Willy 1er

De
Ludovic et Zoran Boukherma, Marielle Gautier, Hugo P. Thomas
Avec
Daniel Vannet, Romain Léger, Noémie Lvovsky, Robert Follet, Geneviève Plet, Eric Jacquet, Kiki, Lea Viller, Alexandre Jacques, Catherine Lefrançois.
Notre recommandation
4/5

Infos & réservation

Thème

Après le décès de son frère jumeau Michel, Willy, 50 ans, homme inadapté, traînant la jambe, à la gueule cassée, parlant avec un accent chtimi à couper au couteau, et au caractère  quelque peu cyclothymique, quitte ses parents pour vivre “sa” vie à Caudebec, Normandie, 9 kilomètres plus loin. Son rêve : avoir sa maison, son scooter et ses copains. Une femme aussi…

Points forts

- Sur un sujet touchant tout un chacun (transformer son destin en destinée), Willy 1erest un pur joyau de profonde humanité, adapté de la vie de Daniel Vannet, l’acteur incarnant Willy 1er.

- Sous couvert d’un faux-vrai biopic, étonnant d’unicité de ton alors qu’écrit et réalisé à quatre, il décline une cocasse  adaptation du très voltairien : pour être heureux, cultivons notre jardin. En effet, le héros agit de façon extraordinaire pour devenir “normal”, digne d’estime et parvenir à accepter la disparition de son frère qui le hante comme la sensation d’avoir été trahi.

- Les auteurs ont le bon goût, l’intelligence et le respect envers leur personnage comme envers le public de ne faire preuve d’aucun angélisme. La scène où Willy s’en prend à son assistante sociale car il veut vivre avec elle ou celle, au café, dans laquelle ses amis se moquent de lui avec un humour vachard en sont des exemples édifiants.

- L’amitié avec son double marginal, lui-même porteur d’un drame sentimental et de difficultés existentielles, apporte une “morale” en demi-teinte et néanmoins optimiste, rappelant  que s’émanciper, quel que soit son âge, c’est affaire de volonté et de regard que l’on porte sur le monde.

- Tout en étant naturalistes, les images sont très soignées et certains passages joliment onirique.

Quelques réserves

Bien que l’ensemble soit tiré d’un fait réel, certains pourront s’agacer de l’image que le cinéma donne, film après film, des gens du nord.

Encore un mot...

“En plus d’être une profonde source d’inspiration et un mélange de drame et de comédie dont on raffole au cinéma, le parcours de Daniel était pour nous une réjouissante promesse de revanche, de pied-de-nez au déterminisme. On a la vingtaine, on vient de la campagne, on réalise à quatre, c’est plutôt inhabituel et parfois c’est difficile à faire comprendre. Faire un film avec Daniel, comme un bras d’honneur au destin, c’était donc une perspective totalement réjouissante pour notre premier long métrage”. Cet extrait tiré d’un entretien des réalisateurs, résume à merveille ce qu’ils ont réussi avec un résultat d’une harmonie sidérante : une fable philosophique bienfaisante inspirée de la vie de l’acteur principal qu’elle honore avec tendresse quand tant d’autres auraient cru bon de prendre de la distance ou de s’exprimer avec une forme d’ironie voire de vulgarité. Un coup d’essai que l’on rêve avec impatience de voir confirmé d’autant que Daniel Vannet vit aujourd’hui sa vie à Caudebec (Haute-Normandie), renforçant la justesse du regard et du choix des réalisateurs.

Une phrase

 « À Caudebec, j’irai. Un appartement, j’en aurai un. Un scooter, j’en aurai un. Des copains, j’en aurai. Et j’vous emmerde ! ». Willy en quittant ses parents.

L'auteur

Ils sont 4 et forment un pluriel… singulier ! Sortis ensemble diplômés de la première promotion de l'École de la Cité, fondée par Luc Besson, ils ne se sont pas quittés, réalisant leurs courts-métrages et ce premier long de concert. Un parcours étonnant et très alléchant au regard des résultats puisque leurs réalisations ont étésélectionnées : leurs deux courts “Perrault, La Fontaine, Mon Cul !” (l’histoire d’un père illettré apprenant à lire dans l’espoir d’obtenir la garde de son fils) et “Ich bin eine Tata” (celle d’un professeur des écoles aimé de tous mais menant une double vie (homosexuelle) la nuit) au 37e festival de Clermont-Ferrand 2015 où ils ont étéprimés… et Willy 1er au 42ème Festival du Cinéma Américain de Deauville 2016 où il a reçu le prix Prix d'Ornano-Valenti créé pour aider à la reconnaissance, la promotion et l’exportation d’un premier film français. Il convient de rajouter qu’il a été nominé au Festival de Cannes 2016 où il était présenté par l’ACID. Un gage d’originalité et de qualité quand on sait que l’ACID (Association du cinéma indépendant pour sa diffusion) soutient la diffusion dans plus de 200 salles indépendantes d’une trentaine de longs métrages sélectionnés drastiquement, œuvre à la rencontre des auteurs de ces films avec le public et les accompagne dans les festivals en France et à l’étranger.

Pour la simple forme, réduite aux aguets tant les infos sont inexistantes du fait de leur “jeunesse”, sachez encore que :

- Né à Marmande en 1992, Ludovic Boukherma est scénariste et réalisateur tout comme Zoran Boukherma, lui aussi né à Marmande en 1992.

- Née à Nice en 1987, Marielle Gautier est scénariste réalisatrice.

- Hugo P. Thomas est scénariste et réalisateur.

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