ELEPHANT MAN

Porté par un trio d’acteurs exceptionnels -Anthony Hopkins, John Hurt et John Gielgud-, l’un des films humanistes les plus déchirants de l’histoire du cinéma et formellement, l’un des plus audacieux…
De
DAVID LYNCH
Sortie vidéo DVD, Blu-ray- Version restaurée 4K supervisée par David Lynch - Editions Studiocanal
Bonus vidéo : Questions/ réponses avec le producteur Jonathan Sanger (inédit, 24’); Interview avec Frank Connor, photographe (inédit, 25’, VSOT)
Mise en scène
ANTHONY HOPKINS, JOHN HURT, JOhN GIELGUD…
Notre recommandation
5/5

Infos & réservation

Thème

Londres,1884. Jeune et brillant chirurgien, Frederick Treves (Anthony Hopkins), découvre dans une baraque foraine un homme difforme et complètement défiguré (John Hurt) qu’on exhibe quotidiennement comme un animal devant des publics avides de sensations fortes. Né John Merrick, cet homme, encore jeune, a été surnommé «  Elephant Man car sa mère aurait été renversée par un éléphant alors qu’elle était enceinte de lui. Bouleversé, le docteur Treves rachète ce « monstre » à son propriétaire,  Monsieur Bytes ( John Gielgud), un homme violent qui l’humilie en le donnant en spectacle, et il le recueille à l’hôpital pour étudier son cas. Alors qu’il pense que son nouveau patient est un idiot congénital, Treves va découvrir en John Merrick un homme meurtri, intelligent et doté d’une grande sensibilité. Il va le présenter à sa femme…

Points forts

-Le scénario. Inspiré des mémoires du docteur Frederick Treves, il retrace la vie et le calvaire de John Merrick, un jeune londonien atteint du très rare syndrome de Protée et qui, avant d’être recueilli à l’hôpital, avait été « exhibé » de longues années comme un « animal de foire ». Quand  David Lynch lit le script, il se propose immédiatement pour le tourner. «  Ce qui m’a plu, déclara-t-il, c’est d’abord John Merrick, le personnage de l’homme éléphant. Il était si étrange, si merveilleux, si innocent. Ce qui m’intéressait aussi, c’est la révolution industrielle. Toutes les images d’usines me rappelaient les excroissances sur le corps de Merrick ».

-Le choix du noir et blanc, qui se révélera idéal parce qu’il colle à l’atmosphère du Londres de l’époque victorienne où se déroule l’histoire, un Londres noyé dans le brouillard et les fumées rejetées par les petites industries et échoppes éparpillées dans la ville.

-Le climat installé par Lynch, qui distille dans un même élan, mystère, suspense, menace et effroi.
Dans ce mélodrame sans précédent, la monstruosité côtoie la beauté, la cruauté se confronte à l’innocence, le réalisme se teinte de poésie. Au fond, ce que Lynch cherche ici  à rendre tangible, c’est l’effroyable complexité de la condition humaine, et aussi son insondable fragilité.

-L’interprétation.Tous les comédiens sont remarquables. De John Hurt, méconnaissable en Elephant Man sous son impressionnant maquillage ( se transformer en « monstre » prenait au comédien, chaque jour, huit heures de son temps et l’obligeait à se nourrir à la paille) à John Gielgud, effrayant d’inhumaine cruauté dans son rôle de Monsieur Bytes, en passant bien sûr par Anthony Hopkins qui trouve dans son personnage de Treves, l’une des prestations les plus éblouissantes de sa carrière. La scène dans laquelle il prend la mesure de la souffrance morale  de John Merrick est inoubliable.

Quelques réserves

Je n’en vois aucun.

Encore un mot...

« Je ne suis pas un éléphant, je ne suis pas un animal, je suis un être humain, je suis un homme »…Cette phrase, qui compte parmi les plus déchirantes du cinéma dit tout du bouleversement qui saisit le spectateur, pratiquement dès les premières images du film, sans jamais le lâcher jusqu’à la fin. Car il est impossible de rester insensible à ce film humaniste, inspiré d’un fait réel, à la fois réaliste par la reconstitution minutieuse d’un Londres noyé de « fog » et en même temps, onirique par la façon dont David Lynch joue ici avec le noir et blanc. Un parti-pris qui apporte  au film la « distance » nécessaire pour supporter l’inhumanité et la misère relatées ici. Cruel, noir, et en même temps, si pudique et si compassionnel, ce film, le deuxième de David Lynch, valut à son réalisateur son premier succès public. Quarante ans après sa sortie, devenu culte, il reste comme un Ovni dans l’œuvre du cinéaste. Sa ressortie en DVD, Blu-ray permet de le redécouvrir dans une version magnifiquement restaurée. Exceptionnel.

Une phrase

« Ce qui est arrivé avec le film est similaire à ce qui est réellement arrivé à John Merrick : les gens ont commencé à le connaître et l’aspect extérieur a fini par disparaître ; ils ont découvert qu’ils aimaient ce qu’il portait en lui. En fait, cela arrive avec n’importe qui dans la vie de tous les jours, il arrive qu’on découvre quelqu’un après avoir été rebuté par son apparence. L’homme éléphant est juste une extension dramatique de cette situation » ( David Lynch au journal Le Monde en 1981).

L'auteur

Né le  20 janvier 1946 à Missoula dans le Montana, David Lynch est l’un des artistes américains les plus novateurs et les plus éclectiques d’aujourd’hui puisqu’il est cinéaste, scénariste, photographe, musicien, peintre, designer et vidéaste. Auteur de 10 longs métrages sortis entre 1977 et 2006 , ainsi que de la série télé Twin Peaks (1990-91, puis 2017), il a été nommé aux Oscars du cinéma comme meilleur réalisateur pour Elephant Man (1980), Blue Velvet (1986) et Mulholland Drive (2001).  S’il est toujours reparti bredouille de ces cérémonies américaines- sauf en 2020 où on lui a donné une statuette pour l’ensemble de sa carrière-, il a reçu la Palme d’Or au Festival de Cannes en 1990 pour Sailor et Lula  et un Lion d’Or d’honneur à Venise en 2006, également pour l’ensemble de sa carrière.

Son style, reconnaissable entre mille, se caractérise par l’onirisme et parfois aussi, par la violence de son imagerie, également par la méticulosité qu’il apporte à ses bandes sons, souvent de véritables petits chefs-d'œuvre. 

En 2007, un panel de critiques réunis par The Guardian a placé en tête d’une liste de 40 réalisateurs celui que la journaliste Pauline Kael  (Los Angeles Times) a qualifié en 2018 de « premier surréaliste populaire » et le site AllMovie, d’ « homme-orchestre du cinéma américain moderne ». 

Absent des radars depuis la diffusion, en 2017, de la troisième saison de Twin Peaks, le David Lynch cinéaste a fait un retour inattendu sur Netflix avec What Did Jack Do ?, un court métrage jusque là inédit et dans lequel il apparait dans la peau d’un enquêteur faisant subir un interrogatoire à un singe soupçonné de meurtre. Une loufoquerie  de 17 minutes dans l’attente d’un projet plus important avec la plate-forme américaine? La question est à ce jour sans réponse.

Et aussi

-TOTAL RECALL de PAUL VERHOEVEN- Avec ARNOLD SCHWARZENEGGER, RACHEL TICOTIN, SHARON STONE, MICHAEL IRONSIDE…

La Terre, en 2048. Hanté par un cauchemar qui l’entraîne chaque nuit sur la planète Mars, Doug Quaid (Arnold Schwarzenegger) s’adresse à un laboratoire, Rekall, qui lui offre de matérialiser son rêve grâce à un puissant hallucinogène. Mais l’expérience dérape : la drogue réveille en lui le souvenir d’un séjour bien réel sur Mars, à l’époque où il était l’agent le plus redouté du despote martien Vilos Cohaagen. Quaid décide de repartir sur la planète rouge où l’attendent d’autres dangers…

Trois ans après Robocop (1987), Total Recall  célébrait  les retrouvailles de Paul Verhoeven avec la science- fiction. A la fois ultra-violent et bourré d’humour, implacable et sensuel, jouant sans arrêt entre le rêve et la réalité, ce film d’anticipation adapté d’une nouvelle de Philip K. Dick et d’une inventivité très maîtrisée, est devenu culte. En l’évoquant, Arnold Schwarzenegger, qui joue son héros, dira que c’est « Star Wars, Les Aventuriers de l’Arche perdue et Batman en un seul film ». Nombreux seront d’ailleurs les réalisateurs qui s’en inspireront, à l’instar de Satoshi Non ( Paprika) ou de Christopher Nolan ( Inception). Ce spectaculaire chef-d’œuvre futuriste, dont Paul Verhoeven affirme - sans doute à juste titre- qu’il est le « premier film post-moderne », ressort cette semaine dans une nouvelle restauration 4K. Sublime et  scotchant .

Recommandation : En priorité.
Réédition simple de la version Steelbook parue en 2020 -Editions Studiocanal.
Bonus vidéo :
Open your mind, la musique de Total Recall (18’); Dreamers within the Dream, la genèse de Total Recall (7’) ; Commentaire audio de Paul Verhoeven et Arnold Schwarzenegger.

 

- A BOUT DE SOUFFLE  de JEAN-LUC GODARD- Avec JEAN-PAUL BELMONDO, JEAN SEBERG, DANIEL BOULANGER…

Jeune voyou insolent, Michel Poiccard vole une voiture à Marseille pour se rendre à Paris. Mais en route, lors d’un contrôle, il tue un policier qui le poursuivait. A Paris, il retrouve sur les Champs Elysées Patricia, une jeune américaine qui vend le New York Herald Tribune (Jean Seberg). Il lui propose de le suivre en Italie…

Quand il sortit sur les écrans en 1960, A bout de souffle fut comme un pavé dans la mare du cinéma français. Libre, spontané, comme improvisé, il tournait le dos à la tradition du film hexagonal et  semblait swinguer, comme un air de jazz, porté par la gouaille insolente de Jean-Paul Belmondo et la fausse ingénuité de Jean Seberg. Ses cadrages étaient inédits et sa bande-son, d’une richesse folle. A la photo, Raoul Coutard avait fait des merveilles, et au montage, Cécile Decugis, des prouesses. Prix Jean Vigo 1960 et Ours d’Argent à Berlin la même année,  A bout de Souffle, qui était le premier film d’un réalisateur de 30 ans  nommé Jean-Luc Godard, allait vite devenir un des films fondateurs de ce qu’on appela la Nouvelle Vague.

A l’heure où le réalisateur franco-suisse, qui a maintenant 90 ans, annonce prendre bientôt sa retraite, la réédition de son œuvre première sonne comme un hommage. C’est tant mieux : A bout de souffle n’a pas pris une ride.  

Recommandation : Excellent
Réédition simple de la version restaurée Collector parue en 2020 à l’occasion du 60ème anniversaire du film - Editions Studiocanal.
Bonus vidéo :
Toujours pas …A bout de souffle ( 33’);  Introduction par Colin MacCabe (5’); Chambre 12, Hôtel de Suède (79’); Godard Episode Tempo (17’); Interview de Jefferson Hack (8’); Nouvelle bande-annonce.

 

-30 JOURS MAX de TAREK BOUDALI- Avec TAREK BOUDALI, PHILIPPE LACHEAU, JOSÉ GARCIA, MARIE-ANNE CHAZEL…

Rayane (Tarek Boudali) est un jeune flic trouillard et maladroit sans cesse moqué par les autres policiers. Lorsque son médecin lui apprend (à tort) qu’il ne lui reste plus que 30 jours à vivre, il comprend alors que c’est sa dernière chance de devenir un héros au sein de son commissariat et d’impressionner sa collègue Stéphanie. L’ancien craintif va se transformer en tête brûlée et prendre tous les risques pour coincer un gros caïd de la drogue (José Garcia)…

Quand un pilier de la  bande à Fifi (Philippe Lacheau, l’heureux auteur-réalisateur de Babysitting et de Alibi.com) se lance dans une comédie, c’est presque à coup sûr qu’elle fera un tabac. 30 jours max, signé Tarek Boudali, n’a pas fait exception à la règle. A l’automne dernier, en une semaine d’exploitation, ce long métrage joué à cent à l’heure et bien dans l’esprit de la bande (blagues potaches et délires à tout va)  avait engrangé 500 000 entrées. 15 jours plus tard, il avait dépassé le million, réussissant l’exploit d’être le deuxième film le plus vu depuis la réouverture des salles le 22 juin dernier, après Tenet de Christopher Nolan. On se demande quelle aurait été sa carrière si le confinement du 30 octobre dernier ne l’avait pas stoppée net ! Enrichi d’une interview de son auteur-réalisateur-interprète, Tarek Boudali, ce film « phénomène » sort en DVD, blu-ray  ce …1er avril !  Exclusivement réservé aux amateurs de films à l’humour régressif et/ou aux inconditionnels de la bande à Fifi.

Recommandation : Bon
Sortie vidéo DVD, Blu-ray - Editions Studiocanal
Bonus vidéo : 20 minutes max, interview de Tarek Boudali (20’)

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