QUELQUES FILMS SUR NAPOLÉON : L’Empereur a inspiré environ 700 films, du plus hagiographique au plus critique. En voici quelques-uns parmi les plus réussis– NAPOLÉON

Une des fresques les plus ambitieuses sur un « petit Caporal » devenu Empereur
De
SACHA GUITRY
Coffret de deux DVD (première et seconde époque) – Editions René Château -
Pas de bonus vidéo.

Avec
vec RAYMOND PELLEGRIN, DANIEL GÉLIN, JEAN GABIN, SACHA GUITRY, DANIELLE DARRIEUX…
Notre recommandation
4/5

Infos & réservation

Thème

En 1821, Talleyrand (Sacha Guitry) apprend la mort de l’Empereur à qui il vouait une authentique admiration. Pressé par un auditoire de curieux, il accepte de rendre hommage à celui qu’il vénérait en retraçant sa carrière, son génie stratégique mais aussi les principaux épisodes de sa vie guerrière et amoureuse.

De sa naissance, à Ajaccio le 15 août 1769, à sa mort, le 5 mai 1821 sur l’Île de Sainte-Hélène, en passant par sa rencontre avec Joséphine de Beauharnais, ses campagnes, son sacre, et sa défaite à Waterloo… l’une des plus riches évocations de la vie de celui que ses soldats surnommèrent un temps « le petit Caporal » avant qu’il ne se fasse sacrer Empereur.

Points forts

Le luxe et le raffinement du film. Guitry, qui vénérait Napoléon, n’avait eu de cesse de décrocher  un budget qui lui permettrait de rendre, à son idole, un hommage à la hauteur de son admiration. Cela, pour  tout dévoiler de lui, retracer son épopée dans ce qu’elle avait eue de plus spectaculaire, mais aussi de plus intime. Les 600 millions obtenus ont été bien employés. Le scénario n’occulte aucun épisode de la vie, riche et mouvementée de l’Empereur et la mise en scène est fastueuse.

 La distribution est un régal, qui réunit Daniel Gélin dans le rôle de Bonaparte, Raymond Pellegrin dans celui de Napoléon et Sacha Guitry “himself” dans le rôle de Talleyrand. Yves Montand est le Maréchal Lefebvre ; Jean Gabin, Lannes ; Orson Welles, Sir Hudson Lowe et Erich von Stroheim, Beethoven. La distribution féminine n’est pas mal non plus : Michèle Morgan prête ses traits à Joséphine de Beauharnais, et Danielle Darrieux les siens à Eléonore Denuelle. 

Quelques réserves

– Le ton, par moments, est beaucoup trop théâtral (mais il faut dire que c’était la mode !).

– La seconde partie du film est un peu trop hagiographique et sa scène finale, un peu trop larmoyante.

– Il y a aussi, ça et là, disséminées dans le film, des erreurs historiques que des spécialistes vigilants se sont empressés de dénoncer. Mais, à la décharge de Guitry, on se doit de dire que presque tous les films de fiction consacrés à Napoléon en comportent.

Encore un mot...

Prétendre que le Napoléon de Guitry est le film le plus « pointu » qui ait jamais été tourné sur lui serait inexact. Affirmer par ailleurs qu’il est parmi les plus réussis du réalisateur le serait aussi, car le grand Sacha en signa des bien meilleurs (Le Diable boiteux, Si Versailles m’était conté…). Mais tout de même, on doit à son Napoléon de compter parmi les films les plus ambitieux sur l’homme, qu’il fut, parmi les films les plus populaires aussi… Quand il l’écrivit, l’objectif de Guitry était d’arriver à faire une œuvre qui ferait, sinon aimer, du moins connaître au grand public, une figure historique dont le destin le fascinait, lui. Au vu de la curiosité que cette œuvre suscite depuis sa création, on peut dire qu’il a mis dans le mille.

Une phrase

« Faites semblant de demander aux autres leur avis, parce que la politesse est une chose exquise » ( Napoléon, dans le Napoléon de Sacha Guitry).

L'auteur

Né le 21 février 1885 à Saint-Pétersbourg d’un père et d‘une mère acteurs, Alexandre Guitry, dit Sacha Guitry, fut l’un des plus brillants créateurs français de son époque. Scénariste, réalisateur, librettiste, acteur et dramaturge, on lui doit cent-vingt-quatre pièces de théâtre dont beaucoup connurent et font encore d’immenses succès : Mon père avait raison (1920), Désiré (1928), Faisons un rêve (1934), Quadrille (1954), et aussi trente-six films, dont dix-sept adaptations de ses pièces, où cet acteur-né aimait le plus souvent à se réserver un rôle.

Grâce à son père qui dirige le théâtre de la Renaissance, il entreprend d’abord une carrière de comédien, mais il s’affirme très vite dans l’écriture. Sa plume est étincelante, son esprit, acerbe, sa culture, immense, et sa facilité, désarmante. Le public va vite l’adorer. Sa méthode, qu’il utilisera plus tard au cinéma ? S’approprier les règles et les codes d’un genre pour les détourner et les plier à son propre style.

Comprenant que le cinéma va lui permettre de pérenniser ses pièces, il en adapte quelques-unes pour le grand écran. Après la guerre, suspecté- à tort- d’avoir été complaisant avec l’occupant allemand, il fait un peu de prison… Le ton de ses créations devient mélancolique et désabusé. On finit par lui demander de grosses productions historiques dont Si Versailles m’était conté et Napoléon, des fresques brillantes, truffées de mots d’esprit, et portées par des distributions prestigieuses.  En 1957, très affaibli par la maladie, il écrit et réalise son dernier film, Les Trois font la paire en 1957, avec, en tête d’affiche, Michel Simon et Sophie Desmarets. Il meurt d’un cancer la même année chez lui, à Paris, dans son hôtel particulier de l’avenue Elisée-Reclus.

Et aussi

 

–  NAPOLÉON  d’YVES SIMONEAU (2002) – Avec CHRISTIAN CLAVIER, ISABELLA ROSSELLINI, JOHN MALKOVICH, GÉRARD DEPARDIEU…

Basé sur le roman de Max Gallo dont il respecte la division en quatre parties, ce Napoléon signé Yves Simoneau n’est pas un film mais une mini-série historique. En quatre épisodes de 100 minutes, il  retrace l’histoire d’un Général devenu d’abord consul à la suite d’un coup d’Etat, puis Empereur des Français, en 1804, à la demande du Sénat. Très respectueuse de l’esprit du roman, cette série, dont le scénario est signé Didier Decoin, présente un Napoléon assez éloigné des idées reçues, plus humain et parfois même manipulé par son entourage.

Ce Napoléon au coût de production « pharaonique » a d’abord été diffusé en 2002 sur le petit écran, pour lequel il avait été d’ailleurs conçu. Devant son succès, France Télévision l’a ensuite édité en DVD. Depuis, il fait non seulement le bonheur des fans du grand homme, mais aussi celui des amateurs d’Histoire. Tout y est, ou presque. Tout est vrai, ou presque. Superproduction européenne à gros budget, la série est somptueuse, tant au niveau des décors, des maquillages, des costumes , et des reconstitutions ( les scènes de batailles sont particulièrement réussies ). Le casting, international, intègre des pointures comme Isabella Rossellini, Anouk Aimée, John Wood, John Malkovich et Gérard Depardieu. Et surtout, l’ensemble est porté, par le comédien qui incarne le rôle-titre, Christian Clavier. On sent que l’acteur a été inspiré par son personnage. Il développe ici une impressionnante palette de jeu. Pas de bémol ? On peut regretter que l’écriture soit un peu plate en regard de la complexité du personnage-titre. Mais, malgré tout, quelle passionnante série! 

Recommandation : Excellent
Sortie double DVD ( 4 épisodes de 96 minutes- Editions France Télévisions.
Pas de bonus vidéo.

 

- NAPOLÉON d’ABEL GANCE - Avec ALBERT DIEUDONNÉ, GINA MANÈS, EDMOND VAN DAËLE, ANTONIN ARTAUD…

Chef d’oeuvre « gargantuesque » du cinéma muet, ce Napoléon est aussi une oeuvre inachevée puisqu’à cause de son ambition monumentale, il fut imas de bonus vidéopossible à son réalisateur d’en venir à bout…

Il était une fois, au début des années 20 un cinéaste nommé Abel Gance qui veut rendre hommage à la grandeur de l’Empereur. Pour ce faire, il envisage une série de six longs métrages, les écrit et commence à tourner. Quand il a achevé le premier épisode, pour lequel 18 caméras auront mouliné 450 kilomètres de pellicule, il est exsangue. Financièrement, physiquement et psychologiquement. En outre, monté, ce premier opus dure 5 heures. Malgré une projection privée triomphale, les distributeurs le jugent inexploitable tel quel. Il ne cessera plus d’être raccourci et remonté. A un tel point qu’il en a circulé 19 versions dont une sonorisée en 1935 sous le nom de Napoléon Bonaparte, et une autre, produite en 1971 par Claude Lelouch. Malgré plusieurs restaurations de toute cette pellicule éparpillée, ce « classique » semblait condamné à ne jamais retrouver son lustre initial.

En 2007, la Cinémathèque entreprend de le lui rendre. Le patient et minutieux travail nécessaire à sa restauration n’est pas encore tout à fait prêt. Mais, c’est sûr, la sortie de sa nouvelle version sera un des plus gros évènements cinématographiques de l’année.

En attendant les amateurs peuvent se régaler avec l’autre épisode de l’épopée napoléonienne tourné par Abel Gance, Austerlitz qui relate, avec une force visuelle hypnotique, la vie de l’Empereur depuis la signature de la paix d’Amiens jusqu’à la bataille d’Austerlitz. Dans le rôle de l’Empereur, Pierre Mondy s’y montre… impérial. Avant de sortir en DVD, ce film connut un beau succès au box office puisqu’il réalisa plus de 3 millions d’entrées. Les fans continuent de le recommander.

Recommandation : En priorité
Sortie DVD D’AUSTERLITZ – Editions Studiocanal.

 

–  MONSIEUR N  d’ANTOINE DE CAUNES (2003) – Avec PHILIPPE TORRETON, ELSA ZYLBERSTEIN, JAY RODAN…

En 1840 à Paris, le général anglais Heathcote assiste au retour des cendres de l’Empereur aux Invalides. Il se souvient du temps où, jeune lieutenant à Sainte-Hélène, il vit Napoléon (Philippe Torreton) livrer son ultime bataille en endurant sa réclusion, entouré de ses proches, fidèles ou intéressés…

Dès la première image, ce Monsieur N. étonne par sa beauté et sa justesse. Conçu comme une enquête policière sur un scénario signé René Manzor, il tente de répondre à plusieurs questions dont celle-ci, qui s’est longtemps posée, de savoir si Napoléon est bien mort à St Hélène.  Mais on s’aperçoit vite qu’au fond, il importe peu que les réponses apportées soient réelles ou imaginées. L’essentiel du film est ailleurs, dans la façon dont Antoine de Caunes a réinventé l’intimité de l’Empereur déchu : avec un charme fou et une belle assise historique. Le film doit aussi beaucoup à l’interprétation de Philippe Torreton. Le comédien a osé incarner un Napoléon inédit, sans emphase, humain, mystérieux.

Recommandation : Bon
Sortie DVD- Editions Pathé
Pas de bonus vidéo.

 

- ADIEU BONAPARTE de YOUSSEF CHAHINE ( 1985) – Avec PATRICE CHÉREAU, MICHEL PICCOLI…

En 1798, le général Bonaparte est envoyé en Egypte pour couper les routes commerciales des Anglais. Il est accompagné du général Caffarelli, un militaire atypique, sensible et spirituel. Plutôt pacifiste, Caffarelli, tombé amoureux de l’Egypte, va tenter de s’opposer à l’action destructrice de Bonaparte.

Quel drôle d’objet cinématographique que cet Adieu Bonaparte ! Youssef Chahine est tellement à son envie chaleureuse de faire découvrir son pays en tournant cet épisode de l’épopée napoléonienne qu’il en oublie le montage ! Le résultat est ce film, magnifique de solarité et d’humanisme, mais en même temps, par moments, assez hermétique, tant le cinéaste passe du coq à l’âne !

On le recommandera quand même pour la sympathie qu’il dégage, pour la beauté de ses images, pour le dépaysement qu’il procure, pour l’histoire qu’il narre ( la campagne d’Egypte, rarement traitée sur grand écran) et aussi pour le magnifique duo Piccoli (Caffarelli)/ Chéreau (Bonaparte). Une vraie curiosité.

Recommandation : Bon
Sortie DVD Blu-ray, 2018 – Editions TF1
Bonus vidéo :  Bonaparte-Chahine, journal de campagne (30’) ; bande-annonce originale (2’33’’).

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