Wonder Wheel

Du Woody Allen pur jus !
De
Woody Allen
Avec
Kate Winslet, Juno Temple, Justin Timberlake, James Belushi
Notre recommandation
4/5

Infos & réservation

Thème

Parce qu’il s’agit d’un drame intimiste proche du théâtre (on songe à Tennessee Williams), tout va se jouer dans un seul décor. Mais un décor grandiose, spectaculaire, panoramique, aux mille recoins, coloré comme un kaléidoscope. En l’occurrence, Coney Island, un parc d’attraction planté devant la mer, avec stands et attractions en tous genres, grande roue, manèges et buvettes à tout va.

Tout commence donc là, au début des années 50, dans ce vertigineux décor d’opérette.

Ginny, une ex-actrice reconvertie serveuse (Kate Winslet) traîne la nostalgie de sa carrière ratée auprès de son mari Humpty, un exploitant de manège (Jim Belushi). Mais voilà qu’un jour, elle croise Mickey, un séduisant maitre-nageur qui a pour ambition de devenir dramaturge (Justin Timberlake). Son cœur ne fait qu’un tour, son corps s’emballe, et la voilà qui revit et se reprend à rêver. Le drame la guette pourtant, qui va prendre l’allure d’une jeune femme (Juno Temple). C’est la fille de son mari. Poursuivie par des gangsters, elle est venue chercher refuge chez son père. Sa trajectoire va évidemment croiser celle de Mickey…

Points forts

- La séduction de cet imbroglio amoureux. Certes, les drames de l’amour sont innombrables dans l’histoire du cinéma et du théâtre. Mais celui-ci a un charme particulier, à la fois drôle et pathétique, simple et en même temps si complexe, tant il met en jeu de naïveté, de rêve et d’illusion. C’est du Woody Allen pur jus, inventeur d’histoire sans pareil et dialoguiste hors pair.

- Le charme de la distribution. Avec d’abord Kate Winslet, qui est Ginny. Dans ce rôle de femme désespérée, névrosée et qui tente de noyer son blues dans le charivari de la fête foraine, la comédienne est tout simplement magistrale. Elle restera comme l’une des plus grandes héroïnes « alléniennes ».

Ses partenaires sont magnifiques aussi. L’ancien chanteur de boys band, Justin Timberlake, confirme qu’il a  désormais sa place parmi les grandes  pointures du cinéma. Il est à la fois d’une grande justesse et d’une grande subtilité. Juno Temple a le charme, le sex-appeal, la naïveté et la fausse candeur de son personnage. Quant à Jim Belushi, son charisme crève l’écran. Son incarnation d’Humpty, à la fois violent et dévasté de tendresse, est bouleversante.

- La beauté de la photo. Délirante, changeante, acidulée, transfigurant le film, elle est signée Vittorio Storaro. Oscarisé pour Apocalypse now de Francis Ford Coppola, Reds de Warren Beatty et Le Dernier Empereur de Bernardo Bertolucci, ce chef opérateur d’origine italienne magnifie tant les œuvres dont il est le chef-opérateur, qu’il est question de le faire apparaître désormais comme co-auteur des films qu’il éclaire. C’est la deuxième fois qu’il éclaire un Woody Allen. 

Quelques réserves

- La raideur parfois excessive de la mise en scène. Un peu de liant que diable, Woody ! Vos scènes s’enchaînent parfois trop abruptement ! Et trop de « champ-contre champ » nuit au rythme du film.

- Votre fin laisse à désirer aussi. Vous laissez vos personnages en plan, et vos spectateurs aussi, qui risquent de sortir un peu frustrés.

Encore un mot...

Il tourne plus vite que son ombre. Ses réalisations tombent avec la régularité d’un métronome : un film par an ! Parfois même, il accélère, puisque, le prochain, A Rainy day in New York, devrait sortir dans les mois qui viennent. Alors comment fait-il pour qu’à chaque fois, ou presque, sa petite musique cinématographique nous charme autant ? Tous ses opus n’ont pas le même niveau de qualité. Parfois il transporte, parfois il déçoit, mais dans l’ensemble, Woody mérite bien ses fans clubs du monde entier.

Chic! Bien que sa réalisation soit un peu minimaliste, Wonder Wheel fait partie des bons opus « alléniens ». En plus, acteurs et lumières sont à tomber.

Une phrase

 « Qu’on se plonge dans les tragédies grecques ou qu’on lise Stendhal, Tolstoï ou Dickens, les relations amoureuses sont omniprésentes, car elles sont sources d’angoisses et de conflits. Elles font surgir des émotions et des situations, à la fois complexes, profondes, intenses, déroutantes et fortes. Je me suis toujours intéressé aux problèmes des femmes » (Woody Allen, réalisateur).

Une video

L'auteur

Ne le pensant pas assez intelligent pour devenir médecin, sa mère aurait voulu qu’il devienne pharmacien. Raté ! Non seulement Woody Allen, né  le 1er décembre 1935 à New York, n’est pas devenu un florissant patron d’officine, mais il a cumulé les métiers à risques : réalisateur, acteur, scénariste, humoriste, écrivain et même clarinettiste de jazz. Il a bien fait de s’opposer à sa mère (qui avait fini par changer d’avis) puisque, depuis une quarantaine d’années, il est devenu l’un des cinéastes américains les plus prolifiques et aujourd’hui, l’un des plus célébrés dans le monde.

Parmi la cinquantaine de films qu’il a réalisés, Prends l’oseille et tire-toi (1969),  Annie Hall, en 1978, qui raflera deux oscars, Hannah et ses sœurs qui en obtiendra un en 1987 et Minuit à Paris qui lui en vaudra un troisième…

A plus de quatre-vingt ans, le cinéaste déclare déborder de projets. Il est sur les starting-blocks pour entamer un nouveau tournage. Mais  il se pourrait que, rattrapé par des rumeurs d’abus sexuels sur sa fille adoptive, ses projets soient, sinon arrêtés, du moins mis au point mort.

Et aussi

« LES TUCHE 3, LIBERTÉ, EGALITÉ, FRATERNITUCHE  » d’OLIVIER BAROUX.

Jamais deux sans trois !

Débarquée tout droit de son Bouzolles natal, la famille Tuche avait déboulé pour la première fois au ciné le 1er septembre 2O11. Causant un certain émoi dans le Landerneau cinématographique. Sur les écrans français, on n’avait encore jamais oser montrer une famille comme celle-là : le père, Jeff, cheveux « moussus », accent d’un « ch’ti indéfini » à couper au couteau (Jean-Paul Rouve), la mère, Cathie, (Isabelle Nanty), une blonde permanentée, moulée dans  des robes à faire cauchemarder les grands couturiers, et leurs enfants, Stéphanie, Wilfried et Donald, tous les trois gratinés, chacun dans leur genre. Plus plouc, plus beauf, plus gentille, plus naïve, on n’avait encore jamais vu une famille comme celle-là. Elle avait gagné une somme folle au loto et venait la dépenser dans l’endroit le plus huppé du monde, c’est-à-dire, Monaco. Cinq ans après, on la retrouvait  en Amérique pour de nouvelles aventures qui furent  suivies par 4,5 millions de spectateurs.

Parce que, bien sûr, rien ne les arrête, on retrouve aujourd’hui  les Tuche à l’Elysée, au sommet de l’Etat. Et ça vaut son pesant d’or, parce que question bourdes, étalage, provoc involontaire et absence totale de complexes, ils ne changent pas, ceux-là. Question cœur et grands sentiments, non plus ! Car sous leurs allures de Bidochon, bouffeurs de frites invétérés, qu’est-ce qu’ils charrient comme amour et comme gentillesse ! Jamais une mesquinerie, jamais une méchanceté, bien au contraire,  une générosité et une bienveillance à tout casser. Pas la peine de chercher pourquoi le nombre de leurs fans ne cesse de grossir.

Il ne faut donc pas être grand clerc pour deviner que ce nouveau volet de leurs aventures (le plus abouti des trois) va cartonner. C’est toujours  Olivier Baroux qui est aux manettes de la réalisation. Et le moins qu’on puisse dire, c’est qu’il semble de plus en plus à son affaire !

RECOMMANDATION : EXCELLENT

 

«  GASPARD VA AU MARIAGE » d’ANTONY CORDIER

Après des années d’absence, Gaspard, un trentenaire un peu décalé (Felix Moatti) revient dans le zoo familial où il a passé son enfance et où on l’attend pour le remariage de son père. Pour ne pas affronter seul le choc de ce retour, il convainc une jeune femme, rencontrée dans le train, de l’accompagner et de jouer le rôle de sa fiancée (Laetitia Dosch). Quand cette dernière arrive dans la famille, elle tombe des nues : Coline, la sœur adorée  de Gaspard (Christa Théret) se balade affublée d’une peau d’ours avec laquelle elle adore de frotter aux arbres ; Max, le père est un don Juan invétéré, doublé d’un original qui se plonge à poil dans un aquarium rempli de ces petits poissons qui raffolent des peaux mortes. Quant à Virgil, son frère (Guillaume Gouix), il compense son désespoir en se délectant de  l’exubérance des tatouages de sa fiancée…

On l’a compris, c’est un film joyeusement « décalé » que  nous propose ici  Anthony Cordier. Mais pas seulement. Sous sa loufoquerie délibérée, qui frôle parfois le surréalisme, Gaspard va au mariage est une métaphore sur la disparition d’un monde, où la sentimentalité et la liberté d’être font faire place à la rentabilité  et à l’individualisme.

Audacieuse, burlesque, d’un humour désenchanté aussi, voilà une comédie qui sort des sentiers battus. Elle est, en outre, très finement réalisée et portée par une distribution impeccable, ce qui ajoute encore à son charme.

RECOMMANDATION : EXCELLENT

 

« SPARRING » de SAMUEL JOUY.

 A quarante ans, et malgré une vie de famille heureuse, Steve Landry  (Mathieu Kassovitz) n’a pas l’existence facile. Sa carrière de boxeur, qu’il s’apprête à quitter, n’a jamais décollé (33 défaites pour seulement 13 victoires) et financièrement, il tire le diable par la queue. Un jour, on vient lui proposer de devenir le sparring-partner  d’un grand champion (Souleymane M’Baye), autrement dit, de se transformer en punching-ball. Pour offrir à sa fille le cadeau de ses rêves, Steve accepte…

Contrairement à ce qu’on pourrait le supposer, Sparring n’est pas un film sur l’univers de la boxe. C’est un film intimiste sur un  homme qui a choisi d’être boxeur. Pas une pointure, disputant des matches spectaculaires avec cachet élevé à la clef, mais un de ces tâcherons du ring, qui, pour un salaire de misère, prennent plus de coups qu’ils n’en donnent et sortent de leurs entraînements en ravalant leur fierté, plus sonnés psychologiquement que physiquement.

Pour son premier long métrage, Samuel Jouy réussit un film trois étoiles. Alternant avec beaucoup d’habileté,  scènes de combat et scènes familiales qu’il filme au plus près, il dit toute sa tendresse et toute son admiration  pour ces sans-grade d’un sport qu’on a élevé au rang d’ « art noble » mais  qui, dans la réalité, en plus d’être dangereux, implique de la part de celui qui l’exerce beaucoup d’abnégation et de volonté.

C’est Mathieu Kassovitz qui incarne Steve. Boxeur amateur, il avait repris les gants pour ce rôle. Il y est prodigieux d’intensité, de réalisme, de courage et de tendresse.

RECOMMANDATION : EXCELLENT

 

« CENTAURE » d’AKTAN ARYM

Dans un petit village du Kirghizistan, Centaure, un ancien voleur de chevaux, mène désormais une vie paisible auprès de sa femme et de son petit garçon auquel il raconte les légendes du temps passé quand les hommes et les chevaux ne faisaient qu’un. Mais voilà qu’un jour, se produit une nouvelle disparition de pur-sang. Le village est sans dessus-dessous…

Dans des paysages d’une beauté époustouflante, voici une fable  humaniste, sensuelle et singulière, conçue comme une ode à la liberté, qui dénonce la folie et la méchanceté des hommes, et aussi les ravages du basculement des pays vers la modernité. Avec ce que cela implique d’égoïsme, d’individualisme et d’abandon des traditions. Le réalisateur, à qui l’on doit notamment le sublime Voleur de Lumière, en profite pour dénoncer au passage les effets désastreux du fanatisme religieux. Lyrique, épique, somptueux. Quelle belle chevauchée !

RECOMMANDATION : EXCELLENT

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