne signifie pourtant pas le moins merveilleux, au contraire, car tout relève de la magie dans cette Tour de glace aux allures de conte, à commencer sa photo, sensationnelle  (on voit rarement d’aussi belles oppositions entre ombre et lumière) et l’utilisation qui est faite de l’eau, en particulier dans sa forme… solide (la glace). En diva de cinéma à la fois fascinante et terrifiante, Marion Cotillard crève l’écran, trouve là un de ses rôles les plus magnétiques.

Recommandation: 4 coeurs

Dominique Poncet

 

  • Les Tourmentés de Lucas Belvaux - Avec Niels Schneider, Ramzy Bedia, Linh-Dan Pham, Deborah François…

Ancien légionnaire traumatisé par ses guerres, Skender (Niels Schneider) est devenu SDF. Incapable de se reconstruire, il passe ses journées à essayer de se rapprocher (en vain) de son ex-femme (Deborah François) et de ses deux fils. Un jour il est abordé par Max (Ramzy Bedia), un de ses anciens compagnons d’armes. Ce dernier le conduit auprès d’une mystérieuse et richissime femme d’affaires (Linh-Dan Pham) dont il est devenu l’homme de confiance.  Elle va  lui proposer l’inimaginable : moyennant une somme d’argent colossale,  servir de gibier dans une chasse à l’homme. Un jeu à haut risque, mais gagnant-gagnant. S’il gagne, Skender touchera lui-même cette somme ; s’il perd, elle sera versée à sa famille. Skender accepte bien sûr… Le jeu doit débuter dans plusieurs semaines…

Cinq ans après Des Hommes, Lucas Belvaux revient avec un film adapté de son roman éponyme paru en 2022.  Un thriller qui rappelle dans son thème (la chasse à l’homme) Les Chasses du Comte Zaroff, mais qui est exploré ici sous un angle plus métaphysique, ce qui en fait sa singularité, son intérêt et lui ajoute intériorité et émotion, sans lui retirer une once  de suspense. La distribution (Niels Schneider, Ramzy Bedia et Linh-Dan Pham) est parfaite, ce qui compense largement le désagrément causé par le nombre (superfétatoire) des flash-back du film. Quel plaisir de retrouver ici la grande interprète qu’est Deborah François, beaucoup trop rare à l’écran.

Recommandation : 3 coeurs

Dominique Poncet

 

  • Left-Handed Girl de Shih-Ching Tsou - Avec Janel Tsai, Nina Ye, Shi-Yuan Ma… 

Shu-Fen (Janel Tsai) est une mère célibataire qui arrive à Taïwan avec ses deux filles, I-Ann (Shih-Yuan Ma) et I-Jing (Nina Ye). Dans cette ville qui marque un nouveau départ pour toutes les trois, chacune d’entre elles doit trouver un moyen pour réussir à maintenir l’unité familiale…

Il y a un charme évident qui se dégage de Left-Handed Girl, premier long-métrage en solo de Shih-Ching Tsou. Collaboratrice de longue date du cinéaste américain Sean Baker, la réalisatrice taïwanaise signe ici un film émouvant sur une famille à l’équilibre fragile. Porté par trois actrices en état de grâce, le long-métrage pâtit néanmoins d’un montage un peu trop rapide et d’un sujet plus survolé que approfondi.

Recommandation : 3 cœurs

Antoine Le Fur

 

  • Dalloway de Yann Gozlan - Avec Cécile de France, Anna Mouglalis et la voix de Mylène Farmer…

Clarissa (Cécile de France) est une romancière en mal d’inspiration qui vient de rejoindre une résidence pour artistes à la pointe de la technologie. Son quotidien est rythmé par ses séances d’écriture et ses conversations avec Dalloway (Mylène Farmer), une intelligence artificielle. D’abord bienveillante, cette dernière finit cependant par devenir de plus en plus intrusive pour la jeune écrivaine…

Le cinéma de Yann Gozlan est assez inégal. Tantôt inspirés (Un homme idéal, Boîte noire…), tantôt oubliables (Burn Out, Visions…), ses films se suivent et ne se ressemblent pas. Dalloway, son nouveau long-métrage, ne devrait pas rester dans les annales. Thriller au sujet éminemment d’actualité (les dérives de l’intelligence artificielle), le film peine à convaincre en raison d’un scénario confus, à la limite de l’incohérence. Une proposition cinématographique mineure dans la carrière de son auteur.

Recommandation : 2 cœurs

Antoine Le Fur

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