Infos & réservation
Et aussi
The substance de Coralie Fargeat - Avec Margaret Qualley, Dennis Quaid, Demi Moore, Hugo Diego Garcia….
Elisabeth Sparkle (Demi Moore) est animatrice d’une émission d’aérobic. Après des années de succès, elle est brutalement renvoyée car jugée trop âgée. Déprimée, cette vedette sur le déclin décide de s’injecter une mystérieuse substance censée générer une meilleure version d’elle-même. L’idée est séduisante. À condition de bien respecter certaines règles…
Après le très gore Revenge, la française Coralie Fargeat revient avec le non moins percutant The Substance. Prix du scénario lors du dernier Festival de Cannes, ce long-métrage inclassable offre une brillante réflexion sur la question de l’âge et du regard que la société porte sur les femmes. Une œuvre assez incroyable malheureusement gâchée par une dernière partie absolument grotesque et grandiloquente. Un demi-succès ou un demi-échec (c’est selon) avec une Demi Moore majestueuse pour son grand retour au cinéma.
Recommandation : 3 cœurs
Antoine Le Fur
L’Affaire Nevenka d’Iciar Bollain - Avec Mireia Oriol, Urko Olazabal, Lucia Veiga…
En 1999, Nevenka Fernandez, en fin d’études à Madrid, est approchée par Ismael Alvarez, le maire de la ville de Ponferrada, pour qu’elle se présente comme conseillère municipale. Elue, la jeune femme de 25 ans se retrouve propulsée responsable des finances de la ville. Le poste est un peu élevé pour elle, mais qu’importe, Alvarez la protège. Une liaison entre les deux s’engage. L’enfer va commencer lorsqu’elle rompt avec cet homme : ivre de son impunité, il ne va plus cesser de la harceler. Poussée à bout, elle finit par porter plainte. Un combat à la David contre Goliath s’enclenche…. Bien avant l’heure, ce sera le premier cas de MeToo politique en Espagne.
Proche de Ken Loach depuis qu’elle a tourné avec lui en 1995 Land and Freedom en tant qu’actrice, la réalisatrice espagnole Iciar Bollain (Même la pluie, Les Repentis (titre espagnol : Maixabel) s’est lancée depuis quelques années dans la voie d’un cinéma engagé. Témoin, une fois encore, ce film sur cette affaire de harcèlement sexuel qui avait défrayé la chronique espagnole et qui est tournée ici exclusivement du point de vue de la victime. Impeccable,
glaçant, tendu et ô combien utile, ce film est porté par deux acteurs irréprochables, Mireia Oriol et Urko Olazabal (qui avait obtenu le Goya de l’interprétation masculine pour Maixabel).
Recommandation: 4 coeurs
Dominique Poncet
A toute allure de Lucas Bernard - Avec Pio Marmaï, Eye Haïdara, José Garcia…
Lorsque Marianne (Eye Haïdara) rencontre Marco (Pio Marmaï), c’est le coup de foudre. Malheureusement, tous deux ont des métiers qui rendent compliquée cette idylle. Elle est officier de sous-marin tactique tandis que lui est steward. Mais pour Marco, rien n’est impossible et s’il le faut, il n’hésitera pas à partir à la recherche de sa belle par-delà les océans…
Remarqué avec son premier long-métrage Un beau voyou, Lucas Bernard continue dans le registre de la comédie élégante avec À toute allure. Baigné par les influences de Blake Edwards et Billy Wilder, le film ne séduit pas totalement en raison d’un scénario finalement assez mince que tente de cacher une mise en scène dynamique. Au final, le spectateur a surtout l’impression d’assister à un exercice de style que sauvent difficilement les prestations de Pio Marmaï et Eye Haïdara.
Recommandation : 2 cœurs
Antoine Le Fur
Louise Violet d’Eric Besnard - Avec Alexandra Lamy, Gregory Gadebois, Jérôme Kircher, Jérémy Lopez, de la Comédie-Française.
1889-Alors que la République française vient de rendre l’école gratuite, obligatoire et laïque, un petit village du fin fond de la campagne française voit débarquer une institutrice (Alexandra Lamy) dont la mission est d’imposer cette révolution éducative. Malgré sa patience, sa volonté et sa pugnacité, elle va se heurter à la réticence des habitants pour qui la place des enfants est plus utile aux champs que sur les bancs d’une école…
Pour son septième film, Eric Besnard (Délicieux, Le goût des merveilles…) aborde un thème qui lui est cher depuis toujours : celui du savoir et de l’éducation. Passionné d’Histoire, il le fait à travers le portrait fictif d’une de ces rares femmes qui ont bataillé pour imposer l’école républicaine jusque dans les coins les plus reculés de l’Hexagone. Pour camper sa Louise Violet ( appelée ainsi en hommage lointain à Louise Michel), il a fait appel à Alexandra Lamy. Énergique, empathique et sympathique, la comédienne, connue surtout pour ses comédies, fait merveille dans ce rôle dramatique. Dans le personnage du maire du village, Grégory Gadebois est, comme d'habitude, impressionnant de justesse. Très intéressant.
Recommandation : 3 coeurs
Dominique Poncet
I feel fine d’Auston Spicer, Hailey Spicer - Avec Elijah Passmore, Corin Nemec, Nandi Summers…
Ozzy Taylor (Elijah Passmore) est un adolescent qui a tout pour être heureux. Mais il souffre d’un trouble obsessionnel compulsif qui lui donne des idées noires. Obsédé par le suicide, le jeune homme tente de surmonter ses angoisses avec l’aide de sa famille et de ses proches…
Premier long-métrage du couple Hailey et Austin Spicer, I Feel Fine aborde le sujet grave mais terriblement actuel de la santé mentale. Malgré quelques maladresses de mise en scène, le film captive par son propos et révèle le talent de l’épatant Elijah Passmore. L’une des belles surprises cinématographiques de cet automne.
Recommandation : 3 coeurs
Antoine Le Fur
Au boulot de François Ruffin, Gilles Perret - Documentaire.
« C’est quoi ce pays d’assistés? de feignasses? » : sur le plateau de l’émission des « Grandes gueules », l’avocate ultra libérale Sarah Saldmann s’emporte et continue : « Quoi, le SMIC (1300 euros environ), c’est déjà pas si mal ! ». Présent sur le plateau, le député-cinéaste Francois Ruffin, interloqué, va proposer à la jeune femme d’aller à la rencontre de smicards pour qu’elle se rende compte de la réalité de leur vie. C’est le départ d’une sorte de tour de France filmé, au cours duquel François Ruffin va donner la parole à tous ces gens catégorisés de « la France d’en bas », dont la plupart ont galéré longtemps, avant de retrouver un travail. Face à eux, qui vont dire (parfois avec humour, souvent avec fierté) la réalité de leur vie, on va voir l’avocate s’essayer vaillamment à l’exercice de leur métier (livreur de colis, employé dans une usine de poisson fumé, auxiliaire de vie, etc..) quelques heures durant, et finir par convenir que, oui, tout ça n’est pas si facile…
Un documentaire sur la confrontation de deux mondes que tout oppose, les ultra-riches et les travailleurs les plus pauvres ? On pouvait craindre la caricature… C’était sans compter sur la finesse, l’intelligence et l’empathie de François Ruffin et de son co-réalisateur Gilles Perret. Les deux cinéastes (c’est leur troisième collaboration) ont trouvé le ton et la manière de donner la parole à ceux qui en sont d’habitude privés, sans jamais oublier d’insérer celle de Sarah Saldmann. Au final Au boulot se révèle être une tragi-comédie documentaire sur les héros anonymes du quotidien. C’est sincère, percutant, poignant aussi, avec des larmes (un peu) et des rires (beaucoup).
Recommandation : 3 coeurs
Dominique Poncet
Ajouter un commentaire