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  • Daaaaaali ! de Quentin Dupieux - Avec Anaïs Demoustier, Edouard Baer, Gilles Lellouche, Jonathan Cohen, Pio Marmaï, Romain Duris….

Judith, une jeune journaliste (Anaïs Demoustiers), essaie d’obtenir une interview de Dali dont elle est une admiratrice inconditionnelle. Une, deux, trois… c’est quatre fois qu’elle  va se casser le nez, sans jamais se décourager. N’en déduisez pas que la drôlerie de ce film relève du principe de répétition. C’est beaucoup plus malin que ça. Partant de cette réalité (objective) que le peintre surréaliste, dont la créativité loufoque n’avait d’égale que son comportement imprévisible, était un homme complexe et insaisissable, Quentin Dupieux a eu l’idée de le faire jouer par six comédiens différents : Edouard Baer, Jonathan  Cohen, Gilles Lellouche, Pio Marmaï , Didier Flamand et un acteur inconnu… En âge, en gabarit et en allure, ils sont tous différents mais, pour l’occasion, ils portent tous moustache, et parlent avec l’invraisemblable phrasé du maître espagnol. Le résultat donne lieu à une comédie farfelue et hilarante, qui permet de comprendre, au fil des interviews avortées ou refusées, comment l’inventeur des « montres molles », non seulement construisait sa légende, mais aussi à quel point son ego et sa mégalomanie étaient surdimensionnés. Pour les explications sur sa peinture et son adhésion au surréalisme, bien sûr, on repasse, mais comme ce n’était  pas du tout le propos du film, personne ne s’en plaindra ! 

 Avec ce Daaaaaali joué d’une façon « ééééépâ-tante-te » et « grandiôôôôse » par tous ses interprètes, Quentin  Dupieux (Steack, Le Daim, Mandibules, Fumer fait tousser, Au poste!, Incroyable mais vrai, et récemment, Yannick) confirme qu’il est le réalisateur le plus inclassable et le plus potache du cinéma français. Jubilatoire, gaguesque et perché !

Recommandation : 4 cœurs

Dominique Poncet

 

  • Elaha de Milena Aboyan - Avec Bayan Layla, Armin Wahedi, Derya Dilber…

Elaha (Bayan Layla) est une jeune femme kurde de 22 ans. Si en apparence, tout va bien, il se trouve qu’elle cache un secret. À l’approche de son mariage, elle souhaite en effet faire reconstruire son hymen par tous les moyens, afin d’éviter le déshonneur à sa famille. Une véritable course contre la montre s’engage pour Elaha…

Premier long-métrage de Milena Aboyan, Elaha est un film d’une grande puissance qui questionne le poids des traditions, encore à l’œuvre dans certaines communautés. Évidemment féministe dans son propos, le long-métrage séduit par la sobriété de sa mise en scène et son mélange réussi de délicatesse et de violence. Dans le rôle principal, la jeune Bayan Layla est impressionnante. Un premier long-métrage réussi.

 Recommandation : 3 cœurs

 Antoine Le Fur

 

  • Le dernier jaguar de Gilles de Maistre -  Avec Kelly Hope Taylor, Amanda Ip, Letitia Brookes…

Dans la forêt amazonienne, une petite fille de six ans, joliment prénommée Autumn (en français, Automne) recueille un bébé jaguar femelle qu’elle appelle Hope (Espoir  ). A la suite de l’assassinat de sa mère par des braconniers, l’enfant part vivre avec son père à New York. Huit ans plus tard, quand celle qui est devenue une ado intrépide apprend que Hope est en danger, elle se débrouille pour retourner dans la forêt porter secours à son amie. Au grand dam d’Anja Shymore, sa prof de sciences nat qui va la suivre, empêtrée dans sa jupe droite, ses talons hauts, sa phobie des grands espaces et son embarrassant amour pour son hérisson…

 Décidément, en parallèle à ses films en faveur de l’enfance, le scénariste- documentariste Gilles de Maistre (Prix Albert Londres de l’audiovisuel en 1990) persiste et signe dans sa défense de l’environnement et de la cause animale. Après notamment Mia et le Lion blanc, qui en 2015, racontait l’amitié entre une petite fille et un lion, puis, Le Loup et le Lion qui, en 2018, relatait une amitié entre les deux grands prédateurs mythiques du cinéma, le voici qui nous embarque pour une nouvelle aventure, bâtie encore une fois autour d’une amitié exceptionnelle entre un humain (en l’occurrence, une petite fille) et un animal sauvage. Bien que par moments un peu trop naïf, Le dernier jaguar  devrait toucher le cœur des spectateurs de tous les âges, à partir de sept ans. Divertissant, éducatif, émouvant et visuellement très beau.

Recommandation: 3 cœurs

Dominique Poncet

 

  • Green border d’Agnieszka Holland - Avec Jalal Altawil, Maja Ostaszewska…

Une famille syrienne, fuyant la guerre, entreprend un long périple pour rejoindre la Suède. Leur voyage connaît un premier obstacle de taille à la frontière entre la Biélorussie et la Pologne, qui symbolise l’entrée dans l’Union Européenne. Aux prises avec des militaires aux méthodes violentes, ils comprennent qu’ils vont devoir lutter comme rarement pour leur survie…

Présenté lors de la dernière édition de la Mostra de Venise, Green Border en est reparti avec le Prix Spécial du Jury. Une récompense amplement méritée tant le film est certainement l’un des plus justes et précis sur la question des crises migratoires en Europe. Cinéaste à l’œuvre dense et passionnante (Europa Europa, Rimbaud Verlaine, L'ombre de Staline…), Agnieszka Holland donne ici à voir et à entendre une grande variété de points de vue grâce à une galerie de personnages particulièrement bien écrits. Avec sa mise en scène au cordeau, Green Border montre l’extraordinaire vitalité de l’une des réalisatrices les plus fascinantes de sa génération.

Recommandation : 4 cœurs

Antoine Le Fur

 

  • Race for Glory : Audi vs Lancia de Stefano Mordini - Avec Riccardo Scamarcio, Daniel Brühl, Volker Bruch…

 Dans le monde du rallye automobile, en 1983, la rivalité est à son comble entre le malin et charismatique Cesare Fiorio (Riccardo Scamarcio) qui dirige l’écurie italienne Lancia, et le redoutable et tenace Roland Gumpert (Daniel Brühl) qui a en charge la puissante équipe allemande Audi. Mais chacun des deux adversaires sait que, quels que soient les stratagèmes qu’ils mettront au point, c’est d’abord sur le terrain que va se jouer le championnat du monde.  Entre Walter Röhrl, au volant de l’Audi Quattro et Hannu Mikkola, à celui  de la Lancia Rally 037, une  course folle s’engage. Elle deviendra légendaire…

Parce que, contrairement au monde de la F1, celui du rallye a inspiré peu de films de cinéma, on était impatient de voir Race for Glory : Audi vs Lancia, d’autant plus que son projet avait été porté par deux hommes qui en connaissent long sur le sport automobile :  le producteur Jeremy Thomas et le comédien Riccardo Scamarcio. Qu’en est-il ? Pour son réalisme et sa fidélité dans sa reconstitution de ce qui reste, encore aujourd’hui, un des rallyes les plus mythiques de l’Histoire automobile, Race for Glory…( réalisé d’après les souvenirs du vrai Cesario Fioro, 84 ans aujourd’hui) devrait captiver aussi bien les amateurs de sport mécanique que ceux de sensations fortes. Mais les cinéphiles, eux, regretteront sans doute la pauvreté de sa mise en scène (signée Stefano Mordini) qui, en ce qui concerne la stricte reconstitution de la course, atteint à peine le niveau des retransmissions télés des années 80. Cela n’enlève rien au suspense, mais c’est dommage.   

Recommandation: 3 cœurs

Dominique Poncet

 

  • Le royaume de Kensuké de Neil Boyle et Kirk Hendry. film d’animation.

Lors d’une tempête survenue au cours du tour du monde à la voile qu’il accomplit avec ses parents, Michael, un imprudent gamin de 11 ans passe par dessus bord avec sa fidèle chienne, Stella. Tous deux échouent miraculeusement sur une petite île du Pacifique, habitée seulement par Kensuké, un ancien soldat japonais rescapé de la Seconde Guerre mondiale, dont les seuls compagnons sont les orangs-outangs et les animaux qui les entourent…D’abord apeuré, le petit garçon va fraterniser avec le vieil homme  et apprendre de lui, le respect de la nature, l’altérité, et le sens du partage. 

Disons le sans ambage : adapté du sublime roman homonyme inspiré en 1999 au britannique Michael Morpurgo par Robinson Crusoé, ce Royaume de Kensuké transposé sur grand écran  est un petit bijou de film. Son scénario est une fable écologique, belle, bien rythmée, sans mélo ni préchi-précha, et son animation, de facture artisanale (on sent les traits de crayon des dessinateurs)  est d’une beauté sobre et féérique. On regarde ce film avec émerveillement et on en sort, ému, ravi, avec, qui  perdurent sur nos rétines, ses dessins enchanteurs. Pour les petits et aussi pour les grands. 

Recommandation: 4 cœurs

Dominique Poncet

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