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4/5

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  • Sept hivers à Téhéran  de Steffi Niederzoll. Avec la voix de Zar Amir Ebrahimi. 

Reyhaneh Jabbari avait 19 ans en 2007 et la vie devant elle. Pourtant, la vie de cette jeune iranienne a basculé cette année-là lorsqu’elle poignarda l’homme qui tentait de la violer. Accusée de meurtre et condamnée à mort, celle qui fut érigée en symbole de la lutte pour les droits des femmes en Iran passa sept ans en prison avant d’être finalement exécutée. Pendant toutes ces années, sa famille ne perdit jamais espoir pour la faire innocenter. Sept hivers à Téhéran revient sur ce combat…

En septembre 2022, la mort de la jeune Mahsa Amini enclencha le début d’une révolte historique en Iran. Muselées pendant des décennies, les Iraniennes osaient enfin faire entendre leurs droits. Le tragique destin de Mahsa Amini a permis de faire bouger les lignes dans un pays liberticide. Avant elle, une autre iranienne avait également été érigée en passionaria de la lutte contre l’oppression patriarcale. Parce qu’elle avait tué l’homme qui tentait de la violer, Reyhaneh Jabbari fut exécutée à l’âge de 26 ans après avoir passé sept ans dans les geôles iraniennes. Sept hivers à Téhéran de la réalisatrice allemande Steffi Niederzoll est un hommage passionnant à cette victime du régime des mollahs. Nourrie à partir d’images filmées clandestinement, le documentaire est aussi riche cinématographiquement que nécessaire, qui plus est à l’époque actuelle. Assurément, l’un des plus grands chocs au cinéma de ces derniers mois.

 Recommandation : 5 cœurs

Antoine Le Fur.

 

  • Bonne conduite de Jonathan Barré - Avec Laure Calamy, David Marsais, Grégoire Ludig…

Formatrice, le jour, dans un centre de récupération de points pour les conducteurs ayant perdu leur permis de conduire, Pauline (Laure Calamy) se transforme, la nuit, en justicière, poursuivant les chauffards responsables d’accidents mortels. Elle a, pense-t-elle, une bonne raison : son compagnon tant aimé est mort, cinq ans plus tôt, victime d’un de ces  chauffards fous. Mais pour la première fois, Pauline l’intrépide va rater son coup. Alors qu’elle croit avoir envoyé ad patres le cynique Jean-Yves Lapick (Tchéky Karyo), ce dernier sort indemne de son véhicule, qu’elle a pourtant consciencieusement envoyé valdinguer. Pas de chance, le miraculé est un dangereux trafiquant aux basques duquel collent deux inspecteurs de police ( Grégoire Ludig et David Marsais)…Ça va chauffer. Pour lui, mais aussi pour elle…

Après La folle histoire de Max et Léon et Les Vedettes, qu’il avait réalisés sur un scénario écrit par ses copains du Palmashow (Grégoire Ludig et David Marsais), Jonathan Barré s’est lancé à son tour dans l’aventure de l’écriture pour le grand écran. Epaulé par Laurent Vayriot, il a imaginé ce thriller évoquant un Fargo qui se serait déroulé dans le Finistère. C’est marrant, déjanté et décomplexé. La fantaisie et le peps de Laure Calamy  font merveille. Quant à Grégoire Ludig et à David Marsais (les deux du Palmashow) que le cinéaste a évidemment embarqués dans l’aventure, ils sont inénarrables dans leur numéro de flics duettistes. Bourré de références cinématographiques (les cinéphiles ont de quoi s’amuser !), mené à cent à l’heure avec des pauses pour l’émotion, Bonne conduite est  le petit bijou comique de la semaine.

Recommandation  : 4 cœurs. 

Dominique Poncet

 

  • Apaches de Romain Quirot. Avec Alice Isaaz, Niels Schneider, Rod Paradot…  

Paris, 1900. La capitale française est aux mains des Apaches, un gang ultra violent emmené par le charismatique Jésus (Niels Schneider). Afin de venger la mort de son frère tué par ce dernier, la jeune Billie (Alice Isaaz) réussit à intégrer ce groupe. Son but est clair : éliminer Jésus…

Il y a deux ans, Romain Quirot faisait une entrée remarquée dans le paysage cinématographique français avec Le Dernier voyage, film de science-fiction à l’originalité folle. Apaches, son deuxième long-métrage, est tout aussi atypique. Punk, violent et glamour, ce film d’époque évite judicieusement l’académisme souvent propre aux films en costumes pour proposer une expérience visuelle et esthétique qui ne laisse pas insensible le spectateur. En héroïne vengeresse, Alice Isaaz fait des merveilles face à un Niels Schneider, incroyable en chef de gang impitoyable.

Recommandation : 4 coeurs

Antoine Le Fur

 

  • Le capitaine Volkonogof s’est échappé de Natalaya Merkulova et Alexeï Tchoupov - Avec  Yuri Borisov, Timofey Trinuntsev …

En 1938, au pic de la Grande Terreur, Staline purge ses propres rangs (Ce massacre fera à lui seul plus de 750000 victimes). Comprenant que de bourreau, il est devenu suspect, le capitaine Volkonogov prend la fuite. Dans celle-ci, il est frappé d’une vision : pour sauver son âme, il devra se confronter aux familles des victimes et obtenir leur pardon. Commence pour le capitaine poursuivi mentalement par ses remords et physiquement par ses anciens supérieurs, une course effrénée vers la rédemption et la liberté…

Thriller métaphysique à la fois terrifiant, surréaliste  et d’une grande beauté formelle, Le Capitaine V…est une parabole post-moderne indéniablement… russe. Impossible, en le regardant, de ne   pas songer à Dostoïevski et forcément à Poutine. « Notre film, dit l’un de ses deux réalisateurs, n'est pas un drame historique, mais plutôt une parabole fantasmagorique située dans un contexte particulier de l’Histoire. Les dystopies tendent à prendre place dans le passé. Nous qualifions  notre Capitaine V…de rétro-utopie ». On ne saurait dire mieux de ce film incandescent, interdit en Russie et qui a valu l’exil à ses deux réalisateurs (mari et femme à la ville). Ajoutons qu’il est porté car ce comédien majuscule qu’est Yuri Borisov ( Compartiment N°6 et La Fièvre de Petrov ). Hypnotisant et implacable. A ne pas rater.

Recommandation : 4 cœurs 

Dominique Poncet

 

  • The Lost King de Stephen Frears. Avec Sally Hawkins, Steve Coogan, Harry Lloyd… 

Philippa Langley (Sally Hawkins) est une femme discrète dont la vie bascule lorsqu’elle assiste à une représentation théâtrale de la pièce Richard III de Shakespeare. Subjuguée par la destinée singulière de ce roi d’Angleterre du XVème siècle, elle se lance dans de longues recherches pour réhabiliter celui qui fut l’un des monarques les plus controversés de la Couronne britannique…

Stephen Frears aime l’Histoire. Celui dont le dernier film (Confident Royal, en 2017) portait sur la singulière amitié entre la Reine Victoria et un jeune employé originaire des Indes s’intéresse dans The Lost King à un autre souverain emblématique de la monarchie britannique en la personne de Richard III. L’originalité de The Lost King tient dans le parallèle que fait le cinéaste entre la vie du légendaire roi d’Angleterre et celle de Philippa Langley (incarnée par l’excellente Sally Hawkins), cette Anglaise dont l’abnégation a tout de même permis de retrouver la dépouille de Richard III sous un parking de la ville de Leicester en Angleterre. Si The Lost King n’atteint pas l’excellence des Liaisons Dangereuses ou de The Queen (véritables chefs-d‘œuvres dans la filmographie de Stephen Frears), il reste tout de même un long-métrage tout à fait honorable dans la carrière du cinéaste britannique.

Recommandation : 3 cœurs

Antoine Le Fur

 

  • Los reyes del mundo de Laura Mora - Avec Carlos Andrés Castaňeda, Brahian Acevedo…

 Le jeune Râ vit de débrouilles et de combines sans lendemain avec ses quatre meilleurs copains dans les rues de Medellin. L’espoir d’une vie meilleure renaît lorsque le gouvernement lui promet le droit de récupérer la terre et la maison desquelles sa famille a été chassée par les paramilitaires, à l’instar de milliers d’autres colombiens. Débordants du rêve de se faire enfin une place dans le monde,  Râ et sa petite bande se mettent en route pour rejoindre ce qu’ils espèrent  être leur futur Eldorado. Ils pensent que leur voyage va être palpitant. Il va s’avérer, au contraire,  chaotique  et dangereux.  Malgré la vie dont ils débordent,  ces « rois du monde » vont déchanter. C’est, non pas un royaume mais le néant qu’ils vont trouver au bout de leur chemin…

Remarquée après son second long métrage Matar a Jesús en 2017, la cinéaste colombienne Laura Mora  propose ici un formidable road movie. Qu’importe s’il s’agit d’une utopie autour de l’incapacité de l’actuelle Colombie à  installer une démocratie, ou la transposition d’une déchirante histoire vraie qui aurait  ébranlé le cœur de la réalisatrice. Ce qui  touche dans ce film d’une grande ambition narrative et formelle, c’est ce qui est dit de l’extraordinaire capacité de rêve dont peuvent faire preuve les exclus, ce qui est exprimé de la vitalité impressionnante d’une jeunesse pourtant laissée à elle-même, et aussi, ce qui est montré de l’hypnotique beauté d’un pays que des années de guérillas violentes  n’auront  pas réussi à entamer. Bouleversant et palpitant.

Recommandation : 4 cœurs

Dominique Poncet

 

  • Grand Paris de et avec Martin Jauvat. Et aussi Mahamoudou Sangaré, William Lebghil…

Leslie (Mahamadou Sangaré) et Renard (Martin Jauvat) sont deux jeunes banlieusards paumés, originaires de Seine-Saint-Denis. Un jour, alors qu’ils se trouvent près du chantier de la future ligne de métro du Grand Paris, ils trouvent un mystérieux artefact qui pourrait bien leur rapporter gros. Afin d’en savoir plus sur cet énigmatique objet, le tandem se lance dans une enquête trépidante aux quatre coins de l’Île-de-France…

Grand Paris, premier long-métrage de Martin Jauvat, est un véritable ovni dans la production cinématographique française. À la fois comédie, film d’aventures, documentaire sociologique et même récit fantastique, il séduit autant qu’il laisse de marbre. Malgré sa brièveté (1h12), le film est assez irrégulier et fait de nombreuses fois les montagnes russes. Tantôt incroyablement caustique, tantôt cruellement creux, Grand Paris est une bouffée d’air frais mais qu’il convient toutefois de consommer avec modération. 

Recommandation : 2 cœurs

Antoine Le Fur

 

  • AILLEURS SI J’Y SUIS de François Pirot - Avec Jérémie Rénier, Suzanne Clément, Samir Guesmi…

Alors que sa femme (Suzanne Clément) demande le divorce  et  que son entrepreneur de patron (Jean-Luc Bideau) veut lui céder la direction de son entreprise, Mathieu (Jérémie Rénier) plaque tout, sans prévenir personne, s’enfonce dans la forêt qui jouxte sa maison et décide d’y rester. Face à cette démonstration de liberté, ses proches, dont son voisin (Samir Guesmi) s’interrogent. Et si Mathieu avait raison ? 

Dix ans après  son beau et tendre Mobile home et un petit détour, en 2015 par le documentaire (Eurovillage), le belge François Pirot (scénariste, entre autres,  de Nue propriété de Joachim Lafosse) revient à la réalisation, avec ce récit d’émancipation qui tombe à pic dans une société où les cas de burn-out se multiplient dans tous les domaines du monde du travail. Ailleurs si j’y suis aurait pu avoir l’allure nonchalante d’un film baba-cool, il est au contraire drôle, comique et tonifiant. Grâce à ses dialogues qui font mouche et à son casting de tout premier ordre, en tête duquel Jérémie Rénier, comme d’habitude d’une justesse impeccable et Jackie  Berroyer, impayable en papi hypocondriaque.  A voir, surtout si on a  un petit coup de mou au moral . Burlesque et charmant. 

Recommandation : 3 cœurs

Dominique Poncet

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