A voir également au cinéma cette semaine

• Noël joyeux  de Clément Michel- Avec Emmanuelle Devos, Franck Dubosc, Danielle Lebrun, Jean-François Cayrey…

Vincent Barand (Franck Dubosc) aime plus que tout fêter Noël en famille. Mais lorsque ses enfants annulent leur venue au dernier moment, c’est le drame. Ne concevant pas de passer les fêtes en tête-à-tête avec sa femme Béatrice (Emmanuelle Devos), il se rend dans une maison de retraite afin d’inviter une pensionnaire esseulée à venir passer Noël chez eux. C’est ainsi que débarque Monique (Danièle Lebrun), très vite rejointe par sa meilleure amie Jeanne (Danielle Fichaud). Deux femmes dont les caractères bien trempés vont sérieusement secouer le Noël des Barand…

Et si Noël Joyeux était la plus réjouissante des comédies de Noël de ces dernières années ? Avec son rythme qui ne faiblit jamais et ses répliques qui font mouche, le film est un vrai remède contre la morosité. Si le génie comique de Franck Dubosc et des impériales Danièle Lebrun et Danielle Fichaud n’est plus à prouver, celui d’Emmanuelle Devos, si rare dans ce registre, est une vraie révélation. Le feel good movie de cette fin d’année !

Recommandation : 4 cœurs

Antoine Le Fur

• Bâtiment 5 de Ladj Ly- Avec Alexis Manenti, Anita Diaw, Jeanne Balibar, Steve Tientcheu…

Haby Keita (Anta Diaw) est une jeune femme très impliquée dans la vie de sa commune. Le jour où elle découvre que l’immeuble dans lequel elle a grandi, le bâtiment 5, est menacé de démolition en raison d’un nouveau plan de réaménagement du quartier, elle se lance dans une croisade contre Pierre Forges (Alexis Manenti), un jeune pédiatre soudainement propulsé maire de la ville…

 Il y a quatre ans, Ladj Ly faisait une entrée fracassante dans le cinéma français avec son premier long-métrage, Les Misérables, qui remportait l’année suivante le César du meilleur film. Dire que son deuxième film était particulièrement attendu est un euphémisme. Malheureusement, Bâtiment 5 est aussi décevant que Les Misérables était réussi. Manichéen et pétri de démagogie, le film semble faire fi des nuances. Et ce n’est pas la mise en scène (l’utilisation du drone au cinéma devrait être sérieusement réglementée) qui vient arranger les choses. Un deuxième film est encore plus dur à faire qu’un premier film. Un adage que Ladj Ly pourra faire sien.

Recommandation : 2 cœurs

Antoine Le Fur

• Le Grand Magasin de Yoshimi Itazu. Animation.

Akino, une jeune femme aussi touchante que maladroite, est apprentie concierge dans un grand magasin japonais situé au cœur d’une immense forêt. Une entreprise très étonnante puisque tous ses employés sont des humains et tous ses clients, des animaux. Des animaux de toutes sortes (grands, petits, à plumes, à poils, à écailles, bipèdes, quadrupèdes, herbivores, carnivores…), mais qui ont tous en commun d’appartenir à des espèces menacées de disparition. Les fêtes de Noël approchant, Akino se donne beaucoup de mal pour satisfaire les demandes, souvent excentriques, de ses clients, comme si elle avait pour mission de racheter toutes les méchancetés que les hommes ont fait jadis subir à ses clients. Au fur et à mesure qu’elle  se déroule, on comprend qu’en plus de nous amuser et de nous émouvoir, cette histoire n’avait d’autre objectif que de faire passer, en douceur, un message écologique et pacificateur.

Pour son premier film en tant que réalisateur, le japonais Yoshimi Itazu adapte le manga qui donne son titre à son film. Il n’est pas étonnant que ce dernier soit très réussi, Itazu ayant fait ses premières armes dans le cinéma aux côtés des « maîtres » japonais de l’animation, dont l’immense Hayao Miyazaki. Tout charme dans son film : la délicatesse du dessin et ses couleurs, l’animation, et le propos, à la fois ludique, amusant et sérieux. Pour les petits ( à partir de 8 ans) comme pour les grands (sans limite d’âge).

Recommandation : 4 cœurs 

Dominique Poncet

• Kokomo city de D. Smith- documentaire.

Daniella, Dominique, Koko et Liyah sont des travailleuses du sexe transgenres et afro-américaines. Dans ce documentaire sans équivalent jusqu’à présent, elles livrent leur vécu de femmes trans, sans fard et sans tabou, avec aussi beaucoup d’humour et d’autodérision. 

On doit ce film divertissant et édifiant à l'autrice-compositrice D. Smith (fille d’un batteur de renom) qui fut la première femme trans à participer à une émission de télé-réalité. D. Smith signe ici  son premier long métrage. Tourné en noir et blanc,  très soigné dans sa réalisation, Kokomo city a demandé trois ans de travail à son auteur. Mais le résultat est là. Ce doc a reçu plusieurs récompenses dont le prix du public de la Berlinale dans la section Documentaire Panorama. Choc, mais pas provoc. Bouleversant et nécessaire. 

Recommandation : 3 cœurs

Dominique Poncet

• Soudain seuls de Thomas Bidegain- Avec Gilles Lellouche, Mélanie Thierry…

Ben (Gilles Lellouche) et Laura (Mélanie Thierry) sont en couple. Ayant décidé de faire le tour du monde en bateau, ils font un détour sur une île sauvage, au large des côtes antarctiques. Mais une terrible tempête s’abat sur eux, emportant leur bateau. Livrés à eux-mêmes, face au danger et à l’hiver qui approche, ils vont devoir lutter pour leur survie et celle de leur couple…

Grand scénariste (pour Jacques Audiard, Marion Vernoux, Jean-Jacques Annaud, Bertrand Bonello…), Thomas Bidegain avait brillamment réussi son passage derrière la caméra en 2015 avec son film Les Cowboys. Huit ans plus tard, son second long-métrage, Soudain seuls débarque en salles. Adapté de l’ouvrage du même nom que celui de la navigatrice Isabelle Autissier, ce film de survie vaut surtout pour les performances impressionnantes de Gilles Lellouche et Mélanie Thierry. Étonnamment, le scénario, discipline dont Thomas Bidegain est devenu l’un des maîtres ces vingt dernières années, peine à convaincre en se contentant d’enchaîner les platitudes. Un film aussi impressionnant que anecdotique.

Recommandation : 3 cœurs

Antoine Le Fur

• Levante de Lillah Halla- Avec Ayomi Domenica Dias, Loro Bardot, Grâce Passô…

A la veille d’être embauchée par un club de volley-ball prestigieux, Sofia, jeune sportive brésilienne  bisexuelle de 17 ans apprend qu’elle est enceinte. Ne voulant pas de cette grossesse qui empêcherait son intégration dans ce club réputé, elle cherche à se faire avorter illégalement et se retrouve la cible d’un groupe religieux fondamentaliste qui va utiliser les pires stratagèmes pour l’en dissuader. Soutenue par l’équipe de filles qui l’entourent fidèlement, Sofia ne va pas accepter de se laisser faire.

Pour son premier long métrage, la réalisatrice brésilienne Lillah Halla s’attaque  au problème de l’avortement toujours interdit  par la loi dans son pays gangréné par le fascisme. Courageusement, elle le traite frontalement avec une intrigue  crescendo - ce qui donne un petit côté thriller à son film -, en faisant la part belle à la lutte des femmes brésiliennes qui se battent, dans une magnifique  sororité, pour leur droit à disposer de leur corps. Récompensé par le Prix FIPRESCI (qui regroupe des critiques cinéma du monde entier) à la dernière Semaine de la critique cannoise, Levante (qui veut dire soulèvement) est porté par une actrice tout feu tout flamme, Ayomi Domenica Dias. Sincère et énergique. 

Recommandation : 3 cœurs

Dominique Poncet