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3/5

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  • Et plus si affinités d’Olivier Ducray et Wilfried Méance- Avec Isabelle Carré, Bernard Campan, Julia Faure, Pablo Pauly…

Sophie (Isabelle Carré) et Xavier (Bernard Campan) forment un couple miné par la routine. Un soir, Sophie se décide à inviter à dîner leurs voisins du dessus, les très débridés Adèle (Julia Faure) et Alban (Pablo Pauly). Entre les deux couples, la soirée va provoquer des étincelles…

En 2020, sortait le film espagnol Sentimental de Cesc Gay, une joyeuse comédie adaptée de sa pièce de théâtre Los vecinos de ariba. Voici que débarque aujourd’hui le remake français, emmené par un quatuor d’acteurs en pleine forme. Si on ne s’ennuie pas devant ce long-métrage, on peut toutefois regretter qu’il ressemble un peu trop à du théâtre filmé. Un divertissement honnête sans être inoubliable.

Recommandation : 3 cœurs

Antoine Le Fur 

 

  • Le vieil homme et l’enfant de Ninna  Pálmadóttir- avec Thröstur Leó Gunnarsson, Hermann Samúelsson…

Exproprié de sa ferme du fin fond de l’Islande  pour cause de construction d’un barrage hydroélectrique, Gunnar, un vieil éleveur de chevaux, taiseux et solitaire, part s’installer dans une maison de la banlieue de Reykjavik. Il va se prendre d’affection pour un petit garçon de 10 ans, livreur de journaux, plus ou moins délaissé par ses parents séparés. A la suite d’un malentendu, ces derniers soupçonneront Gunnar d’intentions pédophiles…

Pour son premier long métrage, la réalisatrice islandaise  Ninna  Pálmadóttir  raconte la relation qui parvient à se nouer entre deux êtres qu’à priori tout oppose : l’âge, le milieu social et le caractère. Pendant sa première partie, le film va son chemin tranquillement, racontant avec douceur et subtilité, la naissance de cette amitié improbable entre un vieil homme arraché à sa terre et un gamin urbain en mal d’affection. Sa tonalité change et devient dramatique quand le vieil homme est tout d’un coup soupçonné de pédophilie pour avoir fait dormir l’enfant chez lui… Devant l’incrédulité  douloureuse du vieux monsieur face à cette accusation, on s’attend au pire. Rien  ne se passera comme on s’y attendait…Pendant une heure quinze, on aura assisté à une œuvre d’une infinie délicatesse. Une œuvre d’une beauté formelle à la fois majestueuse et  familière, portée, qui plus est,  par l’un des plus fascinants acteurs islandais, Leó  Gunnarsson.

Recommandation : 3 cœurs

Dominique Poncet

 

  • Black Flies de Jean-Stéphane Sauvaire- Avec Sean Penn, Tye Sheridan, Katherine Waterston…

 Ollie Cross (Tye Sheridan) est un jeune ambulancier idéaliste, amené à faire équipe avec Gene Rutkovsky (Sean Penn), un urgentiste expérimenté. À ses côtés, il découvre les risques d’un métier où le danger est omniprésent…

Présenté l’an passé en compétition lors du festival de Cannes, Black Flies du Français Jean-Stéphane Sauvaire débarque enfin en salles. Une sortie tardive pour un film qui déçoit en raison d’une mise en scène pour le moins hasardeuse et d’un scénario assez peu surprenant. Face à un Sean Penn dans l’un des rôles les plus mineurs de sa carrière, le jeune Tye Sheridan parvient difficilement à limiter la casse. Une œuvre franchement décevante.

Recommandation : 2 coeurs

Antoine Le Fur

 

  • Sidonie au Japon d’Eloïse Girard- Avec Isabelle Huppert, Tsuyoshi Ihara, August Diehl…

Une écrivaine en deuil prénommée Sidonie  (Isabelle Huppert) part au Japon à l’occasion de la réédition d’un de ses ouvrages. Son éditeur (Tsuyoshi Ihara) lui a concocté un emploi du temps très serré. Sur ce pays dont elle n’a les clés ni des us ni des coutumes,  Sidonie  va d’abord promener un regard amusé. Jusqu’au soir où, en rentrant dans sa chambre à la fonctionnalité difficile à déchiffrer pour l’occidentale qu’elle est,  elle va croiser le fantôme de son ex-mari. Jusque là romanesque, son voyage va devenir plus intérieur, plus douloureux. Mais au Japon, la beauté de la saison des cerisiers en fleurs parvient souvent à effacer  les chagrins…

Ce film signé Elise Girard (Drôles d’oiseauxBelleville Tokyo ) aurait -il trouvé un  producteur si Isabelle Huppert ne l’avait accepté? Car c’est évidemment pour, et sur  elle, l’actrice intrépide d’un récent et controversé  Bérénice au théâtre, qu’il a été écrit. C’est d’ailleurs elle et cette façon unique qu’elle a d’aimanter le regard,  qui  constituent le principal intérêt de  ce film, car à bien y regarder, cette escapade au Japon qu’il propose n’est en fait qu’un prétexte pour voyager à travers le chatoiement des mille et un mystères de la comédienne.

Recommandation : 2 cœurs

Dominique Poncet

 

  • Agra, une famille indienne de  Kanu Behl-  Avec Mohit Agarwal, Vibha Chibber, Rahul Roy…

Guru (Mohit Agarwal) a une vingtaine d’années et vit dans la ville d’Agra, en Inde. Le jour où il annonce à sa famille son souhait de se marier avec la belle Mala (Ruhani Sharma) dont il est fou amoureux, il déclenche une vague de frustrations dont personne ne sortira indemne…

Remarqué avec son premier film Titli, une chronique indienne en 2014, Kanu Behl revient avec Agra, une famille indienne, son deuxième long-métrage de fiction présenté l’an passé au festival de Cannes à la Quinzaine des réalisateurs. Avec ce nouveau film, le cinéaste dresse un constat édifiant sur les failles de la société indienne. Dommage que le scénario se perde dans sa seconde partie avec plusieurs intrigues menées en parallèle.

 Recommandation: 3 cœurs

Antoine Le Fur

 

  • Drive-Away Dolls d’Ethan Coen- Avec Margaret Qualley, Géraldine Viswanathan, Beanie Feldstein…

1999. A la recherche d’un nouveau départ après une rupture qui l’a déboussolée, Jamie convainc son amie Marian  d’effectuer un road trip entre Philadelphie et la Floride. Pas de chance !  Les deux  héroïnes, qui revendiquent leur homosexualité ( débridée pour Jamie, plus coincée chez Marian), louent une voiture dont le coffre contient, dissimulée, une mallette destinée à un groupe de criminels. Une poursuite s’engage. Elle va être mouvementée…

Pour sa première réalisation en solo - mais en ce qui concerne l’écriture, il travaille désormais avec sa femme Tricia Cooke - Ethan Coen trousse une comédie d’action  dans la droite ligne des films qu’il signait avec son frère Joel (FargoThe Big Lebowski) . Elle est  drôle, burlesque, méchante, culottée (on y appelle un chat, un chat !), politiquement incorrecte  et déjantée, avec ce petit truc en plus, très à la mode : elle est ouvertement féministe. Résultat, même si sa narration est assez chaotique, on prend un plaisir fou à la regarder.  En lesbienne débridée  Margaret Qualley  est sensationnelle. Dans un second rôle, Matt Damon, est, pour sa part, jubilatoire .   

Recommandation : 3 cœurs

Dominique Poncet

 

  • Il pleut dans la maison de Paloma Sermon-Daï- Avec Makenzy Lombet, Purdey Lombet, Donavan Nizet…

Dans une campagne assommée par la canicule, Makenzy (Makenzy Lombet) et sa grande sœur Purdey (Purdey Lombet) sont livrés à eux-mêmes depuis le départ de leur mère. Alors que Purdey tente de joindre les deux bouts en travaillant comme femme de ménage dans un complexe hôtelier, Makenzy, de son côté, se fait un peu d’argent en volant les touristes de passage…

Remarquée avec son documentaire Petit samedi en 2020, la jeune réalisatrice Paloma Sermon-Daï peut se targuer, à seulement trente ans, d’avoir été admise en sélection lors de la dernière édition de la Semaine de la critique du festival de Cannes avec son nouveau film, Il pleut dans la maison. Une œuvre subtile sur la perte des illusions de la jeunesse, qui séduit autant qu’elle agace, en raison de son naturalisme poussé à l’extrême. Restent les performances des très cinégéniques Makenzy et Purdey Lombet.

Recommandation : 3 coeurs

Antoine Le Fur

 

  • Yurt de Nehir Tuna- Ave Doga Karakas, Can Bartu Arslan, Ozan Çelik…

Turquie 1996. Scolarisé dans une école privée laïque, Ahmet, 14 ans, est dévasté lorsque son père, fraîchement converti à l’Islam, l’envoie dans un pensionnat religieux (Yurt) pour le mettre sur le chemin de la pureté et de la droiture. Laïcité le jour, Islam rigoriste le soir : tiraillé, Ahmet ne sait bientôt plus où il en est. Son amitié avec un autre pensionnaire va  heureusement l’aider à se créer sa propre vision du monde, puis à l’imposer, malgré les remontrances de son père et les brimades endurées, le soir dans son pensionnat.

Pour son entrée dans la réalisation de longs métrages, le jeune réalisateur turc Nehir Tuna (qui a été formé au cinéma à l’Université de Columbia aux Etats-Unis) choisit de faire un film très personnel. A travers l’histoire d’ un adolescent, pris, en 1996, entre la laïcité et la religion (lui, sans aucun doute), il donne à faire ressentir les tourments d’un pays qui, cette année-là  nomma comme premier ministre un islamiste pour la première fois de son histoire. Outre son propos, intelligent et passionnant, ce qui frappe dans ce film, c’est sa force émotionnelle et sa très grande beauté formelle. Son culot aussi d’oser un magnifique noir et blanc avant de laisser la place à la couleur. Envoûtant,  ambitieux et poignant.  

Recommandation : 4 cœurs

Dominique Poncet

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