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Sing Sing de Greg Kwedar - Avec Colman Domingo, Sean Dino Johnson, Clarence Maclin…
On le sait peu, mais depuis 1996, Sing Sing, la plus célèbre des prisons américaines pour sa violence, l’extrême dureté de son régime et son record d’exécutions sur la chaise électrique, propose à ses détenus un programme de réhabilitation par le théâtre, RTA (Rehabilitation Through the Arts). Une formation qui leur permet de jouer, écrire ou interpréter des pièces, dans l’objectif de les « re-sociabiliser », pour qu’une fois dehors, ils puissent se réadapter et trouver un emploi. Inspiré d’une histoire vraie, Sing Sing relate l’histoire de Divine G (Colman Domingo). Emprisonné pour un crime qu’il n’a pas commis, ce prisonnier longue durée supporte son incarcération en consacrant son temps à l’atelier de théâtre. Un jour, un des caïds les plus redoutés de l’établissement pénitentiaire, Divine Eye (Clarence Maclin) vient se présenter aux auditions. Ce dur de dur s'intégrera-t-il au groupe ? Y sera-t-il accepté? Pour y tenir quel rôle?
Gros coup de cœur (et de chapeau! ) pour ce drame carcéral qui nous immerge dans le quotidien d’un des pénitenciers les plus fermés des Etats-Unis. On y découvre que, malgré sa réputation, parviennent à continuer d’ y exister humanité, fraternité et bienveillance, avec au bout, peut-être, la réhabilitation pour les « pensionnaires » qui en sortent. Rien n’est convenu et tout sonne vrai (dialogues, mise en scène, décors, interprétation) dans ce film “documentaire” dont la distribution est composée d’acteurs professionnels et d’ex-prisonniers ayant participé au programme RTA (dont l’impressionnant Clarence Maclin ). On en ressort sonné et bouleversé sans pour autant que le scénario ne fasse jamais appel artificiellement à notre émotivité. On comprend l’enthousiasme que ce film a soulevé au Festival de Deauville. On comprendrait aussi que pour sa prodigieuse interprétation de Divine G, Colman Domingo figure dans la liste des acteurs nominés aux Oscars. Édifiant et immanquable.
Recommandation: 5 cœurs
Dominique Poncet
La pie voleuse de Robert Guédiguian - Avec Ariane Ascaride, Grégoire Leprince-Ringuet, Marilou Aussilloux, Jean-Pierre Darroussin…
Maria (Ariane Ascaride) travaille comme auxiliaire de vie auprès de différentes personnes âgées. Dévouée à ces derniers, cette femme qui n’arrive pas à se résoudre à sa condition précaire vole ici et là un peu d’argent à ces braves gens. Tout se passe normalement jusqu’au jour où une plainte pour abus de faiblesse bouleverse totalement la vie de Maria…
C’est toujours avec un certain plaisir que l’on retrouve l’univers de Robert Guédiguian. À plus forte raison lorsqu’il revient tourner à l’Estaque, ce quartier marseillais aux airs de village, qui fut le théâtre de plusieurs de ses films (Marius et Jeannette, Les Neiges du Kilimandjaro…). Malheureusement, son nouveau film, La Pie voleuse, reste bien mineur au regard des autres longs-métrages qui composent sa filmographie. Intrigue poussive, sentiment de déjà-vu, déficit d’émotion… On a connu le cinéaste plus inspiré.
Recommandation : 2 coeurs
Antoine Le Fur
Le Jardin Zen de Naoko Ogigami - Avec Mariko Tsutsui.
Empêtrée dans ses obligations maritales et familiales, Yoriko (Mariko Tsutsui) n’a pas une existence tranquille. Mais, petit à petit, la vie va lui laisser le champ libre. Son mari fuit le domicile, son fils s’en va, et son beau-père, dont elle s’occupait, meurt. Désormais seule face à elle-même, Yoriko tombe sous la coupe de la secte de l’eau et trouve enfin la paix… Après quelques années de sérénité, son mari, atteint d’un cancer, ressurgit et son fils aussi…
Quel drôle de film ! Le Jardin Zen de la réalisatrice japonaise Naoko Ogigami, est un thriller, mais un thriller à rebours de ceux qu’on voit d’habitude: son rythme est lent, il n’est ni violent, ni bavard, et pourtant, on ne s’y ennuie pas une seconde, au contraire. Tout en se déroulant essentiellement dans une maison et son jardin (d’abord fleuri, puis « zen »), il se regarde comme un voyage dans le Japon patriarcal de l’après catastrophe nucléaire de Fukushima, offrant, en son centre, le portrait d’une femme douce et soumise qui cherche à s’émanciper. Aussi curieux qu’intéressant.
Recommandation : 3 coeurs
Dominique Poncet
Juliette se tait de Leonardo Van Dijl - Avec Tessa Van den Broeck, Ruth Becquart, Koen De Bouw…
Julie (Tessa Van den Broeck) est une jeune joueuse de tennis prometteuse. Sa carrière semble bien lancée. Jusqu’au jour où son entraîneur, Jérémy (Laurent Caron), est soudainement suspendu. Une enquête est alors ouverte et tous les joueurs sont invités à parler sur leurs rapports avec ce dernier. Mais Julie décide de se taire…
L’idée de départ de Julie se tait est déjà intéressante. Dans ce premier long-métrage du réalisateur belge Leonardo Van Dijl, une victime d’emprise choisit le mutisme plutôt que la parole. Un choix plutôt étonnant mais qui pose néanmoins de nombreuses questions. Malgré son aspect assez aride, ce film singulier mérite le détour notamment grâce à la composition de la prometteuse Tessa Van den Broeck. Saisissant.
Recommandation : 3 cœurs
Antoine Le Fur
Une nuit au zoo de Ricardo Curtis et Rodrigo Perez-Castro. Animation.
Une nuit, une météorite s’écrase sur le zoo de Colepeper, libérant un virus qui transforme les animaux en mutants zombies baveux ! Alors que tout le zoo risque d’être contaminé, Gracie, une jeune louve excentrique s’associe avec Dan, un puma bourru pour essayer de trouver le moyen que les animaux redeviennent eux-mêmes. Bien que d’autres « copains » se rallient au duo, le combat ne va pas être facile : les zombies sont de fichus adversaires…
Ricardo Curtis et Rodrigo Perez-Castro…Ils se sont mis à deux pour réaliser le (presque) impossible: réussir un film d’animation horrifique qui… amuse les enfants (à partir de 7 ans), et les grands. Leur recette : désamorcer « l’horreur » supposée d’une scène en la faisant suivre d’un gag qui fait éclater de rire, et puis, aussi, pour ne pas effrayer les plus jeunes, donner aux méchants zombies de leur film des allures de créatures « gélatineuses ». Pourtant inspiré d’un concept du maître de l’horreur Clive Barker, Une nuit au zoo est la comédie idéale pour initier les jeunes cinéphiles aux films de genre, tout en gardant, quand même, le plaisir de se faire un peu peur !
Recommandation : 4 coeurs
Dominique Poncet
Un monde violent de Maxime Caperan - Avec Kacey Mottet-Klein, Félix Maritaud, Bonnie Duvauchelle…
Une nuit, deux frères, Sam (Kacey Mottet Klein) et Paul (Félix Maritaud) braquent un camion de smartphones. Le plan aurait dû se dérouler idéalement. Mais c’était sans compter sur la mort du chauffeur du véhicule. Un terrible évènement qui propulse les deux hommes et leur complice Suzanne (Olivia Côte) dans une véritable spirale de violence…
Voici un film assez fascinant. D’autant plus si l’on songe qu’il s’agit d’un premier long-métrage de fiction. Un monde violent de Maxime Caperan joue habilement avec les codes du polar à travers l’histoire de ces deux frères dont la vie bascule à la suite d’un braquage. Sombre et désenchanté, l’univers que dépeint ici le réalisateur ne laisse pas d’espoir à ces personnages magistralement interprétés par Kacey Mottet-Klein et Félix Maritaud. Une belle découverte.
Recommandation : 3 coeurs
Antoine Le Fur
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